Pour sa 1ère édition le Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1973 présenta, hors compétition un film de Gérard Damiano, L'enfer pour Miss Jones ( The Devil in Miss Jones).
Pour cette aventure en terre alpine, les organisateurs ont voulu “frapper fort” : on retrouve autour du président du jury, René Clément, les noms de Christopher Lee, Alain Robbe Grillet, Juan Bunuel, Nelly Kaplan, et André Pieyre de Mandiargues.
Ceux qui sont aux faits de l'évolution du traitement des tabous au cinéma, connaissent le nom de Damiano, le réalisateur de Gorge Profonde (Deep Throat).
Il y une odeur de soufre qui ne s'estompera jamais, autour de ce petit monde du porno ; et pour cause : si l'on passe d'un petit circuit de distribution confidentiel à une diffusion internationale, il y a aura pour sur, beaucoup d'argent à gagner. Sans oublier que l'on surveille étroitement l'évolution d'un appareil qui va révolutionner la planète sexe : le magnétoscope et son inséparable cassette VHS qui apparaît en février 1976. L' “oeuvre”, qui est proposée dans la station savoyarde fait polémique.
Mais un des coups de génie aura consisté à faire projeter ce film, tout auréolé de son passage à Avoriaz et ayant fait l'objet de nombreux articles de presse (qui ne cachaient en rien le côté “réaliste” des scènes), dans un circuit de salles, reconnues comme cinémas d' “Art et Essai”.
J'avais donc pris place, cette année là, dans un des fauteuils, de ces cinémas “d'avant garde”, espérant ne pas être gêné par un spectateur trop grand…
Et là : surprise !! Au fur et à mesure que les scènes défilaient la salle se vidait, au son de quelques “c'est honteux, scandaleux, dégueulasse”.
Cela m'était déjà arrivé pour un film de Mocky et le Posséidon, mais sans les cris de colère.
Habituée des grosses productions de Broadway, Michelle Graham alias Georgina Spelvin, qui a déjà tourné un film érotique en 1957 et d'autres à petits budgets, est présentée au réalisateur par un ami commun l'acteur Harry Reems .
Harry est entré dans la légende du X, au même titre que John Holmes, Marilyn Chambers et Linda Lovelace, avec qui il partagera (notamment mais pas que…) l'affiche de Gorge Profonde; quant à sa vie, elle fut nettement marquée par l'alcool et la drogue. Poursuivi en justice pour ses films, il ne pourra que constater l'attitude déconcertante de Lovelace et Damiano cités seulement comme témoins.
Il découvrira, l'autre visage de l'industrie du X avec ses ramifications mafieuses.
“Then, I learned some of the things they did during the distribution of the film: cars being found with a lot of blood and two fingers in them and no body ever recovered, projectionists beat over the head with baseball bats, a lot of money flying to the Bahamas without having to pay any taxes on it.”
Ce qui ne l'empêchera pas d'aider l'actrice en lui faisant parvenir un millier de dollars pour se soigner : là encore Linda ignorera le geste de son ancien partenaire.
Linda Lovelace est décédée le 22 avril 2002, Damiano le 25 octobre 2008, Marilyn Chambers ( scène Hot !) le 12 avril 2009, et John Holmes le 13 mars 1988.
Chaud devant : Georgina et Harry sur le bout de la langue !! (Scène 100 % Vintage)
Les photos du tournage et du film…
L'analyse du film, avec de nombreuses anecdotes, est disponible sur le site mentionné plus bas :
“Georgina Spelvin et sa compagne de l'époque, Judith Hamilton (créditée comme Clair Lumiere), effectuent un acte tout en douceur qui reste le grand moment émoustillant d'un Devil in Miss Jones, sinon sans doute trop déprimé et déprimant pour titiller réellement l'imagination.” lire la suite sur Sueurs Froides
Par la suite, Georgina aura également une scène saphique d'anthologie avec l'actrice Barbara Bourbon, dans The Private Afternoon of Paméla Mann.
Le Site de Georgina Spelvin : toutes ses facettes y figurent, y compris les Police Academy.
Ici prend fin cette balade, assez sombre il est vrai, au pays du porno US des années 70-80. Revisionnez ce film et peut être pourrez-vous m'expliquer pourquoi on est allé jusqu'à le comparer à Huis-Clos de Sartre !!