Dans l'unique pièce de sa petite maison, les cinq jeunes femmes rassemblées autour d'elle baissent toutes la tête à son récit. Cette histoire ne leur est que trop familière. L'an dernier, le viol et le meurtre d'Eudy Simelane, joueuse de foot de l'équipe nationale, ont donné un visage aux victimes de ce drame quotidien, torturées à cause de leurs orientations sexuelles. Une expression décrit cette horrible réalité : "viol correctif". Les auteurs de ces agressions agissent par homophobie pour soi-disant "corriger" la sexualité de leurs victimes.
"Ce type de violence est en train de devenir le plus commun contre les lesbiennes noires des townships", s'alarme l'ONG internationale ActionAID dans un récent rapport. Elle illustre toute l'ambiguïté d'un pays qui, d'un côté, a l'une des constitutions les plus libérales au monde et a été le premier pays africain à autoriser le mariage homosexuel en 2006, mais où, de l'autre, une femme est violée toutes les 26 secondes et où l'homophobie est forte, en particulier dans les townships.