Prêtres gays romains: l'article de Panorama fait controverse

Publié le 26 juillet 2010 par Louis2debaviere @munichandco

Il n'y a pas que l'église catholique à dénoncer l'article sensationaliste de Panorama sur la vie sexuelle des prêtres gays romains. Les associations gays elles aussi stigmatisent la présentation pour le moins biaisée de l'homosexualité qu'a véhiculé cet article.

L'église catholique ne nie pas l'évidence de l'homosexualité de certains prêtres, tout en dénonçant l'article et en s'efforçant de minimiser le phénomène. D'une part elle attaque le phénomène: s'il y a des prêtres gays, qu'ils se montrent au grand jour et quittent l'église, parce qu'ils salissent l'image du sacerdoce et profitent de ses avantages. Mais d'autre part,  des voix de la hiérarchie catholique se sont aussi élevées pour mettre en doute l'authenticité des faits relatés. On le voit, le Vatican perd les pédales et réagit à la fois par la stigmatisation des prêtres homosexuels pratiquants (lire:  pratiquant l'homosexualité) et le déni de ces pratiques. Au déni, l'éditeur responsable de Panorama, Giorgio Mulé, vient de répondre en faisant savoir qu'il dispose des noms et des adresses des prêtres figurant dans le reportage. Le Vatican avait aussi dénoncé, par la voix du Cardinal Agostino Vallini du Vicariat de Rome, que l'article visait surtout à créer le scandale et à diffamer tous les prêtres, d'autant plus que le magazine citait un prêtre, un dénommé Carlo', qui prétendait que 98 pour cent des prêtres romains sont homosexuels.

Que l'article joue sur le sensationalisme et utilise la politique de la canonnière semble effectivement difficile à nier. La question est de savoir si Panorama, qui appartient rappelons-le au groupe Mondadori qui fait partie de l'empire médiatique de Silvio Berlusconi, a lancé la controverse par souci d'information, pour attirer la clientèle ou pour combattre politiquement l'église, les trois motivations pouvant de plus se combiner en tout ou en partie. Qu'il y ait anguille sous roche est tout aussi difficle à nier: des observateurs font remarque que l'an dernier le Vatican aurait lui-même mené l'enquête sur la moralité des prêtres vivant à Rome, soient 2000 prêtres étrangers pour 1300 prêtres italiens.

Dans les milieux gays italiens, on ne se montre pas plus satisfait de l'article. Ainsi Aurelio Mancuso, président honoraire du mouvement gay Arcigay, dénonce-t-il le tissu de stéréotypes véhiculés par l'article sur le comportement homosexuel. Panorama présente en effet les prêtres gays romains comme des dépravés seulement intéressés par le sexe occasionnel, profanant à l'occasion l'habit sacerdotal. La page de couverture qui offre le gros plan de mains ecclésiastqiues porteuses de chapelet et d'ongles vernis d'un rose incandescent peut se lire comme fétablissant l'équation pour le moins réductrice homosexualité-travestissement féminin. Le journaliste semble également  ignorer totalement que l'homosexualité est une des orientations sexuelles faisant normalement partie de la diversité humaine et ne s'intéresse qu'à certains prêtres ayant des rapports sexuels occasionnels. Un peu comme si en faisant un article sur le comportement hétérosexuel des prêtres, on ne présentait que les prêtres se rendant au bordel pour des rapports sexuels fugitifs, et qu'on ignorait les prêtres vivant en couple, ayant des relations affectives et amoureuses, une sensibilité relationnelle, des émotions, etc. Et d' ailleurs, le sexe occasionnel doit-il être considéré comme dépravé et pervers? Tout cela ne relève-t-il pas d'un parti pris éditorial raccoleur qui considère le lecteur italien lambda comme un immature voyant la sexualité sous le seul angle de la culpabilité et de la perversion?

Un autre quotidien appartenant aux medias berlusconiens, Il Giornale, a encore mis de l'huile sur le feu déclenché par Panorama: dans un article daté d'hier et intitulé AAA Prêtre cherche amitiés particulières, il présente  le site web Venerabilis.tk, un site destiné aux prêtres et qui offre surtout une chat room, un espace de discussion. Le site en question est d'ailleurs fort préoccupé, on peut aisément le comprendre, par la controverse soulevée par Panorama, et présente un répertoire de liens qui renvoie vers les nombreux articles que la presse itqlienne y consacre. A noter que Gay Kosmopol n'avait pas attendu la controverse et avait déjà présenté ce site à ses lecteurs en 2008.

L'affaire est sans doute à suivre.