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le charme féminin électrise toujours les hommes

Publié le 23 juin 2015 par Dubruel

~d'après LES IDÉES DU COLONEL , de Maupassant

" Si une fille, une jolie fille M'ordonnait de passer Par le trou d'une aiguille, Je ne saurais refuser. J'y sauterai gaiment. C'est dans mon sang. La vue d'une femme, D'une belle femme Me remue de la tête aux orteils. Nous sommes d'ailleurs, tous pareils : La femme, nous l'aimons et Nous l'aimerons toujours. Pour elle, nous faisons toutes les folies. Devant les yeux d'une femme, D'une belle femme, Nous nous montrons des plus hardis. Quand leur regard entre en nos sens, Nous sommes capables de tout.

Voici un souvenir dont je me rappelle Enchaîna le vieux colonel : J'étais alors capitaine, Simple capitaine Et je commandais en Normandie Une compagnie Qui fuyait devant les Prussiens. Nous étions éreintés, Épuisés Et nous mourions de faim. Mais il nous restait encore douze lieues à faire, Avant de rejoindre nos bases arrières, Douze lieues de nuit Par la neige Et sous la neige. Je pensais : '' C'est fini ! Mes hommes n'y arriveront jamais.''

Et puis, soudain, nos éclaireurs se sont repliés. Quelque chose les avait inquiétés. Devant eux, ils avaient entendu parler. Ils m'amenèrent deux châtelains normands, Le père et sa fille. Ils avaient dû quitter leur domicile À l'arrivée d'une patrouille d'Allemands Je leur dis : '' Vous allez nous accompagner.'' Mais la jeune fille s'assit Et s'écria : '' Je ne sens plus mes pieds.'' Alors un de mes hommes s'exclama : '' Faut porter cette demoiselle-là !'' Trois ou quatre soldats Tenant une sorte de litière S'approchèrent aussitôt. Le brigadier Lapierre Hurla : '' Qui prête sa capote ? C'est pour une belle fille, les frérots !'' Furent apportées dix capotes. Huit épaules viriles Saisirent la litière et enlevèrent la jeune fille.

Il suffit, voyez-vous, D'une femme pour électriser les Français. Mes soldats semblaient ranimés. Mais tout à coup, Nous aperçûmes à une demi-lieue Une douzaine de cavaliers allemands. Dès qu'ils arrivèrent à proximité du camp, J'ai crié : ''Feu !''. Les douze ennemis tombaient. Leurs chevaux s'enfuyaient. Une tête blonde sortit alors du brancard :

'' -Que fait-on ? On se bat ? '' Demanda-t-elle. ''

-Ce n'est rien, mademoiselle.''

On repartit. On marcha jusqu'au soir. En arrivant aux lignes françaises, Un commandant obèse, Débraillé et vulgaire Demanda en voyant la litière :

''-Qu'est-ce que vous avez là ? '' Le visage blond, souriant Émergea :

''-C'est moi !''

Si la question de supprimer aux Armées Les tambours et les clairons se posait, Je préconiserais De les remplacer Par de jolies filles. Comme ça donnerait Du vif aux troupiers !

Je ne l'oublierai jamais, Cette petite bonne femme ! "

Le colonel, un instant, se tût, Puis reprit d'un air convaincu : " Ah ! Oui, nous aimons les femmes, Nous autres, Français ! "


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