En Ouganda, Usaam Mukwaya a subi les pires humiliations et menaces à cause de son homosexualité. Pour vivre librement, ce militant homosexuel vient d'arriver en France pour demander l'asile.
Usaam Mukwaya est un paria. Depuis que la presse ougandaise l’a outé, photo et nom à l’appui, sa vie est devenue un enfer. Sa famille et ses amis l’ont rejeté, son employeur renvoyé, les passants l’appellent "sodomite". Sur un marché, il a même été battu et des Musulmans ont appelé à l’assassiner. Quant aux forces de l’ordre, le militant LGBT et anti-sida de 25 ans explique "La deuxième fois que la Police m’a arrêté, j’ai été torturé. J’ai déposé un dossier à la Commission des droits humains d’Ouganda, et j’ai été débouté".
Le 14 février 2010, dans la capitale ougandaise Kampala, Usaam Mukwaya a rencontré Louis-Georges Tin, président du comité IDAHO. Touché par son histoire, le militant français a lancé une procédure de demande d’asile, et mobilisé le consulat français en Ouganda ainsi que les ministères de l’Immigration et des Affaires étrangères. Une aide ayant permis à Usaam Mukwaya d’arriver en France, le 6 juin 2010, avec un visa qui lui permettra de finaliser sa demande d’asile. Il espère une nouvelle vie.
Quand on lui demande pourquoi il a choisi de venir en France, Usaam Mukwaya déclare "Premièrement, Louis-Georges, qui est Français, était la première personne à qui j’ai parlé de ce qui m’est arrivé. Il m’a dit qu’il allait faire de son mieux pour me sortir de cette situation. Une autre raison : je sais que la France est un pays libre, et on m’a dit qu’elle est très respectueuse des droits de l’Homme. Alors je me suis dit que, peut-être, en venant en France, je serais libre d’être gay". Pour obtenir le droit d’asile en France, Usaam Mukwaya devra prouver qu’il a été persécuté, que sa vie était en danger dans son pays en raison de son orientation sexuelle.
Pour prouver cette situation, le militant LGBT a envoyé des documents à l’ambassade de France en Ouganda, notamment, des copies de journaux où il y a des photos de lui et des lettres qui lui ont été envoyées par les autorités locales. Une de ces lettres lui dit qu’il a une semaine pour déménager du village où il vivait et que, si il ne le faisait pas, on le brûlerait avec ses affaires. Usaam Mukwaya a aussi un rapport de son avocat en Ouganda qui fait le point sur tout ce qui lui est arrivé. S’il obtient l’asile en France, il continuera à se battre pour les LGBT en Ouganda. Il déclare "Même quand j’ai eu des problèmes, j’ai continué à faire ce que j’avais à faire parce que je ressentais de la peine pour les autres". Il poursuit "Je vous donne une image : vous plantez un manguier. Si vous mourez vous n’allez peut-être pas en savourer les fruits, mais vos enfants, vos arrières-arrières petits enfants pourront, eux, manger les mangues. Alors si j’ai la chance d’obtenir le droit d’asile en France, cela m’aidera à aider l’Ouganda pour que les LGBT de mon pays puissent avoir des droits".
Au sujet du projet de la loi anti-gay dans son pays, il déclare "Il y a quelques semaines, une commission a étudié le projet de loi et décidé qu’il ne pouvait pas marcher en Ouganda".
Il explique qu’à cette nouvelle, les Musulmans ont organisé une conférence dans une sorte de square de Kampala pendant deux-trois jours.
Ils ont dit "Si le projet de loi ne passe pas, nous devrons tuer les homosexuels". Usaam Mukwaya explique que ces Musulmans disaient qu’ils avaient fait des recherches, qu’ils essayaient de savoir qui est qui et qu’ils avaient entraîné des gens à tuer, et que ces gens tueront. Ce sont toujours les religieux qui incitent à la haine.
Espérons que Usaam Mukwaya obtiendra l’asile en France, où il pourra continuer d’aider les LGBT persécutés en Ouganda.
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posté le 14 juin à 00:43
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