« Prépares toi » me dit-il, ce que je fis. Un peu mal à l’aise avec mes talons, mes bas et ma robe noire ajustée, il ne m’a rien dit juste « tu es très jolie ». Je suis montée dans sa voiture je n’ai pas posé de questions. Je savais au fond de moi ce qui allait se passer car il m’avait parlé de ce lieu hors du commun qu’il voulait connaître avec moi. L’appréhension est perceptible mais après tout, ce n’est pas l’homme de ma vie, juste quelqu’un qui passe et avec qui je profite de ces instants qu’on ne partage pas avec tout le monde. Nous arrivons devant cette porte qui cachait des plaisirs insoupçonnés. Le silence de la rue, mes talons qui claquent sur le sol, il sonne, un bel homme brun nous ouvre, il nous dévisage pour voir si « nous convenons ». Oui. Des miroirs partout dans l’entrée, je n’ai pas d’autre choix que de voir mon image dans le miroir et me dire « qu’est-ce que je fais là ? » La curiosité ça c’est certain, l’envie ? Je ne sais pas encore mais je vais vite le découvrir.
Je croise une femme très belle et très peu vêtue, je descends l’escalier étroit, la piste de danse apparemment « normale », le bar encore peu rempli et puis « derrière », le mystère. L’endroit est joli, feutré, je me sens déjà plus à l’aise. Les hommes et les femmes élégants, les serveuses aimables. Je m’imaginais un endroit plus sombre et mal fréquenté, et bien j’étais à mille lieues d’imaginer qui j’allais croiser. Je ne me laisse pas impressionner. J’avance avec lui une coupe de champagne à la main, je me sens un peu mal à l’aise avec mes talons mais je continue stoïque pour voir ce qui se passe dans les alcôves, je frôle les mûrs, j’ai l’impression d’être une intruse, de violer leur « fausse » intimité. Un des salons est libre, il me prend par la main, me rassure, me dit que pour lui aussi c’est la première fois. La musique est douce, langoureuse, nos ébats commencent, je sens qu’on nous regarde discrètement à travers le voilage, mais l’ambiance ouatée me fait oublier tout cela. Une main puis une seconde, ces deux-là je les connais, très douces et chaudes. Une troisième plus froide me laisse dire que c’est celle d’une femme, je ne regarde pas, je continue à me laisser aller. Je quitte tout doucement ces mains connues pour celles que j’allais découvrir et ce fut ma première fois, celle dont je me souviendrai pour sa douceur, son tact et son sourire. Ces moments-là ne se partagent pas, ils sont vécus et restent juste là dans la mémoire comme un secret bien gardé.
Louison