Yutte Stensgaard : Femme Fatale N°4

Publié le 01 août 2010 par Darkplanneur @darkplanneur
Aujourd'hui Patrice Verry, nous présente une Vampire Viking à se faire croquer...YUTTE LA DANOISE…

Née en mai 1946, Jytte Stensgaard émigre en Angleterre en 1963 où elle accumule les petits boulots alimentaires (jeune fille au pair,…) pour finir comme serveuse dans une petite boite de Soho et servir de modèle pour des photos. Sa rencontre avec Ronald Curtis est déterminante dans le déroulement de sa « carrière »….il la prend sous son jouc et l’inscrit son école d’art dramatique où elle va faire ses classes pendant quatre ans. C’est pourtant dans son pays d’origine, le Danemark, où Jytte tente son premier essai (avorté) en participant en 1966 au casting d’un film du futur réalisateur du Festin de Babette. Mariée à 20 ans avec le fils de Ronald, le décorateur Anthony Curtis, elle commence alors à obtenir enfin quelques contrats pour apparaitre dans une poignée de téléfilms et quelques pub’.

 

Stratégie oblige pour s’intégrer plus facilement dans le petit monde du cinéma, par souci de prononciation, Jytte se transforme en Yutte….la danoise au regard océan s’émancipe…

 

Son premier (petit) rôle elle l’obtient dans  l’italien La ragazza con la pistola (1968) menée par la magnifique Monica Vitti. L’année suivante elle s’exhibe dans Destination Zebra aka Zeta One (The Love Factor) dont elle garde un souvenir bien amer : “C’était totalement stupide. J’en ai honte. Quand je pense que c’est mon beau-père - alors mon agent  - qui m’a poussé à le faire ! ». Ne cachons pas notre plaisir, il existe pourtant un intérêt certain à cet ovni grâce à une séance-séquence d’effeuillage lors d’un strip poker finement arrosé.

Le Some Girls Do de Ralph Thomas (1969) lui fournit l’occasion d’incarner un robot (après tout), elle côtoie les grandes figures du fantastique (Peter Cushing, Christopher Lee, Vincent Price) dans un monde menacé par un groupuscule totalitaire dans Lâchez les monstres ! (Srceam and Scream Again de Gordon Hessler, 1970) et flirte avec la « série » fleuve – anglaise - potache (à succès) des Carry On !
Son rôle le plus troublant, elle l’incarne dans le séducteur Lust for a Vampire (Jimmy Sangster, 1971), second opus d’une « trilogie » consacrée au mythe de Carmilla initié d’après le romancier irlandais Sheridan Le Fanu. Son fin minois, incarnation d’une innocence vampirisée, revêt un caractère virginal emprunt d’une sensualité à fleur de peau. Sous une domination irradiante, les regards plongent dans ses décolletés propices aux rêves, tandis que les furtives apparitions laiteuses de son opulente poitrine nous laissent hagard. Diabolique on vous dit !!
Aparté et place au sport avec une Yutte en pleine forme en prof de karaté dans un épisode de bonne facture d’Amicalement votre, puis retour au classicisme gothique dans une énième adaptation des aventures des célèbres body snatchers (récupérateurs de cadavres) Burke and Hare dans le film éponyme de Vernon Sewell (1972) où l’on peut l’apercevoir en prostituée dans une maison close bien animée.

Mais voilà, l’âge d’or de la Hammer et du fantastique anglo-saxon semble bien révolu. A l’aube des seventies Le public délaisse ces productions qui peinent à se renouveler pour un cinéma plus audacieux et moderne, l’essor du Nouvel Hollywood domine et signe la fin d’une époque.


Et Yutte ?...sa carrière s’épuise, son mariage s’essouffle,…..elle se remarie en 1974 avec un producteur américain. Après quelques nouvelles tentatives pour percer aux USA, elle renonce face à une concurrence devenue farouche….Le cinéma est derrière elle, reste son « cinéma », sa vie devient un roman, elle divorce à nouveau d’un homme à « femmes »…et se lance dans la mode.  Un beau (ou mauvais selon…) jour elle est captivée par le discours radiophonique d’un religieux. C’est une révélation pour Yutte, elle décide de le rencontrer, et de rester à ses côtés pour défendre sa philosophie de la vie…bref…aujourd’hui elle s’occupe de la promotion d’une station de radio de l’Oregon et avoue être heureuse. Ainsi soit-il !

Patrice Verry