Le festival de films gays et lesbiens de Paris continue avec une programmation toujours aussi dense. Vu que cette dernière se divise entre le cinéma le Rex et le Nouveau Latina, il faut faire des choix et ainsi loupe-t-on parfois des trucs qu’on aurait vraiment voulu voir. C’est l’éternel problème de tout festivalier…En tout cas, force est de constater que cette année le festival marche très bien. La programmation, pointue et éclectique doit y être pour beaucoup ainsi que les nombreux partenariats montés…Quoi de neuf pour ce 5e jour ? Des courts métrages et un film culte de Gregg Araki…
COURTS COTES GARCONS
Une collection assez sympathique de courts métrages ayant pour thème l’homosexualité au masculin. Le programme commence par un clip, Yiss- J’arrête qui évoque les ravages de la drogue dans le milieu du clubbing gay parisien. Avec en guest la porn star François Sagat. Cela dure 4mn, c’est assez amusant même si la musique n’est pas vraiment mon style…
On continue avec VGL HUNG (traduction : bogosse TTBM) , une production Eurocreme (boite de prod surtout connue pour ses films pornos gays). Si la réalisation fait justement très film porno, le scénario a au moins le mérite d’être malin et amusant. On y suit le quotidien d’un homosexuel qui ne correspond pas aux « normes de beauté » attendues. Pas musclé, pas une tête de minet, un physique même presque ingrat. Pour la peine, sur le net, il n’a pas accès aux beaux apollons et commence à déprimer. Mais voilà qu’une icône de son ordinateur se met à lui parler et à exaucer ses rêves. L’homme devient alors super sexy et à jusque midi pour trouver l’amour…Quand une histoire de gay et de cyber drague s’associe à une histoire de Cendrillon moderne : le résultat est vraiment drôle et attachant.
On passe ensuite à Wunderlich Privat où le quotidien d’un homme qui se travestit et qui reçoit chez lui la visite de la Police. C’est plutôt bien réalisé et bien joué mais l’histoire se révèle au final sans grande surprise. Côté comédie , on retrouve It's in the genes, un film qui prend le problème du coming out à l'envers. J'avais déjà vu un court métrage avec le même scénario donc pas de surprise mais cela a provoqué bien des rires dans la salle. Plus plombant, Wrestling, un film islandais sur deux vieux monsieurs qui s’aiment en secret et qui pratiquent la lutte. Ambiance grisâtre, romance interdite et forte à la Brokeback Mountain. Au final c’est plutôt touchant mais ça ne réinvente rien non plus. En tout cas, mieux vaut ça qu’un film comme Où se trouve le chef de la Prison ? Un court métrage de Patric Chiha (non, je ne ferais pas de blague sur son nom de famille) qui interroge sur la frontière masculin/féminin. Je dois bien l’avouer : je pense être allergique au travail de ce monsieur (j’avais vu son moyen métrage Home qui avait été une expérience très douloureuse tant elle avait provoqué chez moi de l’ennui). Dans ce nouveau projet, il ne perd pas son habitude de déployer un cinéma littéraire mais au final très pompeux qui laisse sur le côté la majorité des spectateurs. Un spectateur, justement, à côté de moi a fini par demande à son voisin « C’est une blague ? » Non, non, ça se prend au contraitre très au sérieux et c’est bien le problème. Le type même de film replié sur lui-même , de la bonne vieille masturbation intellectuelle.
Heureusement, au milieu de ce programme émerge un film, LE FILM qui m’a bouleversé. Ca s’appelle Center of the Universe et c’est signé Jarrah Gurrie. Il y a longtemps que je n’avais pas été aussi bouleversé par un court métrage. Il s’agit de l’histoire d’un homme qui s’est fait plaqué par son petit ami et qui erre dans les rues de New York, la tristesse en bandoulière. Ambiance gueule de bois et désespérée avec en fond une musique down tempo irrésistible…L’acteur principal est beau et touchant, les plans sont jolis, simples et inspirés, le montage dynamique…Cet homme au cœur brisé va alors se retrouver dans un centre particulier où les gens payent pour se faire des câlins. Une œuvre douce, triste et profondément humaniste qui a bien faillit me faire exploser en sanglots. Je crois que c’était exactement ce que j’avais besoin de voir. Puisque je pense à vous et que la passion se partage : vous trouverez ici un lien pour voir le film légalement en streaming et en VO. Enjoy !
COURTS COTE FILLES
La journée courts métrages continue avec un programme dédié aux œuvres à thématique lesbienne. On commence par Donkey Girl, une histoire d’amour entre deux petites filles, superbement photographiée, réalisation léchée et poétique…Mais un scénario un peu banal. On poursuit avec Une si petite distance de Caroline Fournier qui nous entraine en pleine canicule. Une jeune femme découvre un trou dans son appartement qui lui permet d’avoir une vue sur la salle de bain de sa voisine, une somptueuse black. Une histoire de désir et de voyeurisme avec pas mal de second degré. Si cela ressemble un peu à un téléfilm, les actrices sont cool et on passe un très bon moment entre rires et sensualité.
Ca continue avec Ellas se Aman, un film qui arrive tout droit du Costa Rica. L’histoire de deux femmes qui travaillent à la chaine et que l’on soupçonne d’avoir une liaison. Deux femmes très différentes qui vont créer une relation belle et ambigue. Cinéma social mêlé à affaire sentimentale : si il y a un côté cheap dans l’ensemble, l’émotion est au rendez vous et le duo d’actrices est admirable.
On ne pourra pas en dire autant de Easy Tiger, court métrage suisse sans grand intérêt qui narre la rencontre entre une femme travaillant dans un Copyshop et une voleuse. C’est juste décousu et sans grand relief.
On s’amusera bien plus en découvrant les sketchs à la French & Saunders du duo Patricia et Colette. Deux filles super cool qui font leurs films à l’arrache et les diffusent sur le net. Drôle, enlevé, un peu bitchy : une vraie bouffée d’air frais !
Très sympathique également le court métrage qui clôt le programme : La dinde de Anna Margarita Albelo. Un court commandé par Canal Plus qui plonge la chanteuse Sheila dans un univers à la Desperate Housewives, avec en musique de fond The waiting Room de Chloé. Un portrait de femme au foyer qui prend sa vie en main, décalé et très divertissant.
A suivre plus tard dans la journée le post sur le film inédit de Gregg Araki : The living end.