Flash-Back: J’ai fourré devant le bébé (2003)

Publié le 18 mars 2011 par Dateurenserie

Septembre 2003

Merde, un gars que je connais entre dans l’autobus se dirigeant vers Montréal. Endroit où je me rends pour une date nocturne. Je déteste que les gens que je connais sachent mes allées et venues en ce qui attrait aux rencontres. Surtout celles faites tard.

La phrase « Je vais voir une amie » dite à treize heures est plus crédible que celle dite à 23 h 30. Mais n’allez pas non plus dire, « Je vais voir du monde, là ». Vous risquerez de devoir vous justifier sur leur identité. Donc je lui ai dit la vérité, que j’allais voir une date.

- Ah ouais, elle est belle?
- Bah ouais je pense bien, que je lui ai répondu en ne sachant pas du tout si c’était le cas. Même que je croyais plutôt l’inverse.
- Ah ouais, elle t’attend au métro? Je vais surement la voir!
-Hum non, j’crois pas t’sais. Elle devrait être en retard, elle avait un truc avant.
- Ah…

Mon mensonge se tenait. Je ne voulais pas vivre la honte probable d’avoir fait une heure d’autobus pour une fille moche. À mon arrivée au terminus, je feindrai une envie d’aller à la salle de toilettes. On se séparera à cet endroit précis et je pourrai accueillir seul et à l’écart ma date tardive. En espérant que lui non plus n’aurait pas envie d’y aller. C’est un risque à prendre. J’improviserais si tel est le cas.

Elle est là debout. Elle regarde un peu partout cherchant un gars qui ressemble à la photo que je lui ai envoyée. Elle est grande et plutôt costaude. Pas vraiment un pétard. Mais je suis là et le dernier autobus est passé, je ne peux pas rentrer. Ni inventer une histoire comme dans ce billet-ci. Je poursuis ma marche vers la salle de bain où je prépare mon attaque.

On finit par se saluer et on se dirige vers chez elle à pied et on discute. En fait, on n’avait jamais vraiment discuté elle et moi. À part son nom, je savais seulement qu’elle était weeling pour une nuit amusante. N’était-ce pas l’essentiel?

Non.

-Écoute j’ai un truc à te dire, en fait… deux, finit-elle par le dire.
- Vas-y?
- Mes parents sont debout et ils ne savent pas vraiment qui tu es, t’sais. Ils vont vouloir te parler.
- Ok… et l’autre truc?
- J’ai un bébé. Il a trois mois. Il dort dans ma chambre.
- Ok… ben… ça me dérange… pas.

Quoi! Bébé? Naissant? Même pièce? Ce n’est plus deux trucs ça…

…j’en compte quatre en tout moi!

*****

- Alors, c’est ça, N. c’est le genre d’histoire qui m’arrivait tout le temps avant.
- Faque… t’as fourré devant le bébé!
- Bah…
- T’as fourré devant le bébé, hein?
- Ouin, j’ai fourré devant le bébé…

D.