Skins US : une série qui tourne en rond

Publié le 23 février 2011 par Yccallmejulie

Cela faisait un petit moment que je ne vous avais parlé de Skins US. Il faut dire que la série ne parvient pas vraiment à décoller. Je m'explique. Le principe est simple : chaque épisode est centré sur un personnage. D'abord, Tony, puis Tea, Chris, Cadie, Stanley et Abbud. Les auteurs nous proposent à chaque fois une tranche de vie qui met à jour les failles de chacun (sauf peut-être pour Tony, dont le seul souci semble être son complexe de supériorité). Il est touchant de découvrir des caractères en perdition. Je pense notamment à Chris, le fêtard dont on découvre dans l'épisode 3 qu'il est abandonné par sa mère qui s'est barrée en laissant une enveloppe pleines de billets à son fiston. Cadie, la "camée" gentiment "crazy", s'avère elle aussi être livrée à elle-même. Son père n'en a que pour son hobby (il empaille des animaux qu'il a lui-même chassés) et sa mère, une ancienne beauté, ne pense qu'à son corps. Cadie est embuée par les médocs qu'elle prend et cherche une porte de sortie qu'elle croit trouver avec Stanley. On trouve dans la série quelque saynètes réussies (la dégradation de la maison de Chris qui finit par se faire virer de chez lui par uns squatteur qui occupe la maison désormais à l'abandon) qui mettent l'accent sur le côté roue libre de ces gamins qui n'ont pas grand chose semble-t-il à quoi se raccrocher.

Et c'est bien le problème, le fait que la série ne fasse qu'exposer les personnages sans ouvrir de pistes. D'un point de vue narratif, les auteurs ne rebondissent, d'un épisode à l'autre, que sur deux intrigues : Stan qui court après Michelle, Tony qui court après Tea qui elle-même ne sait pas trop après quoi elle veut courir. Pour le reste, les auteurs posent des situations qu'ils laissent en plan. Exemple : A la fin de l'épisode consacré à Chris, ce dernier trouve finalement refuge dans la maison de Tina, une prof gentille qui est charmé par l'adolescent. Et puis, plus rien. L'adolescent qu'on avait laissé dans l'épisode 3, perdu et sur la brèche, a retrouvé son côté "cocky". On retrouve le même gamin fêtard et bonhomme. A quoi rime alors d'avoir déstabiliser le personnage  si c'est pour en revenir à la figure, plaisante mais stéréotypée, de départ? En somme, pourquoi montrer des ados, leurs extravagance, leur extrémisme  et leurs doutes pour, au finish,  ne pas en faire grand chose?  J'avoue que je ne comprends pas vraiment la démarche.

Pour se concentrer un peu plus sur le personnage dit "lesbien" de Tea,  et montrer que quand même, la série n'est pas creuse (elle manque juste de réelle audace) l'épisode 6 met en avant les doutes de la demoiselle. [spoilers] Elle couche avec Tony ce qui provoque la colère d'Abbud, qui les surprend. Abbud est amoureux de Tea qui repousse gentiment son ami en expliquant, désolée, qu'elle est lesbienne. Après la scène de vaudeville dans la forêt, Tea retrouve Abbud pour essayer de s'expliquer. Pour le contexte : sur le camp est aussi venue Betty qui cherche à entamer une relation dont Tea ne veut pas parce que "une histoire, ca craint!". Le dialogue de mise à plat entre Tea et Abbud effleure du doigt le problème des étiquettes (si tu es lesbienne tu ne peux pas avoir envie d'un homme). Petit retranscription (rapide) du dialogue :

Tea : Je pense que je l’ai fait pour me sentir mal. Pour pour empêcher que quelque chose d’autre ne se produise. Quelquechose qui m’effraie. Avoir une petite amie que je pourrais aimer. C’est pour ça que je rends la chose impossible.
Abbud : C’est quoi qui t'échappe dans le fait d’être lesbienne ? Laisse moi t’ouvrir les yeux. Un des aspects principaux est de ne pas sortir avec des garçons. Et certainement pas avec un garçon comme Tony. Comment as-tu pu me faire ça?
Tea : Je ne sais pas. On a une sorte d'intimité bizarre. Je n’ai pas le droit de ne pas savoir ce que je fais ?
Abbud : T’es bidon.

Voici le genre de petit moment qui font que Skins US reste agréable. Mais, au fond,  il n'y a pas de réelle prise de risques : on nous montre des ados à la sauce trash sans oser poser un axe fort. La série dépasse à peine le stade de l'exposition. Et, cela devient assez répétitif.