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Quand le Tour de France révèle la nature humaine…

Publié le 14 juillet 2015 par Desperatecouchpotatoe @Dcouchpotatoe
Quand le Tour de France révèle la nature humaine…

L’histoire se passe quelque part sur ce tracé…!

Un événement bien français. Une vraie mise en valeur du pays. Une vitrine de notre terroir, de nos paysages, et des gens qui font la France. Voilà la belle image d’Épinal que révèle l’un des plus grands événements sportifs de l’année, le Tour. Tout le monde aime le Tour de France ! Même quand tu n’y connais rien au cyclisme, si il passe par chez toi, tu vas y faire un tour, c’est obligé ! Je ne connais pas une personne qui n’ait pas un souvenir du Tour, qu’elle y ait assisté en direct et garde encore comme un précieux souvenir le porte clés ou le journal de Mickey glané au passage de la caravane, ou qu’elle recherche à la télé des paysages vus en vacances ou pourquoi pas des idées pour les prochaines vacances !

Une aubaine, donc, pour une destination touristique, comme le petit village où je travaille. Bref, le Tour est passé par chez nous il y a quelques jours… Après le joli tableau dressé, je vais te parler des gens. Les vrais gens, les français moyens que tu peux voir le long de la route quand tu regardes le Tour à la télé. Ceux qui se mettent au milieu de la route pour mieux voir ou pour mieux passer à la télé une seconde et demie, au risque de provoquer des chutes parmi les coureurs. Ceux qui malgré l’interdiction de stationner dès minuit la veille déboulent avec le camping car une heure avant le passage de la caravane.

Quand on fait de l’accueil touristique, la probabilité de croiser des cons n’ayons pas peur des mots, est déjà assez importante. Quand on fait de l’accueil touristique le jour du Tour, la probabilité de perdre son calme devant lesdits cons est de 98 %. En dix ans de carrière, je n’ai simplement jamais vu ça. L’enfer, c’est les autres, comme disait Sartre… La race humaine dans toute sa splendeur. Une honte. Je te raconte ? 

Quand le Tour de France révèle la nature humaine…
Tout à commencé à 10h, heure d’ouverture. Déjà la veille j’avais eu la surprise d’un coup de fil pour savoir « si vous aurez des trucs gratuits pour demain ». Notre département avait eu en effet la sympathique idée de faire faire pour l’occasion des Goodies à l’effigie de l’accueil de l’étape. J’ai donc claqué le T-shirt qu’ils m’avaient fourni, et ma collègue la casquette. Les drapeaux et casquettes (une centaine) restantes, destinés aux spectateurs, nous devions les distribuer dans la matinée. Arrivée dans le village, déjà la cohue autour du parking. Je croise l’adjoint qui me case que les gens ne respectent rien, déjà au taquet depuis le petit matin. Ma collègue arrive en sueur quelques minutes plus tard : grosse panique en sortant de chez elle, la voiture garée dans l’entrée a été embarquée par la fourrière. L’interdiction de stationner le long de la route à partir de minuit concernait donc aussi les entrées de riverains… Pour couronner le tout, si on faisait respecter cette interdiction toute la nuit, il semble que les forces de l’ordre aient déserté dès le début de matinée, laissant à loisir aux badauds la possibilité de se garer eux dans l’entrée des autres. Le temps de les trouver pour leur demander de bouger afin de sortir avec l’autre voiture, ma collègue a failli être en retard…

On ouvre : 10h, rupture de stocks des Goodies : 10h08. S’en sont suivies 3 heures d’insultes diverses et variées, de tirages de gueule monumentaux, d’accusations diverses et variée, limité agressives. Un réassort vers midi, avec filtrage de notre part pour faire plaisir à tout le monde (un seul cadeau par famille, un par enfant si les enfants étaient là). Je te précise au passage que le jour du Tour ce France, bonjour, s’il vous plaît et au revoir ne font pas partie du vocabulaire du français moyen. C’est même a peine si il sait dire autre chose que « une casquette »(et encore ça c’est quand il n’en réclamaient qu’une). Enjoy !

