Le boudoir, une chambre à soi

Publié le 18 septembre 2007 par Katrin

Pourquoi j'aime "cet endroit discret,mysterieux, reservé, parfumé" qu'est un boudoir? Pourquoi cela me fait fantasmer tant et tant?

Tout simplement parce que ce lieu est un appel à "la bouderie": je boude le monde, je boude les gens, je me retire, je ferme la porte et c'est une autre porte que j'ouvre, celle vers mon être interieur qui a faim de livres, d'écriture, de rêves et de silence.

Cet espace, je le cherchais déjà, comme beaucoup de petites filles, dans ma chambre de poupées et dans la cabane aux arbres. Symboliquement, c'est en ces temps-là que j'ai crée "ma bouderie" dans le journal aux fermoirs secrets. Puis, il s'est déplacé ailleurs dans les maisons et les appartements que j'ai traversé: un coin de bibliothèque, un coin de chambre, un bureau...Peu importe où, il suffit d'une fenêtre, de rideaux à demi tirés, le souffle du désir, un rêve qui frémit.

En fait, quand je dis boudoir, je parle de "ma chambre à moi", mon refuge, mon abri, mon nid d'amour, nécessaire à l'accomplissement d'un rituel amoureux (avec les livres, la page blanche, mon amant adoré). Le boudoir de ces pages (de blog) est "un boudoir de conversations", un espace social; il n'est que le reflet très partiel de ce que je vis dans "ma chambre à moi".

Car paradoxalement, lorsque je "boude", il est bien rare que je lise des romans érotiques et que ma plume s'encanaille. Je lis des livres d'amour fou, des livres d'ombres et de lumière, des livres mystiques, des livres comme ceux de Christian Bobin, Claude Louis-Combet et Pascal Quignard auxquels je voue un culte passionné.

Virginia Woolf fait partie aussi de mon panthéon littéraire.

A elle qui disait: "Il est indispensable qu'une femme possède quelque argent et une chambre à soi si elle veut écrire une oeuvre de fiction", "la condition préalable à l’écriture par les femmes est d’avoir cinq cents livres de rente et une chambre dont la porte est pourvue d’une serrure", nous pouvons lui rendre honneur d'avoir eu l'audace de penser (et d'écrire) "la chambre à soi" pour qu'il puisse exister une écriture féminine.

Même si son point de vue semble d'un premier abord assez materialiste, il n'empêche que peut-etre, sans elle, nous n'aurions pu prétendre à cette intimité - pour rêver, imaginer, aimer - à laquelle nous aspirons tant, nous les femmes. Et puis pour écrire, pour créer, il faut souvent appartenir à un lieu refuge, cocon suspendu, où le temps n'est qu'une infinie jouissance et ouvre la fenêtre d'une inéliénable liberté.