Le séminariste, bis

Publié le 20 janvier 2011 par Markhy


Et je suis revenu.

J’espérais revenir avec mon col romain comme David Solomon. Ma mère pour me prendre dans ses bras, mon fils est un prêtre avec le même accent juif de la pub des boulettes. J’avais fouillé alors ce qu’était un séminariste aujourd’hui, ce qu’il pouvait encore bien foutre et c’est vrai, je me voyais mal acheter une polaire Quechua pour faire du bénédicité tout mou. Je préférais encore parler de Dieu à ces quelques Bulgares bigotes qui avaient remplacé les Hongroises à la fac, cumprosélyte. L’union européenne, comment refuser ça.

Les filles ou le big boss, je pensais ne pas avoir le droit twice. Surtout je suis quelqu’un de très exclusif et incapable de partager quoi que ce soit d’un peu profond. Je feuilletais aussi les photos des revues de retraite spirituelle que j’avais piquées dans l’entrée de la cathédrale d’Amiens, des sœurs qui traient les chèvres et des couples attendant leur mariage. Je me voyais discuter avec ces gens, baiser la future mariée mais non enlève ces putains de pensée de ta tête, sans capote.

Un prêtre m’avait invité au Salmon House pour discuter de tous ces trucs, et je lui parlais de ma foi, je lui disais que je pensais être le plus mauvais catho depuis Jean Calvin et que c’était pour ça que je voulais faire un truc mais que c’était impossible pour moi cet enseignement théologique et ces conneries dans la brume, je ne voulais pas être le prêtre du dogme mais plus le prêtre du jour, le mec qui est là quoi peu importe si on s’encule. J’avais la naïveté bien fleurie dans le fond de la bouche. Je disais beaucoup de demer, on buvait un super bon vin. Il m’a un peu cassé de mon idéal en me disant que je pouvais faire tout ce que je disais. Que c’était possible, dès maintenant. Que ma mission pastorale sera à mon image et celle de Dieu, un peu. Surtout à mon image parce que Dieu hein, c’est pas lui qui va te remuer le cul. On laisse aux mystiques et aux vieilles le droit de rien foutre et d’avoir des visions de Lui. Nous on fait le terrain, on bouche les trous, on s’ouvre et on dormira quand on sera mort.

Ça m’a calmé. De voir que c’était tangible et que des mecs du milieu allaient m’aider pour avoir cette liberté de faire comme je l’entends, en soutane. Je suis devenu dingue, je pensais déjà réinvestir le quartier avec mon église chrétienne, catholique, apost(modern)olique et résolument fuck them all. Du genre à inviter mes potos dans une salle pour qu’ils fassent la prière (pendant le ramadan la tite mosquée était obligée de refuser) et après faire du pes en mangeant des dates et une soupe protéiné jusqu’à 8heures du mat, on se serait mis une bonne race aussi mais je ne dois pas communiquer là dessus. Et vers 9h, la tête dans le cul, confesser des vieilles sur leur crotte de chien en leur suppliant d’arrêter de nous déranger, le big boss et moi, pour des trucs de caniveau et d’essayer de se rendre disponible les mercredi soir car j’organise une bouffe avec les clodos, les marginaux, les bitch, autour de chez nous, loin de jean jacques goldman et de tous ces enfoirés, juste écouter du rap autour d’un peu de weed, bouffer au chaud et on a besoin de bras pour ça mamie, ta bolognaise est excellente on m’a dit, mais je pense qu’elle aurait écrit une missive à l’évêque pour m’empêcher de lever un doigt. Le devoir de limiter sa liberté à sa plus grande discrétion. Ouvrir des salles de shoot sans autorisation et passer dans le 13h en insultant la présidence de réac avec mon col de clergyman. Kif. L’aide aux putes et à tous les sex worker, je me serais placé dessus aussi, choisis ta vie, moi je t’aide. Tu m’aurais vu, toujours avec mon putain de col de clergyman à prendre la pose dans les bras de Judy Minx pour technikart ou je ne sais qui à la recherche la bonne image, dans l’angle décalé. J’ai perdu la flamme, finalement, en énonçant chacun de mes objectifs car tout ce que je raconte existe déjà, mais dans un million d’association éparse, cloisonnée et grouillante se bouffant la gueule 365/24/7. J’ai trouvé dans l’égoïsme d’un couple et le bonheur amoureux, plus de piste subversive. Bizarre. Il me reste juste un peu de temps pour aller faire un basket sur le toit de l’église. C’est déjà bien me dit l’abbé.

Mon père, l’autre jour, et je disais « putain j’aurais du faire prêtre comme ça j’en aurais trouver un plus facilement pour mon mariage » et il m’a répondu « tu peux toujours être diacre après ». J’ai dit « non mais laisse tomber, si elle me quitte je rentre dans les ordres, p’pa, j’ai pas envie de le faire à moitié ». Je fais pas du tout ou je le fais à en crever. Et j’attends la collection Zara avec col de clergyman pour enterrer définitivement ma vocation.