Bloomington, premier long-métrage réalisé par Fernanda Cardoso (monteuse sur The Real L Word et America Next Top Model) fait actuellement le tour de festivals LGBT. Comme d'habitude, une sortie France semble peu probable. Je n'ai donc pas attendu pour découvrir ce nouveau projet dont l'histoire reprend une thématique récurrente du récit lesbien (Loving Anabelle, Jeune Filles en Uniformes, Bette Porter de The L Word et Niada, etc) : celle de la rencontre entre une élève et sa prof. Je m'attendais donc à une romance dramatique sans grande surprise et sans être aussi dithyrambique que Danielle Riandeau dans sa critique pour AfterEllen, je dois avouer que le film m'a charmée. Au plutôt, devrais-je préciser, elle m'a charmée :
Le film avançant, le personnage de Catherine s'affine. On découvre qu'elle a perdu sa famille dans un accident d'avion. La femme sûre d'elle des cours de classe laisse, dans son quotidien avec Jackie, apparaître une orpheline solitaire et extrêmement attachante. La relation qu'elle entretient avec sa jeune amante oscille entre désir/sensualité et un rapport mère/fille qui, deuxième audace, expose - sans caricature ni voyeurisme - une relation décalée et un peu borderline. La réalisatrice rend peu à peu crédible cette histoire d'amour.
Dans une très jolie scène, Jackie offre à Catherine une séance de vol pour la soigner de sa phobie des avions. C'est l'étudiante qui est en charge, protectrice, et Catherine qui se laisse tenir la main. D'où cette troisième audace : renverser la figure attendue pour montrer la fragilité de la prof et la fermeté de l'étudiante. Catherine aime Jackie mais ne le lui dit pas vraiment, elle l'a pousse à aller de l'avant, au risque de la perdre (Jackie se voit proposer de jouer dans le remake ciné de la série TV qui l'a rendue célèbre). Catherine est totalement lucide sur cette relation. C'est ce qui est plaisant dans ce film : pas de drame inutile. Juste l'histoire d'une belle rencontre et, pour moi, la découverte d'un personnage original finement dépeint.