Le dictionnaire de l’Académie Française est assez laconique en ce qui concerne "l’escarpolette" : "c’est une "espèce de siège suspendu par des cordes, sur lequel on se place pour être balancé dans l'air. Les jeux de l'escarpolette figurent dans beaucoup de tableaux et d'estampes du XVIIIe siècle.
On dit aussi « Pousser l'escarpolette. Se mettre à l'escarpolette. Le jeu de l'escarpolette.
Fig. et fam.,. Une tête à l'escarpolette. Un étourdi."
Le littré est beaucoup plus précis sur son origine. Le mot viendrait de "Echarpe". "D'après Ménage, l'escarpolette étant une grande écharpe, sur laquelle on s'asseyait. D'Aubigné semble donner à ce mot le sens "d'escarpe".
L’origine italienne "scarpelletta" confirme le sens : "petite écharpe".
Le dictionnaire de la Conversation explique que l’exercice viendrait d’anciens rites liés à Bacchus que l’on célébrait en se balançant sur une corde attachée à deux arbres. « Dans les fêtes des vendanges, les latins étaient également dans l'usage de se balancer sur une corde attachée à des pins. »
L’encyclopédie ou le dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et d’Alembert est un peu plus prolixe : l’escarpolette est un « exercice de campagne qui consiste à s’asseoir & à se balancer sur une planchette, attachée par ses extrémités, à deux cordes qui se tendent à deux arbres éloignés d’une distance convenable, & qui la tiennent suspendue en l’air à la hauteur qu’on souhaite. Une ou deux personnes entretiennent la planchette en volée, en poussant les cordes, lorsque la planchette est descendue à son point le plus bas, du côté où elle va remonter. ».
L’escarpolette est bel et bien une gymnastique du désir ; elle est la balançoire des jeux d’adultes galants, non dénués de perversité. Contrairement au jeu de la balançoire qui reste un jeu enfantin et sans conséquences.
Dans la légende de Krishna, Râdhâ, la jeune bergère, se balance debout sur l'escarpolette. Au rythme d’une musique céleste, les oscillations de la balançoire traduisent l’hypnose érotique et amoureuse que ressentent les amants. Selon Erwin Gradman, "la balançoire est devenue le symbole du ravissement et du désir suprêmes. Dans le culte de Krishna, l'escarpolette est le symbole des extases de l'amour mystique, en même temps que l'accessoire obligé des cérémonies et des fêtes rituelles."
Sachons enfin, que "la balançoire" semble être un terme récent. Furetière parle de "brandilloire" : "Cordes ou autres pareilles choses attachées au plancher qui servent à se brandiller, ou a brandiller quelque chose.
Se balancer: se brandiller. Se faire aller de coté et d'autre sur une brandilloire".
Quel miracle que la langue française ! Voilà encore un terme savoureux : "brandiller", se mouvoir de ci de là, brandiller des jambes, frétiller des cuisses, faire frotti-frotta… On pourrait même dire "se brandiller", pour dire "se branler"… Regarde-moi sur l’escarpolette comme "je me brandille", ou vient "branler" (faire bouger, agiter) l'objet avec ton "brandon" (torche servant à allumer du feu)...