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Velázquez au Grand Palais

Par Mpbernet

Vénus-et-son-miroir-Diego-Velásquez

Une première et unique rétrospective en France de l’un des peintres les plus importants de l’histoire de l’art, qui a peu produit mais dont chaque tableau est un chef-d’œuvre. Il faut normalement se rendre au musée du Prado pour les admirer … Cette exposition est donc un événement exceptionnel qui vaut largement la peine de réserver son passage, et même de patienter le temps nécessaire pour se replonger dans ce Siècle d’Or.

Velazquez autoportrait

infant Balthazar Carlos

BalthasarCarlos

infante Marie-Thérèse

Très classiquement, on présente les peintres qui ont influencé le jeune sévillan, ses maîtres – il va épouser la fille de Francisco Pacheco, son premier mentor, puis il donnera la main de sa fille à son principal collaborateur Juan Bautista Matinez del Mazo dont on montre aussi le travail dans la dernière salle – puis les artistes italiens (Le Caravage).

Diego Velázquez (1599 – 1660) est un peintre ambitieux. Il va faire une carrière classique et très vite sera admis parmi les peintres de la Cour, puis devient le peintre attitré du roi Philippe IV et de sa famille. Il voyage en Italie où il admire les œuvres du Titien (sans aucun doute, sa Vénus au miroir en est une émanation mais on imagine difficilement l'audace qu'il fallait pour peindre un tel nu à l'époque de l'Inquisition ...), rencontre Pierre Paul Rubens, Le Guerchin. A Rome, il peint deux grands formats : La forge de Vulcain et La tunique de Joseph.

A son retour en 1631, il est au centre du projet royal de construction du palais du Buen Retiro. Mais Velázquez excelle dans l’art du portrait : les images successives de l’éphémère prince héritier chéri Balthazar-Carlos, des jeunes infantes – en particulier Marie-Thérèse qui deviendra reine de France en 1660 – la ravissante Marguerite, peinte dans des robes de nuances différentes … et aussi des comédiens, des nains. Quelques rares sujets religieux.

Ce sont les portraits officiels des hommes de pouvoir qui nous fascinent : le regard du grand inquisiteur Sebastian de Huerta fait froid dans le dos, celui – en plusieurs exemplaires – du pape Innocent X exprime la sévérité. Son atelier fonctionne à plein. Velázquez accumule les charges : artiste, fonctionnaire des bâtiments du roi, conservateur des collections royales. Avec le remariage de Philippe IV, il doit renouveler la galerie des portraits des enfants qui sont envoyés dans les différentes cours européennes : on duplique les portraits des jeunes filles … Couronnement de carrière, Velázquez, anobli, est reçu dans l’ordre de Santiago.

sebastain de Huerta

L-Immaculée-Conception-Diego-Velasquez

La-tunique-de-Joseph-Diego-Velasquez

Innocent V

Infante marguerite en bleu

Rapidité de la touche, économie de moyens, expression des regards, chatoyance sourde des couleurs, réalisme des portraits – on se demande comment le roi appréciait la manière dont le peintre rendait son menton en galoche – les autoportraits nous en disent long sur la profondeur du regard de l’artiste que Manet définissait comme « le peintre des peintres ». Les spécialistes de l’art nous disent que Vélazquez ne fit pas école … sans doute pas immédiatement car il était de plusieurs générations en avance sur son temps. Mais nous, nous savons ce que toute les peintres modernes, au premier rang desquels Pablo Picasso, lui doivent.

S’il est une exposition à ne pas manquer cette année, c’est celle-là.

Velazquez, aux Galeries nationales du Grand Palais jusqu’au 13 juillet (entrée square Jean Perrin)


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