Allison McAtee : la découverte du film Bloomington

Publié le 05 janvier 2011 par Yccallmejulie

Bloomington, premier long-métrage réalisé par Fernanda Cardoso (monteuse sur The Real L Word et America Next Top Model) fait actuellement le tour de festivals LGBT. Comme d'habitude, une sortie France semble peu probable. Je n'ai donc pas attendu pour découvrir ce nouveau projet dont l'histoire reprend une thématique récurrente du récit lesbien  (Loving Anabelle, Jeune Filles en Uniformes, Bette Porter de The L Word et Niada, etc) : celle de la rencontre entre une élève et sa prof. Je m'attendais donc à  une romance  dramatique sans grande surprise et sans être aussi dithyrambique que Danielle Riandeau dans sa critique pour AfterEllen, je dois avouer que le film m'a charmée. Au plutôt, devrais-je préciser, elle m'a charmée :

Je vous présente Allison McAtee, ex- mannequin, petits rôles dans diverses séries TV (Castle, les Experts Miami, Ugly Betty, Nick/Tup) , qui avec Bloomington trouve un beau et rare personnage qui, je l'espère, va lui permettre de rebondir un peu plus haut. Elle tient dans le film le rôle de Catherine Stark, prof de psy surnommée la vampire car elle a la réputation de coucher avec ses élèves (filles ou garçons). Très rapidement, cette femme au look hitchcockien jette son dévolu sur une nouvelle étudiante, Jackie (Sarah Stouffer), ex star d'une série SF à succès. Elle la conduit dans sa grande et belle masure et l'emmène gentiment mais sûrement dans son lit.  Le film est d'abord intéressant en ce qu'il propose une première audace : exposer visuellement la liaison entre une femme épanouie et mature et une étudiante qui physiquement fait encore très jeune fille. Le personnage de Jackie est censé avoir 22 ans mais on a plutôt l'impression qu'elle en a 16.

Le film avançant, le personnage de Catherine s'affine. On découvre qu'elle a perdu sa famille dans un accident d'avion. La femme sûre d'elle des cours de classe laisse, dans son quotidien avec Jackie,  apparaître une orpheline solitaire et extrêmement attachante. La relation qu'elle entretient avec sa jeune amante oscille entre désir/sensualité et un rapport mère/fille qui, deuxième audace, expose - sans caricature ni voyeurisme - une relation décalée et un peu borderline. La réalisatrice rend peu à peu crédible cette histoire d'amour.

Dans une très jolie scène, Jackie offre à Catherine une séance de vol pour la soigner de sa phobie des avions. C'est l'étudiante qui est en charge, protectrice, et Catherine qui se laisse tenir la main. D'où cette troisième audace : renverser la figure attendue pour montrer la fragilité de la prof et la fermeté de l'étudiante. Catherine aime Jackie mais ne le lui dit pas vraiment, elle l'a pousse à aller de l'avant, au risque de la perdre (Jackie se voit proposer de jouer dans le remake ciné de la série TV qui l'a rendue célèbre). Catherine est totalement lucide sur cette relation. C'est ce qui est plaisant dans ce film : pas de drame inutile. Juste l'histoire d'une belle rencontre et, pour moi, la découverte d'un personnage original finement dépeint.