" Après de longues discussions, le kiss-in fut décalé de l’autre côté de la Seine, place St Michel, qui est vraiment un lieu hautement symbolique de la culture gay – enfin, heu, non, pas du tout. À ce stade, on aurait pu choisir n’importe quel endroit : les homosexuels et les lesbiennes qui s’embrassent dans le quartier latin, c’est aussi revendicatif que s’ils se positionnaient, je sais pas moi, sur la place de la Bastille ou en face de la boutique Uniqlo."
Pour qui suit l'organisation de ces kiss-in, c'est justement ce que semblait souhaiter les organisateurs, ainsi que tous leurs relais en région : choisir des lieux simples, quotidiens, pas forcément symboliques (l'église St Michel est la partie immergée de l'iceberg...), la plupart étant des places, parfois devant la mairie. Autant dire, un acte dépolitisé, mais assumé. Devons-nous nous en plaindre ? La réalité des homosexuels en Province n'est pas celle de Paris. Pour réunir un maximum de monde (mais jamais plus de 40), les organisateurs ont choisi des lieux neutres. Mais d'abord dans une démarche militante : les homos doivent aussi pouvoir s'embrasser quotidiennement devant ces lieux neutres. Pas juste à la gay pride.
La province doit-elle chercher le buzz médiatique devant des lieux symboliques pour ses kiss-in, risquer de radicaliser son mouvement ? La polémique parisienne semble suffire à relayer la revendication première : devant uniqlo, sur la place de la Bastille, je veux et je peux embrasser qui je veux, quand je veux, à Dunkerque, au Mans, à Nice...
Didier Lestrade rappelle que c'est le mouvement Queer Nation qui a ressuscité les kiss-in à New York au début des années 90. Les garçons et les filles qui les faisaient choisissaient des bars et des clubs si hétérocentrés que leurs actions étaient risquées. L’idée était de confronter les hétéros plus ou moins sobres avec une action qui s’apparentait au zap (les actions d'act up souvent provocatrices) et qui pouvait mal tourner. Il y avait une idée de confrontation.
Le mouvement des kiss-in est de tout autre nature. Il n'est pas associatif. Il ne cherche pas le symbole, juste le nombre. Après des années de militantisme de combats, et il faut bien le dire, par un petit nombre (mais à qui tout le monde est reconnaissant), ce mouvement "citoyen" peut sembler un peu fade aux plus âgés, qui ont lutté pour les droits que nous avons aujourd'hui, et ça fait encore assez peu... (PACS, loi contre l'homophobie...)
Certes il reste encore à faire et on peut trouver dommage que, vu l'impact médiatique des kiss-in en région, ils ne portent pas davantage de message qu'intrinsèque.
Mais les kiss-in sont un mouvement complémentaire : aux
Vont-ils s'essouffler ? Doivent ils changer pour rassembler davantage, ou au contraire, compter sur leur nature pour marquer davantage ?
Reste que cette édulcoration (sommes nous devenus des "Bisounours" comme le dit Bruno Maillé sur Causeur.fr ?), a l'intérêt de rassembler. Populiste ?
N'y a t-il pas là une évolution, le symbole d'un militantisme tenté par la face positive, mais qui croit à nouveau, que cela peut changer ?
La naïveté du mouvement est sa plus grande réussite. Et peut-être, son plus grand atout pour changer, non les lois ou les droits comme le font ardemment les associations, mais les esprits, la vision des homosexuels, et aussi leur présence.
Elle démultiplie les évenements LGBT, sans défaire les actions existantes.
Elle montre aussi la difficulté des assos traditionnelles à rassembler, à se renouveller, à comprendre parfois ce qui anime sa jeunesse.
Les kiss-in, jusque là, ne manquent pas de succès.
D'où, forcément, l'arrivée des critiques et du débat.
Constructif, forcément constructif.
Source : le site Minorités.org
Magazine Gay
Kiss-in : Didier Lestrade et Causeur.fr déplorent la fadeur du mouvement. Pour ou contre ?
Publié le 25 février 2010 par VeryfriendlySes derniers articles
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