Difficile, mais si présent. La réalité me rattrape à nouveau malgré ma lutte intérieure, malgré le plaisir des moments partagés avec toi. J’ai changé. Je n’ai plus la même joie de vivre, je le sais, je le sens, mes amis aussi apparemment qui oublient de m’inviter parfois. Ma libido est en berne alors qu’elle est si importante pour mon équilibre. Tu diras que ce n’est pas important, qu’une relation ne peut se baser uniquement sur ce socle si fragile. C’est hélas important pour moi, primordial. Certainement pas normal - une thérapie ne serait peut-être pas superflue - mais j’y puise aussi mon énergie. Ça ne fonctionne pas sexuellement entre nous, on aura essayé, j’aurai essayé, toi aussi, trop timidement c’est sûr, de ton côté comme du mien, mais ça ne prend pas, on ne peut que le constater. Tu le ressens toi aussi, je le sais, tu l’avais déjà ressenti lors de notre précédente séparation et tu essaies comme moi de refouler ce sentiment. Il est pourtant là, je ne pense qu’à ça et il n’est plus possible de se le cacher. Je vois bien que tout cela est secondaire pour toi. Malgré mes quelques remarques - certainement trop timides encore une fois, mais tu sembles si hermétique à ce sujet – concernant par exemple ton manque de douceur qui te précipite vers l’acte brut sans aucune place pour la sensualité, sans aucune érotisation, ou la pilosité de ton sexe que j’aurais préféré moins présente. Je suis responsable moi aussi. De ne pas avoir insisté sur ces points qui sont importants pour moi, de te pas t’avoir montré le chemin, de te pas t’avoir suffisamment guidée vers mes préférences n’en montrant aucune toi-même. Je pense que tu ne m’aurais pas suivi. Nous n’avons pas la même sensibilité à ce niveau là et pourtant tant à partager par ailleurs. Oui mais… La seule relation intellectuelle ne me suffit pas. Il faut que je puisse fantasmer, dans la journée, la nuit, au petit matin, avant de te voir, après t’avoir quittée, et ce n’est pas le cas. J’en suis désolé, sincèrement. Je ne pourrais que te faire du mal en allant chercher ailleurs de quoi nourrir mon imaginaire sexuel. Tu as déjà trop souffert de tout cela par le passé et tu ne le mérites vraiment pas. Ce chemin n'est pas le tien, il manque de sagesse et de dignité. Mireille avait essayé de m'en détourner, sans succès, alors que je sens bien que l'autre voie (voix aussi !...intérieure celle-là) serait bien plus propice à l'aboutissement de certains de mes projets, comme d'écrire plus sereinement - et sérieusement ! - par exemple. Mais le présent me rattrape sans cesse alors que je sais qu'il n'a aucune réalité, que la "petite mort" de la jouissance est bien éphémère, seul l'avenir en a une, même si elle est improbable. Je t'embrasse. Août 2010.