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Syngue sabour, pierre de patience - 6/10

Par Aelezig

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Un film de Atiq Rahimi (2013 - France, Allemagne, Afghanistan) avec Golshifteh Farahani

Edifiant, mais trop lent.

L'histoire : Kaboul, Afghanistan. Guerres fratricides, les bombes explosent, les tirs ne cessent jamais. Une jeune femme (que l'on appelera Golshifteh, comme l'actrice, car elle n'a pas de prénom dans le film) soigne son mari, dans le coma, depuis qu'il a reçu une balle dans la nuque. Il respire toujours mais ne montre aucun autre signe de vie. Golshifteh est désespérée, sans amis, sans famille, sans argent... Elle ne peut pas acheter de médicaments pour son époux, ni de nourriture et d'eau pour ses filles. Elle parle sans cesse à son mari, le suppliant de guérir, lui racontant ses tracas quotidiens, ses peurs, ses angoisses, et bien d'autres choses...

Mon avis : Voilà du cinéma qui ouvre les yeux et la cervelle. Ca fait du bien. Dépaysant et didactique. Impressionnant aussi, parce que nous n'avons de ce pays que l'image que nous donne le JT, des militaires, des méchants, des ruines, et de ci de là une petite silhouette fantômatique en burka. Dans un film de ce type, nous pouvons passer de l'autre côté du miroir, avec les vraies gens, dans la vraie vie. On voit la pauvreté, le manque de nourriture, le manque d'eau, la peur, les maisons délabrées, à l'intérieur comme à l'extérieur, on voit les explosions et les kalachnikovs, et surtout la condition féminine dans un pays musulman en guerre. C'est encore pire que ce que j'imaginais...

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L'histoire est belle car cette Golshifteh n'est pas n'importe quelle fille, même si on peut penser que nos clichés européens nous aveuglent ; elles sont peut-être bien plus nombreuses que nous le croyons à tenter de se créer une vie, pour elle et leurs enfants, en faisant fi de la guerre et de la tyrannie masculine. Mais il faut cependant patienter une bonne heure avant de comprendre que Golshifteh cache bien des secrets ! C'est dommage, car je parie que beaucoup de spectateurs ont lâché l'affaire avant la fin... or c'est là que tout se passe et que Golshifteh prend une dimension universelle. Elle est toutes les femmes du monde.

Syngue Sabor est un film féministe, et c'est tellement beau, dans ce contexte ! On y parle de mariages arrangés, forcément, mais aussi de sexe, de plaisir féminin, de prostitution, d'amour, de persévérance, de liberté... On voit les comment les femmes mettent leur burka dès qu'elles sortent et deviennent ces petites flammes ondoyantes sans identité (stupéfiant)...

La dernière scène est incroyable et la dernière image, avec, ce sourire qui s'esquisse sur le visage de Golshifteh, restera pour moi inoubliable...

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Le gros problème, c'est ce que j'évoquais plus haut : le film est bizarrement construit et ne se révèle à nous qu'à la fin. Avant, on se demande où le réalisateur veut en venir. Golshifteh parle, parle, parle... C'est barbant, c'est long, on regarde sa montre... Ce monologue n'en finit pas et sonne même faux la plupart du temps : dans la vie, on ne commente pas tous ses faits et gestes... J'ai failli arrêter, et pour tout vous dire, je me suis mise à trier mon linge, au moins je ne perdais pas mon temps. Et puis soudain, tout a changé, et ce sont mes serviettes que j'ai laissé tomber...

Autre bémol : l'interprétation. Le doublage français est très désagréable. La narratrice a un fort accent, extrêmement nasal, n'articule pas bien, et parle toujours sur le même ton. Les autres personnages, eux, ont une voix "normale". Je pense donc que c'est l'actrice qui se double elle-même (elle habite en France depuis plusieurs années)... quelle erreur ! On dirait qu'elle est fortement "enrubée" et on ne comprend pas tout ce qu'elle dit. Est-ce la langue farsi (elle est iranienne) qui donne ce son ? Ou bien Golshifteh a-t-elle de réels problèmes de sinus ? Ca se pourrait... car elle est quasiment toujours la bouche ouverte ! D'ailleurs, elle fait toujours la même tête, du début à la fin, et ça m'a beaucoup agacée... Pas la moindre expression.

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Un beau film donc, mais que je trouve pour ma part gâché par l'absence de rythme et par l'interprétation...

Le titre vient d'une légende afghane : la Syngué Sabour est une pierre magique ; lorsqu'on la trouve, on peut lui confier jour après jour toutes ses peines, tous ses chagrins ; la pierre absorbe tout ; un jour, elle éclate, et tous les soucis s'envolent. Métaphore donc de la jeune femme qui parle à son mari comateux...

Les critiques sont dithyrambiques : pensez donc, un film afghan ! Certains relèvent cependant le côté négatif de la narration totale. Par contre tout le monde s'extasie sur l'actrice... moi je n'ai vraiment pas été séduite par sa performance, vraiment pas. Ou alors, peut-être faut-il voir le film en V.O ; ce qui cependant, si son parler naturel est restitué, ne lui donnera pas plus d'expression sur le visage...

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