Je te fais un florilège :

  • Vous n’êtes pas gentille.
  • Vous êtes sûre ? (au cas où j’en aurais planqué deux ou trois juste pour faire chier tu sais).
  • Et vous votre T-shirt ? (Bah oui j’ai me foutre à poil juste pour que tu aies un T-shirt souvenir !)
  • Même pas un petit drapeau ? (Si si j’en ai encore plein mais je les préfère au fond du placard c’est plus classe).
  • Et ceux là je peux pas les prendre (ceux de la déco…) ?
  • Vous exagérez, j’habite ici depuis 20 ans !
  • C’est pas juste, on est d’ici !
  • Même si je paye ? (oui, la tentative de corruption existe aussi dans ces conditions là, donc)
  • C’est pas juste, j’ai vu des gens vous leur en avez donné plusieurs (précisons que nous avons vu près de 300 personnes à deux ce jour là, alors mémoriser ceux qui reviennent d’une, pas facile, mais en plus comme on filtrait à un cadeau par famille à la fin, j’en ai vu pas mal se faire signe discrètement, et même dire tout haut « fais comme si on n’était pas ensemble ! »… )
  • Je peux pas en avoir deux, parce que j’ai deux petits enfants ? (C’est dingue le nombre de petits enfants qui font surface le jour du Tour de France ! C’est bizarre d’ailleurs parce que quand tu regardais le public, il y avait plus de casquettes sur des têtes d’adultes que d’enfants…)
  • C’est ici pour les petits drapeaux ? (A un moment, obligée, j’ai répondu « Non Madame, ici ce sont les informations touristiques ! » Je te dis pas la tête qu’elle m’a tiré. Et la joie quand je lui ait dit « je rigole »!)
    Quand le Tour de France révèle la nature humaine…

Et je t’ai gardé le meilleur pour la fin :

  • Je peux avoir un petit drapeau, c’est pour un petit handicapé ? Celle là je l’ai eue au moins six fois !
  • Et pour finir les vieux qui râlent parce qu’on a filé les trois derniers drapeaux au trois enfants qui restaient dans le bureau…

Je te le disais, la nature humaine dans toute sa splendeur. Et ça a continué le lendemain dès l’ouverture, avec quelqu’un qui est venu réclamer la déco restée sur le balcon… Sur les 300, seules trois personnes nous ont répondu que ce n’était pas grave, que ce n’était pas de notre faute et que nous n’avions pas à nous excuser, que c’était déjà super d’être là. Et sur ces 3 là, une touriste française et deux étrangers… Quand je pense que moi, je n’aurais même pas osé réclamer. Alors moi aussi j’ai déjà pesté contre ces caissières mal-aimables, qui semblent aigries et qui ne te sourient même plus passée la mi-journée. Ce jour là, je les ai comprises. Quand on voit ce qu’on se paye, c’est pas étonnant que la France soit considérée comme un pays mal accueillant. Si les gens qu’on a l’habitude d’accueillir, nos concitoyens, étaient plus respectueux de leurs pairs, on n’en serait sûrement pas là. Malgré tout, le masque souriant et aimable était de rigueur, et nous avons tenu bon, tant bien que mal. Mais à midi, j’ai bien failli envoyer une casquette à travers la gueule d’une locale. Je me suis contentée de la jeter sur la table avec un « bon, prenez-là ! », ce qui m’a valu mon premier merci de la journée ! En dix ans d’accueil, ma seule mal-amabilité.

Je te passe ce que j’ai vu au passage de la caravane. Non, tu veux savoir ? Des adultes se jeter sur les cadeaux, poussant des enfants, des pieds écraser les cadeaux pour ne pas qu’une petite main s’en approche. des gens s’arracher mutuellement des choses des mains. C’est pour ça que j’ai bien ri quand le char Vittel au lieux de porte clés leur a balancé des grands jets d’eau dans le figure.

Alors c’est ça le Tour de France ?
Des rêves d’enfants, contrariés par les adultes avides de « trucs gratuits ». De beaux paysages peuplés de vrais gens depuis l’hélicoptère, mais le vrai français et ses travers vu d’en bas. Au replay, c’était pourtant une très belle étape. Depuis que le Tour en a fini avec les affaires de dopage, c’est redevenu un bel événement. L’image d’Épinal reste à l’écran intacte, mais le live ne fût pas glorieux…

Triste France. Il me plaisait bien ton Tour. Mais finalement, je le préfère à la télé.

Et ça m’énerve.


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