Selon une opinion largement répandue, l’homosexualité serait aujourd’hui plus libre que jamais : partout présente et visible, dans la rue, dans les journaux, à la télévision, au cinéma, elle serait même tout à fait acceptée. Pour l’observateur un peu plus attentif, la situation est globalement bien différente. A vrai dire, le XXe siècle a sans doute été une des périodes les plus violemment homophobes de l’Histoire. L’homosexualité est partout discriminée ; dans quatre-vingts Etats au moins, les actes homosexuels sont condamnés par la loi et dans 7 pays, la peine de mort peut être effectivement appliquée. Les personnes Trans, qui vivent leur identité de genre différemment de leur sexe d’origine, sont partout humiliées, condamnées, souvent sujettes à des violences verbales et physiques.
C’est pourquoi en 2005, Louis-Georges Tin, qui avait dirigé en 2003 le Dictionnaire de l’homophobie aux PUF, a lancé cette Journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie. Elle est célébrée chaque année le 17 mai, car c’est le 17 mai 1990 que l’OMS a supprimé l’homosexualité de la liste des maladies mentales, et nous souhaitons qu’elle fasse de même pour ce qu’elle nomme le « transsexualisme ». Cette Journée IDAHO est célébrée de fait dans plus de 50 pays à travers le monde, et elle est reconnue officiellement par le Parlement européen, la Belgique, le Royaume-Uni, la France, le Mexique, le Costa-Rica, etc.
Chaque année depuis 2005, autour du 17 mai, des centaines d’actions s’organisent, expositions, conférences, projections de films, manifestations, etc. À l’occasion de la Journée IDAHO 2005, la Chine, le Congo et la Bulgarie ont connu leurs premières manifestations publiques gaies et lesbiennes. Dans chacun de ces pays, il s’agissait d’événements historiques. En 2006, le Comité IDAHO a été coorganisateur de la première Pride de Moscou.
En 2006, également, le Comité IDAHO a lancé une pétition en faveur de la dépénalisation universelle de l’homosexualité. Cette pétition a été soutenue par de nombreuses associations internationales comme l’ILGA (International Lesbian and Gay Association) ou la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme), mais aussi par de nombreuses personnalités à travers le monde: plusieurs Prix Nobel (Desmond Tutu, Elfriede Jelinek, Dario Fo, José Saramago, Amartya Sen), de grands intellectuels (comme Noam Chomsky ou Judith Butler), des artistes de renom (comme Victoria Abril, Meryl Streep, Cyndi Lauper, David Bowie, Elton John etc.), des personnalités politiques (comme Ségolène Royal, Jacques Delors, ancien président de la commission européenne, ou Thomas Hammarberg, commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe). Le 18 décembre 2008, faisant suite a l’appel lancé en 2006 par le Comité IDAHO, le gouvernement français a présenté une déclaration à l’Assemblée générale de l’ONU, texte signé par 66 pays, qui appellent à la dépénalisation universelle de l’homosexualité. Ce fut une première historique.
Pour l’année 2009, la campagne IDAHO porte sur la transphobie, et c’est pourquoi nous avons élaboré un Appel contre la transphobie et pour le respect de l’identité de genre, avec le soutien de Transgender EU, réseau européen, et de Gender Dynamix, réseau sud-africain. En effet, partout dans le monde, les personnes qui vivent leur identité de genre en dehors des normes en vigueur, transsexuels, travestis, transgenres, etc. sont confrontées aux violences, abus, viols, tortures et crimes de haine. Les premières semaines de l’année 2009 ont déjà été marquées par plusieurs meurtres de femmes trans, assassinées au Honduras, en Serbie et aux États-Unis. Les hommes d’origine trans eux aussi sont victimes de crimes de haine, de préjugés et de discriminations bien qu’ils soient souvent “invisibles” aux yeux de la société.
Image : campagne du Centre contre l'homophobie