Lorsque je me suis attelé à l’écriture de ce billet ayant pour thème « La mode et moi », j’ai été pris d’un insondable vertige.
Que pouvais je donc bien écrire de pertinent, moi l’humble « nobode » de la « fashionsphére », moi qui n’était ni « glam chroniqueur » autorisé, ni « fashion policeman » assermenté, ni même « fashion weeker » assidu ?
Cent fois de suite, j’ai tourné le clavier de mon « ordi-mini » dans tous les sens, sans que rien de valable, ni d’original ne jaillisse.
Pas un mot pertinent, pas une phrase joliment troussée.
Rien. Du déjà vu, du déjà lu, du prémâché vaguement « modasse », du « fashion name-doping. » sans intérêt.
Angoissé et torturé devant mon écran vierge, par cette périlleuse mission, j’ai décidé de prendre du recul, de quitter mon bureau et de laisser reposer tout cela. Le temps pour moi de vaquer à mes occupations personnelles, espérant secrètement que l’inspiration viendrait plus tard.
Au cours de mon rituel déjeuner « pré-shopping » du samedi, la mine déconfite et l’œil triste, j’ai confié mes craintes, à mon adorable mère, qui tout en farfouillant dans son sac bambou Gucci 1973, à la recherche de ses lunettes de soleil Emmanuelle Khanh 1982, les a balayé d’un revers de son autre main baguée « trois or » by Cartier.
« Mon chéri tu n’as aucunement à t’inquiéter à ce sujet. Si tu ne sais pas quoi dire à propos de la mode, tu n’as qu’à parler plutôt de toi, dans ce fichu billet. Et ça au moins, je suis certaine que tu sais le faire, si j’en juge par le temps que tu consacres à t’épancher narcissiquement sur ton blog ! »
C’est donc ainsi rassuré et convaincu, que j’ai pris la décision, non sans une certaine forme de malice amusée de contourner quelque peu le sujet en anglant mon billet non pas sur « La mode ! La mode ! La mode ! Et aussi moi » mais bien plutôt sur « Moi ! Moi ! Moi ! Et by the way, la mode un peu aussi ! ».
Au cours de ce même déjeuner, ma mère ne manqua pas de me démontrer avec moult anecdotes savoureuses, combien tout petit j’étais déjà un garçon « sensible » ….. à la mode !
Et en effet, au plus loin que remontent mes souvenirs, je crois que j’ai toujours fait preuve d’une grande inclination pour le style, le vêtement, l’allure et la mode.
Comme tout le monde me direz-vous ?
Oui sans doute !
Quoi que plus précocement peut être que les autres, si vous me permettez …
Et si l’on en croit la légende familiale, il semble même que j’ai réussi, avec le bel aplomb de mes six ans, à brouiller définitivement mes glorieux géniteurs avec une de leurs amies croisée dans un aéroport et à qui j’aurais expliqué longuement, (avec force détails à l’appui de ma démonstration qui se voulait implacable), combien ses escarpins se mariaient mal avec sa robe. En clair, combien son look était à chier.
Ma mère, qui menait à cette époque, une existence mondaine active, en tant qu’épouse désœuvrée d’expatrié à l’étranger, m’assura qu’enfant, j’étais parfaitement intransigeant concernant son look, que je l’obligeais à venir me voir avant de sortir le soir, pour valider le choix de ses robes, de ses chaussures, de ses sacs à main, sous peine de caprices ou de crises de larmes dictés par un chagrin sincèrement stylistique !
J’ai en mémoire notamment quelques situations cocasses au cours desquelles, je l’ai envoyée se changer ou au cours desquelles je lui ai ordonné ce qu’elle devait porter, tandis qu’elle s’apprêtait à se rendre à tel dîner ou à telle réception, en décidant unilatéralement que « NON » ce n’ était « juste pas possible de sortir ainsi vêtue».
Nourrie aux films hollywoodiens dont enfant je raffolais, mon esthétique s’est forgée en admirant les robes « New look » de Lana Turner, les tailleurs « over-épaulés » de Barbara Stanwick, ou encore la longiligne silhouette, de l’élégante et mutine Audrey Hepburn.
La plupart du temps, je déplorais que ma mère n’en fasse jamais assez, qu’elle soit trop discrète, trop élégante, pas assez glamour.
Et ma pauvre maman avait bien du mal à me faire entendre que certes, les tenues spectaculaires de Marlène Dietrich, dans ses films, étaient sublimes, mais que celles ci n’étaient pas exactement adaptées à la vie réelle d’une femme « moderne » des années 70.
Je venais sans le savoir de découvrir un des traits marquants de ma personnalité future : mon goût du bling-bling et de la glam attitude.
Pouvais-je rêver plus belle preuve de l’étroitesse et de la force des liens qui m’unissaient à l’univers de la mode ?
To be continued ...