Gayvox et Carlotta film , My own private Idaho de nouveau en salle le 16 septembre

Publié le 14 septembre 2009 par Gayvox

My own private idaho

Reprise par Carlotta Films - Sortie nationale le 16 septembre 2009
Un film de Gus Van Sant
Avec : River Phoenix(Mike Waters), Keanu Reeves(Scott Favor),James Russo(Richard Waters), William Richert (Bob Pigeon), Rodney Harvey(Gary), Chiara Caselli(Carmella)...
Durée : 1h45
Sortie en France, le 15 Janvier 1992
Synopsis
Mike et Scott vivent parmi les marginaux de Portland, partageant leurs solitudes, les drogues et les hommes ou femmes à qui ils se vendent. Mike est introverti, homo et souffre de crises de narcolepsie. Enfant abandonné, il est obsédé par l’idée de retrouver sa mère. Scott, lui, est le fils du maire de la ville, un homme qu’il déteste et qui cherche à lui imposer un avenir tout tracé.

Mike ne cache pas son amour à Scott, qui se refuse pourtant à lui. Ensemble, ils prennent la route pour retrouver la mère de Mike. Le voyage les mène en Idaho, puis au-delà, bouleversant leurs valeurs mutuelles…

Avis sur le film
My Own Private Idaho incarne pour ainsi dire la quintessence du cinéma indépendant américain.
Gus Van Sant, dans une démarche résolument post-moderne, multiplie les références (de Shakespeare aux road-movie en passant par le cinéma undergroundgay) et signe une oeuvre arty complexe, onirique, frénétique et bouleversante sur le vide de l'existence et le manque d'amour. Et sur plein d'autres choses aussi.
Mais c'est surtout le vide qui intéresse Van Sant, comme plus tard dans Gerry ou Last Days. Ici, le vide est sans cesse comblé par trop de couleurs, trop d'images, trop de mouvements, trop de sons. Le film avance à un rythme fou, il ne cesse jamais d'avancer, mais il fait du sur-place, et la faille reste béante. L'existence de Mike tout comme celle de Scott reste vide de sens, vide de substance. River Phoenix, le James Dean des temps moderne et sans doute le plus grand acteur de sa génération, incarne un héros grunge par excellence, laconique, dépressif, drogué et désemparé.

Avec une mise en scène toujours plus audacieuse, expérimentale et tout simplement sublime, Gus Van Sant filme le parcours chaotique et vain de Mike avec une compassion totale et toujours une pointe d'humour et d'ironie malgré la dimension tragique de l'ensemble.
My Own Private Idaho est plein de non-dits et de douleur, il est fin, romantique, politique, philosophique, drôle et mélancolique à la fois, taciturne et éxubérant, et à peu près tous les adjectifs du monde. Un grand film, extrêmement riche, insaisissable et attachant comme pas possible, qu'il faut sans doute revoir pour en comprendre toute la beauté. Totale satisfaction en tout cas.

Il serait injuste de ne pas évoquer River Phoenix, sans qui le film ne serait pas ce qu’il est. Etoile filante du cinéma américain, mort d’une overdose, il donne toute la grâce nécessaire au personnage de Mike, clochard céleste, héros mythique américain comateux, jamais vraiment endormi ni jamais vraiment réveillé. Le film lui doit une présence unique entre le trivial le plus cru et la grâce d’un ange, fragile comme un nuage. Un nuage en accéléré qui voilerait la lune pour mieux nous trancher l’œil de sa beauté éclatante.
A voir ou revoir!