Lettre ouverte commune de David & Jonathan, HM2F (Collectif citoyen des homosexuel-le-s musulman-e-s de France) et du Beit Haverim (Groupe juif gay et lesbien de France) pour la journée mondiale de lutte contre l’homophobie dont le thème est "homophobie et institutions religieuses":
David & Jonathan (Mouvement homosexuel chrétien), HM2F (Collectif citoyen des homosexuel-le-s musulman-e-s de France), et le Beit Haverim (Groupe juif gay et lesbien de France) ne peuvent accepter que les trois grandes religions monothéistes puissent servir de prétexte pour discriminer les individus LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels ou transsexuels).
Nous – chrétien-ne-s, musulman-e-s et juif-ve-s –, appartenant de fait à une minorité sexuelle : · réaffirmons qu’une juste lecture de nos textes sacrés appelle à la paix, à la fraternité et au respect de chacun, · revendiquons d’être accueillis dans nos églises, temples, mosquées et synagogues comme des croyants à part entière, · appelons les autorités religieuses chrétiennes, musulmanes et juives à tenir un discours non ambigu ou discriminatoire vis-à-vis de la population LGBT, · réaffirmons que toute forme de violence verbale ou physique, tout discours qui peut la légitimer, toute attitude qui stigmatise ou discrimine les individus LGBT, va clairement à l’encontre de l’esprit de nos traditions religieuses et du progrès du droit individuel, tant au niveau de la République française que de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe.
Si nos associations se félicitent que des États européens accordent de plus en plus aux personnes LGBT les droits fondamentaux reconnus aux hétérosexuels (et non des droits spécifiques), nous n’oublions pas que, dans de nombreux pays du Conseil de l’Europe, nos droits sont bafoués chaque jour et que nos militants risquent parfois leur vie pour leur reconnaissance. Or, trop souvent encore, ces violences sont légitimées par des motifs prétendument religieux.
En effet, les autorités religieuses nous stigmatisent encore souvent, allant parfois jusqu’à nier ces droits humains fondamentaux. Certains de nos coreligionnaires, au mépris des intérêts mêmes de nos communautés, nous refusent ainsi toute dignité humaine, nous déniant le droit de vivre dans celles-ci notre spiritualité, ne reconnaissant pas la dignité de nos amours, allant jusqu’à appeler à la restriction de nos droits civils.
Nous affirmons être des croyants comme les autres, ni meilleurs, ni pires. Si certains de nos coreligionnaires condamnent sans appel notre nature profonde, notre identité de genre et nos préférences sexuelles, nous restons attachés avec conviction à la foi et aux traditions de nos aïeux et ne revendiquons aucun droit particulier, si ce n’est celui d’être reconnus et acceptés dans nos communautés pour ce que nous sommes : des hommes et des femmes croyant-e-s qui, de fait, appartiennent a une minorité sexuelle.
En cette journée contre l’homophobie et la transphobie du 17 mai 2010, nous appelons les autorités religieuses à accueillir l’existence réelle des personnes LGBT et à œuvrer pour le respect élémentaire qui leur est dû.