La mort du poète

Publié le 10 janvier 2009 par Ptitloup

Lorsqu’ayant épuisé le compte de mes jours
Et payé mon obole au nocher des enfers
J’embarquerai, damné, vers ces gouffres amers,
Épargnez à mon corps le marbre et ses Toujours,

Les Pensées, les Regrets, les bouquets pétrifiés
Dont on ceint à loisir les tombes et les stèles,
Encerclant dans un sort, de celui ou de celle
Qu’ont eut aimé hier, la forme putréfiée.

Puisque mon âme condamnée devra purger
Pour une éternité la peine du voleur,
Du pervers, du menteur et du blasphémateur,
Confiez ma cendre à la tendresse des vergers,

Au murmure d’un arbre, à la joie d’un ruisseau,
Au bras de la rivière, aux plages de la mer
Que je m’apaise enfin, transparente poussière,
Au sourire audacieux d’un garçon brun de peau.