A 22 ans, sans emploi, Medhi Wilson rêve de quitter son petit coin de Berry pour aller vivre à Hong Kong. Marqué au fer rouge pendant sa préadolescence, il ne doit son salut qu’à l’amour… et à la « fée clochette ». Il en témoigne avec courage.
« Un soir il est rentré chez lui après le travail, il été très énervé, j’ai essayé de le calmer, de lui dire que moi j’étais là, que je tenais à lui. Alors il m’a serré très fort et il m’a frappé, si fort que je n’arrivais plus à respirer. Au bout d’une heure, je ne ressentais plus rien, je voyais ses coups partir mais mon corps ne répondait plus, alors je suis resté par terre et j’ai attendu qu’il en finisse. Après deux heures de coups non stop, il m’a transporté dans son lit, il m’a dit que je n’étais qu’une merde, un pauvre type, que j’étais le mec le plus laid qu’il ait jamais rencontré ».Les mots sont durs. Mehdi a 15 ans lorsqu’il vit ces terribles moments, avec son premier amour, un homme de 25 ans, comme bourreau. Aujourd’hui encore, la plaie reste à vif : « On ne répare pas un cœur qui vole en mille éclats » a récemment écrit le jeune homme sur Facebook.
Plus tard, vers 17 ans, il devra faire faire aux avances puis, face à son refus, au harcèlement moral du patron de l’agence de communication où il a trouvé un emploi. Un travail qui lui plait pourtant. Las. Cette fois, il contactera un avocat qui, preuve à l’appui (sms, conversations msn) négociera licenciement à l’amiable. Mehdi se dit aujourd’hui qu’il aurait peut-être dû aller aux prud’hommes, pour que l’indélicat employeur ne recommence pas avec un autre.
Auparavant, Mehdi aura tenté une formation de styliste, « mais je suis tombé sur une prof de couture qui ne comprenait pas qu’un garçon puisse préférer la couture à la mécanique » déplore Mehdi avec regret.
Pendant cette prime jeunesse, Mehdi doit aussi faire face à une autre difficulté majeure : son obésité et toutes les vexations et humiliations qui vont avec. Paradoxalement, c’est en découvrant son attirance pour les garçons qu’il va commencer à maigrir. Le stress – aggravé par le rejet violent dont il fait l’objet de la part de la famille musulmane de sa mère – va lui faire perdre du poids.
Le tableau ne serait pas complet si l’on ne précise pas que, lorsque Mehdi avait 10 ans, sa mère algérienne quitte son père, d’origine italienne, pour un autre homme.
On comprend que, face à d’aussi terribles épreuves, il soit arrivé à Mehdi de penser au suicide. Mais le jeune homme va tenir le coup. Pour son frère Hakim, son cadet de cinq ans dont il doit s’occuper, en l’absence de sa mère et pour aider son père ouvrier. Parce qu’à 17 ans, il va rencontrer Dimitri et, très vite, au bout de trois semaines, quitter le domicile familial pour aller vivre avec lui en lançant à son père et à sa sœur : « Je suis homo. Acceptez moi comme je suis car je ne pourrais pas changer ou je devrais partir ».
« La fée clochette m’a aidée » assure aujourd’hui Mehdi avec un large sourire qui, « depuis tout petit » est fan de Disney (il va à Disneyland Paris deux fois par an) et des princesses en particulier, comme en témoigne la collection de figurines sur les étagères de sa chambre. Arielle la petite sirène est sa préférée, « parce qu’elle est prête à laisser toute sa famille et tout son passé pour un homme ».
Pour l’heure, Mehdi est aux petits soins pour une vraie princesse : sa mère, qui va se remarier le 1er août. C’est à lui, son témoin, que revient la mission d’en faire la reine d’un jour : robe de mariée, coiffeur, manucure, il s’occupe de tout.
Un autre jour, à son tour,- « bientôt j’espère » – Mehdi s’unira à son prince charmant.
Son livre préféré : Geisha d’Arthur Golden dont a été tiré le film Mémoires d’une geisha de Rob Marshall.
Son réalisateur préféré : les thaïlandais frères Pang (Oxide et Dany)
Son plat préféré : le potage pékinois
Quand il sort, c’est chez des amis.