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Eros et Psyché : une histoire graphique de Maria Llovet

Publié le 10 mars 2011 par Yccallmejulie
Je ne suis pas particulièrement aguerrie à la BD ou comme on dit aujourd’hui au roman graphique (à part Manara, mais bon c’est Manara). Donc c’est en presque novice que j’ai abordé la lecture de Eros et Psyché de Maria Llovet, jeune espagnole qui, avec cette deuxième publication française, se place dans le rang des jeunes qui promettent.Je reçois le livre (encore une fois, merci à Yagg) et je suis déjà très heureusement surprise du « physique » de l’ouvrage : couverture cartonnée, effet mat et brillant pour créer du relief, gardes et doublures de papier noir à motifs floraux… bref, un objet plutôt classieux. A l’intérieur, je trouve le livret de l’éditeur qui présente ses publications et y lit à propos d’Eros et Psyché : « Une Shôjo l’européenne qui ravira les gothic lolitas » (dixit Zoo, le magazine gratuit de la bd et des arts graphiques). Bon, là je me dis, ok, t’es à la ramasse ma fille, va donc chercher ce qu’est une Shôjo. Et voilà ce que me dit le wiki :  « une bande dessinée dont la cible éditoriale est avant tout constituée d’adolescentes et de petites filles, même s’il peut arriver que les garçons en lisent ». Bon, je ne suis clairement pas la cible. Je lis la quatrième de couverture : L’étrange pensionnat de La Rose accueille uniquement de jolies jeunes filles… En totale autarcie, leur quotidien est rythmé par des mises à l’épreuve : jeux, travaux manuels, promenades en forêt… Dans ce semblant d’Eden, malheur à celles qui ne respectent pas le règlement ! Au mieux, c’est l’exclusion, au pire, la mort. Pour les deux adolescentes Sara et Silje, c’est aussi la découverte de l’amour. Toutes leurs certitudes vont voler en éclats… Bref, je me lance… et je découvre un graphisme beau. C’est du noir et blanc assez cinématographique qui alterne des gros plans avec des plans d’ensemble et enchaine des vignettes qui crée une ambiance intemporelle. Les personnages ont à la fois un trait à la Manara dans le visage mais également cette dimension asexué des jeunes filles dont les formes à peine naissantes sont cachées sous des uniformes. On ne sait pas vraiment ce que ces élèves étudient dans ce pensionnat étrange, en tout cas, cela permet à Maria Llovet de créer un visuel poétique : ainsi, les jeunes filles accrochent une double rangée de ciseaux au dessus de nids, préparent des paquets cadeaux qui contiennent des oeufs, fabriquent des poupées qu’elles mettent ensuite à l’eau… La où je reste dubitative, c’est du côté de l’histoire ou plutôt son absence. Ça commence part un flash-back  : Sara revient sur le moment où sa vie a changé : elle est admise au pensionnat de la Rose. Dès son premier jour elle rencontre dans un coin perdu et abandonné du jardin, Silje dite « l’élève-clef », à savoir celle qui en sait le plus sur l’établissement.  Une année s’écoule au cours de laquelle les jeunes filles passent des examens dont on ne sait rien. Chaque échec se sanctionne par un départ immédiat, le tout sur fond de vote démocratique (les jeunes filles s’auto-gèrent). Pour celles qui n’obéissent pas aux règles strictes, elles visitent « la pièce », un endroit dont un ne sait rien non plus. Au final, il ne restera que Silje et Sara. C’est bien jolie de créer un univers intemporel et mystérieux, mais faudrait quand même voir à éclairer un tant soit peu notre lanterne.  L’auteure a tendance à un peu trop planter des métaphores gratuites (ainsi, les élèves s’envoient des pilules sur lesquelles est inscrit le mot « God »).   Pour moi c’est là que le bas blesse : le côté obscurément charmant de ces non-dits, non-expliqués, finit par être noyé sous la frustration que provoque le final.En même temps, je me rappelle que je ne suis pas la cible. Et je me dit que les adolescentes apprécieront le flou narratif, y projetteront leurs angoisses ou envies de femmes en devenir. Si cela « m’arrache » un peu d’appeler Eros et Psyché un « roman » graphique, je dirais que cette « nouvelle » a un style visuelle agréable à regarder.P.S. : en allant sur le site de Maria Llovet, j’ai vu des planche de son prochain projet : Dollhouse, et c’est quand même motivant.

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