Magazine Beaux Arts

La photographie n’est pas l’art

Publié le 29 avril 2010 par Marc Lenot

Un peu tard pour en parler (l’exposition vient de fermer), mais j’ai visité, le dernier jour ou presque, l’exposition de photographies de la collection Sylvio Perlstein au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg (après Bruxelles).

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L’exposition il y a trois ans à la Maison Rouge ne laissait à la photographie qu’une portion congrue; ici, au contraire, elle est le sujet même de l’exposition (titrée, bien sûr, ‘La photographie n’est pas l’art’), juste accompagnée par quelques oeuvres discrètes comme un bâton de Cadere. Ce n’est sans doute pas très facile d’organiser la présentation d’une collection aussi riche; le choix, ici, a été une thématique assez simple : corps, objets, espaces, mots, scènes, masques et visages. Perlstein s’est beaucoup intéressé aux surréalistes et le corps est roi ici. Les autres sections en pâtissent un peu : objets absurdes ou détournés, mots déclinés et exposés, scènes théâtrales (avec la belle série de la subversion des images de Paul Nougé, ci-contre à droite), espaces fabriqués ou saisis au vif (le tableau-miroir de Pistoletto m’évoque le texte, récemment réédité, de Jean-François Chevrier sur la dimension temporelle de ces oeuvres). Les visages sont superbes, de LHHOQ à la Marquise Casati, et je ne résiste pas au plaisir de vous offrir à voir le Portrait de l’artiste de Marcel Mariën (en haut), comme une origine du monde dans laquelle le photographe voyeur se fondrait.  

Les corps photographiés ici, souvent nus, peuvent être banaux (Delphine Kreuter au supermarché), d’un érotisme ordinaire (une sculpture de John De Andrea), tragique (un picture1.1272464805.jpegamoncellement de Spencer Tunick à New York), douloureux (l’écorchement d’une deuxième peau par Nicole Tran Ba Vang), mystérieux (l’infibulation d’une bouche par Ann Mandelbaum, Untitled #67) ou grotesque et hilarant de foufoune1.1272464791.jpgprovocation outrée (bonne soeur se masturbant par Andres Serrano, The triumph of the flesh). Mon préféré se nomme L’ambitieuse par Leo Dohmen (ci-contre à gauche).

Le Musée présentait en même temps ses propres collections photographiques; outre un étonnant cliché-verre de Corot et de belles compositions de Patrick Bailly-Maître-Grand, c’était l’occasion de voir les nombreux nus et portraits de Jacqueline Rau.

Sur la photographie surréaliste, voir aussi ce billet.


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