Magazine Journal intime

Comment choisir une école à Londres (ou l’impénétrable jungle de l’enseignement britannique)

Par Evainlondon

MiniPrincesse n’avait pas sept mois lorsque Prince et moi avons réalisé que nous avions gâché son avenir.

Légère exagération, me soufflez-vous ? Que nenni.

Quelle erreur, quelle bévue, quelle bourde avions-nous commise, nous, jeunes parents dévoués corps et âme au bien-être de notre fille ? MiniPrincesse mangeait bio, dormait tout son saoûl et nous nous tenions à sa disposition jour et nuit (avec une préférence marquée pour le jour quand même) pour jouer avec elle à divers jeux éducatifs et particulièrement soporifiques (« On construit une tour ? Oh, la tour est tombée ! Allez, on la reconstruit ? », etc.).

Mais…

Nous avions omis de l’inscrire DES LA NAISSANCE dans une école privée choisie avec soin et attention.

Si vous n’êtes pas au fait de la jungle que représente l’école primaire en Angleterre, ou plus précisément à Londres, voici quelques éléments d’explication :

– En Angleterre, les enfants entrent à l’école primaire à quatre ans – oui, quatre ans, plus tôt que partout ailleurs dans le monde à ma connaissance – et y apprennent à lire et à écrire. Quatre ans, n’est ce pas un chouïa tôt pour l’apprentissage de la lecture, vous interrogez-vous ? Bien sûr que non ! En Angleterre, ma bonne dame, il n’est jamais trop tôt pour pousser son enfant apprendre à lire. Il est même de bon ton de commencer dès la maternelle.

Alphablocks, ou comment apprendre à lire à votre enfant en le plantant devant la télé (et hop, tout le monde est content)

Alphablocks, ou comment apprendre à lire à votre enfant en le plantant devant la télé (et hop, tout le monde est content)

– Ah, la maternelle existe donc ? Réduite à peau de chagrin elle va traditionnellement de deux ans à quatre ans. L’Etat, dans son immense mansuétude, offre même 15 heures gratuites dès les trois ans révolus de l’enfant. Vous travaillez à plein temps et êtes donc dans l’obligation de caser votre marmaille quelque part pour les 25 heures qui restent ? Ah, c’est pas de chance. Enfin, à dix livres net de l’heure la nounou et sans la moindre autre subside, l’Etat vous fait confiance pour dénicher les 2 000 et quelques livres qui restent. Sinon, vous pouvez toujours faire comme vos voisines et arrêter de travailler. Financièrement, ce sera plus simple.

– Il manque beaucoup de places en école primaire publique à Londres. Beaucoup. La pénurie se chiffrerait en dizaines de milliers, clament même les tabloïds mal intentionnés.

– Jeunes parents désireux de placer votre enfant sur l’échelle sociale britannique de bien faire, vous louez déjà bien au-dessus de vos moyens pour être dans la catchment area (l’équivalent de notre carte scolaire) d’une école notée – on peut rêver – « Outstanding » (Exceptionnel) par l’organisme officiel Ofsted (qui est aux écoles ce que le guide Michelin est aux restaurants) ou simplement « Good » (Bon). Ou alors, vous vous êtes endettés sur treize générations pour acheter cette vieille bicoque à retaper pour vous assurer que vous serez suffisamment près de l’école – 150 mètres, mais vous n’y pensez pas, c’est bien trop loin ! – pour que votre enfant fasse partie des heureux élus.

Lorsqu'une école a atteint le Graal (l'Outstanding), elle ne manque pas de vous le faire savoir

Lorsqu’une école a atteint le Graal (l’Outstanding), elle ne manque pas de vous le faire savoir

Las ! Ofsted a révisé son jugement à la baisse. L’Ecole de vos rêves, le Graal, a dégringolé au grade de « Satisfactory » (Satisfaisant) voire – Heaven forbid – Inadequate.  Pris de panique, vous passez en revue les différentes possibilités.

– L’école catholique outstanding au coin de la rue ? Il y a un formulaire de présence à signer (sic) toutes les semaines (re-sic) pour permettre au prêtre de confirmer que vous êtes bien un catholique pur jus. Véridique. De quoi en rebuter plus d’un. Cependant, la perspective d’une éducation « nec plus ultra » (les statistiques étant consultables en ligne, je sais par exemple que la nôtre, d’école catholique, est classée 78ème sur 15 000 au niveau national) et gratuite (oui oui) continue de faire rêver le parent middle class. Il se murmure même que certaines conversions ne seraient pas complètement dénuées d’arrière-pensées.

– Pour les gens naïfs intègres et les athées, il reste donc la jungle, alias l’univers impitoyable des écoles privées. Il y en a pour tous les goûts : les « academic », les « sporty », les « old-fashioned »… ce qu’elles ont en commun, en revanche, c’est le prix. Entre 12 000 et 15 000 livres l’année. Non content de dépenser l’équivalent d’une demi-nounou supplémentaire (pas d’allocation de l’Etat, je répète, pas d’allocation de l’Etat), vous, parent, avez donc la lourde charge de choisir l’établissement qui conviendra le mieux à la personnalité de votre enfant (qui, je vous le rappelle, est âgé de quelques semaines tout au plus). La plupart accordant la priorité au premier inscrit (ce sera 50 livres l’inscription, merci, ça vous évitera d’inscrire MiniPrincesse partout sans réfléchir), vous arrivez trop tard partout.

Et comme si ça ne suffisait pas, il y a un entretien de sélection. Oui, à trois ans, parfaitement.

MiniPrincesse, votre correspondante envoyée spéciale au pays des parents fous, y est allée.

PS : pour les parents concernés, voici ce site très bien fait et un extrait des fameux Alphablocks


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