Il y a quelques temps, je vous proposais une interview de Michel, Homme au foyer. En cette journée de la femme, il m’a paru naturel de lui laisser la parole ici en cette journée de la femme…
Il me paraît d’ailleurs judicieux de militer aujourd’hui pour qu’il y ait une journée nationale des hommes au foyer (et aussi des chatons…)
Michel, 38 ans (sans poussière car c’est une star du ménage) alimente avec brio différentes chroniques sur son blog : HommeauFoyer.fr
Petit manuel pour prendre la place de madame
Le 8 mars, c'est la journée de la Femme. Et si pour une fois, Monsieur se mettait dans la peau de Madame ?
Posons donc un préalable : si vous, messieurs, allez agir comme vos femmes le feraient, il est donc logique que vos compagnes se comportent telles des hommes, des vrais. Elles vont donc être amenées à ne pas réfléchir autrement que par instinct, uniquement par rapport à leur intérêt et en oubliant le sens même du mot empathie. Et bien d'autres... Cela va fortement vous compliquer la tâche.
Alors comment vous en sortir ? Pas si compliqué que ça : il suffit d'utiliser son cerveau.
Attention messieurs : le cerveau n'est pas cet élément tripartite qui se situe entre vos jambes et qui dicte quotidiennement vos actes et pensées. Le cerveau, vous le trouverez dans votre boite crânienne. N'hésitez pas à l'utiliser, il vous sera d'un grand secours lorsque vous serez une femme.
Pour cette journée, il vous faudra aussi prévoir un sérieux sens de l'organisation. Pas facile à trouver. Néanmoins, il vous sera indispensable pour réussir à gérer votre première journée. Celle qui vous fait vous lever pour préparer le déjeuner familial, lancer une lessive, gérer les embouteillages dans la salle de bain et emmener les enfants à l'école.
Vous serez bien inspirés de vous procurer de la volonté au moment d'entamer votre seconde journée : celle qui se passe au travail. Productivité, sourire de rigueur (pour les mâles qui vous côtoient au travail, l'absence de sourire chez la femme est synonyme de menstruations et n'a rien à voir avec leur caractère de ***** ou leur incompétence), besoin d'être un minimum agréable à regarder : une gageure qu'aucun homme ne serait capable de tenir.
Entre les réflexions de vos collègues hommes, les regards jaloux de vos collègues femelles, l'accablement devant votre feuille de paie indigne, et le café qu'on attend naturellement que vous serviez lors de la réunion, vous allez aussi avoir besoin de recul. Le recul, messieurs, c'est ce qui sert aux femmes pour ne pas assommer les trois-quarts des idiots qu'elles croisent en une journée. Cette petite application dans un coin du cerveau qui leur dit : «Laisse tomber, c'est un homme».
Si vous étiez resté un mâle, ce sont vos hormones qui auraient pris le dessus, et vous imaginez sans peine le résultat : vexation, colère, frustration, le nœud dans le ventre et les nerfs passés sur la machine à café ou le pauvre stagiaire...
Pour le retour à la maison, tout se complique. C'est votre troisième journée qui commence : passer au shopi vite-fait, ne pas oublier les enfants à l'école, vérifier les devoirs, préparer le repas...
Vous avez donc l'impérieuse nécessité d'avoir une condition physique optimale.
Cela commence par des fesses fermes : madame ne va pas manquer, lorsqu'elle va rentrer du travail, de vous flatter la croupe en malaxant d'une main décidée votre paire de fesses. Il est même possible que, si sa journée s'est déroulée de façon idyllique, madame envoie les enfants au bain et vous plaque contre le plan de travail de la cuisine pour un quickie de bon aloi.
Vous pourrez avoir de gros soucis si vous n'êtes pas armé de patience : entendre madame vous raconter sa journée de A à Z sans jamais avoir le moindre égard quant à la votre, c'est loin d'être facile.
Dans le cas où sa journée n'aurait pas été un long fleuve tranquille, madame pourra vous farcir la tête de noms d'oiseaux parce que vous n'aurez pas préparé autre chose qu'un gratin d'Ebly, qu'il y a de la poussière partout dans les chambres, que les enfants ne sont pas encore en pyjama etc.
Dans cette situation, elle risque même de vous déballer des reproches que vous n'auriez jamais imaginé : «Et c'est quoi cette coiffure, et tu pourrais changer de jeans, et tu ne te rases plus, tu te laisses aller, ...» Litanie possiblement sans fin.
Le tout en buvant une bière AU GOULOT sans même vous en proposer une. Et devant tant de mauvaise foi, de cruauté, d'ingratitude, vous n'avez rien pour calmer l'orage : pas de seins à mettre sous son nez pour faire diversion, pas d'oeil qui se mouille pour l'attendrir : madame n'est pas dupe. Donc : vous subissez ! Souhaitons pour vous que madame ait passé une journée fantastique. (NDLR : les Hommes qui souhaitent s'investir à fond et jusqu'à la fin de la journée dans le rôle peuvent essayer le coup dit du pas-ce-soir-chérie-j'ai-la-migraine : effet de surprise garanti )
Messieurs, nous vous conseillons tout de même la prudence. Vouloir se mettre à la place de madame, ne serait-ce que pour la journée de la femme, peut causer des dégâts. Vous allez être fatigué, voire exsangue. Vous porterez sur vos épaules le poids de l'injustice. Vous risquez de ne plus jamais voir les choses par le prisme machiste qui vous est si familier. Et votre maman ne vous sera d'aucun secours. Soyons clairs : aucun homme, si fort soit-il, n'est préparé à cette épreuve. Certains en ont gardé des séquelles irréversibles. D'autres n'auraient pas survécu.
Mais ceux qui ont tenté l'expérience sont définitivement d'accord : quel bonheur d'être intelligent comme une femme ! Arrivé à un tel stade de plénitude, hors de question que cela ne dure qu'une journée.
*Nous aurions pu continuer longtemps la liste des qualités sont nécessaires pour être une femme. Mais l'énumération aurait été si longue que la mince capacité de concentration des hommes ne leur aurait pas permis d'aller jusqu'au bout !