Un matin qu’ivre et seul je versais à la mer
L’alcool et les poisons à la saveur amère
Que mon cœur en secret dans son vieil alambic
Distillait en sifflant, machine maléfique,Je vis sur le rocher où la vague s’effile
Une forme laiteuse à la posture vile,
Luminescente et molle, singeant une étreinte :
Un nageur, échoué, sans chaleur et sans teinte.La bouche grande ouverte comme un coquillage,
Ses lèvres vomissaient la faune d’un autre âge,
Une algue brune ou noire et des cercles d’écume
Comme ceux, mon ami, des cafés que nous bûmes.Je couvris de mes larmes cette épave blême
Au ventre de méduse et que Neptune même
Refusait en son sein pour je ne sais quel tort
Et livrait au ressac pour le punir encore.