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Orléans : Un mineur condamné pour agression homophobe

Publié le 16 juin 2009 par Gagl45 @gagl45

L’intervention du GAGL du Loiret dans un procès pour agression sur un lieu de drague permet d’en faire reconnaître le caractère homophobe.

Le 11 avril 2009, après plus d’une heure et demie d’audience, le tribunal pour enfants d’Orléans a condamné Thierry*, 17 ans au moment des faits, à quatre mois de prison avec sursis et deux ans de mise à l’épreuve pour agression en réunion à caractère homophobe. Le jeune homme devra en outre payer les frais de justice et d’hospitalisation de la victime, Etienne*, 36 ans aujourd’hui, et verser une euro symbolique de dommages et intérêts au GAGL du Loiret qui s’était portée partie civile.


pont-europe

Il aura pourtant fallu batailler dur pour que soit reconnu, in fine, le caractère homophobe – circonstance aggravante – de cette agression.
Nous sommes dans la nuit du 4 au 5 août 2007, Etienne se rend, comme il le fait parfois, sur un lieu de drague gay connu de l’agglomération d’Orléans, quelque part au bord de la Loire, tout près du pont de l’Europe. Il y retrouve des visages habituels. Il s’assoit sur un banc avec eux. Vers une heure du matin, un groupe de sept jeunes débarque. « Oups ça pue » pense Etienne en les voyant arriver. Il décide cependant de ne pas bouger. Il ne servirait à rien de s’enfuir. L’un des membres du groupe s’avance alors vers lui pour lui demander si ça n’est pas lui qui a volé sa voiture (sic). Mais avant qu’Etienne ne puisse répondre, il est mis à terre et roué de coups. « J’ai cru qu’ils allaient me tuer » raconte aujourd’hui le jeune homme encore effrayé. Mais ses compagnons d’un soir, après s’être éloignés du groupe d’agresseurs, ont appelé la police. Qui arrive rapidement sur les lieux. Les agresseurs, sans doute alertés, ont pris la fuite.

Trois d’entre eux seront interpellés quatre mois plus tard, grâce, notamment, à la présence d’esprit d’un autre habitué des lieux qui relèvera les plaques d’immatriculation de deux véhicules stationnés à proximité. Rejetant la faute les uns sur les autres, ils finiront par avouer les faits tout en niant le caractère homophobe de leur acte, même si l’un deux reconnaîtra venir régulièrement au bord du fleuve «taquiner du pd» !
Le traumatisme pour Etienne – qui sera malgré tout arrêté huit jours – est principalement psychologique. Il a eu la peur sa vie. Une peur qui, près de trois ans après les faits, le marque encore. C’est l’interpellation des présumés coupables qui réveillera la douleur. Dans les mois qui suivent, Etienne aura du mal à dormir.
Dès le lendemain des faits, il va porter plainte au commissariat central en compagnie d’un responsable du GAGL, dont il fait partie. Dès lors, l’association, conseillée et soutenue par SOS Homophobie, n’aura de cesse de faire reconnaître le caractère homophobe des actes, que le rapport de police ne mentionne pas. Et pour cause : les agresseurs sont restés muets, se gardant de toute insulte.
Mais au procès, le doute n’y est plus. L’auteur ayant reconnu les faits – il présentera même ses excuses à Etienne -, la présidente du tribunal s’attachera – en vain – à faire avouer à Thierry ses intentions homophobes. La procureure enfoncera le clou avant que Me Paladino ne porte l’estocade.

« je veux aussi inciter les autres victimes à porter plainte» 


tribunal

De l’audience – à huis clos compte tenu de l’âge du prévenu au moment des faits -, Etienne se souvient d’une atmosphère surréaliste. Comme si ça n’était pas lui qui était là à ce moment-là. « Une ambiance bizarre » confirme Denis Lefevre, le président du GAGL, qui représentait l’association. Devant la mère désemparée de l’agresseur, il rappellera que celui qui a du courage dans cette affaire, c’est Etienne, pour avoir osé porter plainte quand tant d’autre victimes de faits similaires se murent dans le silence. « Je suis venu pour que ça s’arrête, poursuit Denis. Car ce lieu-là est, chaque mois, le théâtre de plusieurs agressions ». « C’est dur, reconnaît Etienne, mais je veux aller jusqu’au bout. Car le fait que ça soit reconnu par la justice va m’aider à passer à autre chose. Jusque-là, je me sentais humilié, rabaissé. La fierté en prend un coup ». « En venant au procès, ajoute le jeune homme timide, je voulais voir à quoi ressemblait mon agresseur, s’il avait l’air méchant. Je veux aussi inciter les autres victimes à porter plainte ». Tout comme un précédent procès orléanais l’a lui-même poussé à le faire.

Dans l’immédiat, Etienne attend le prochain épisode : la comparution, à une date non encore définie, devant le tribunal correctionnel, des deux prévenus majeurs. A suivre donc.

* les prénoms de l’agresseur et de la victime ont été changés


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