"Accointance, connaissance et mouvances", qui peut se lire de façon totalement indépendante des autres romans, suit les aventures d’un groupe de personnages hétéroclites, provenant de diverses origines culturelles, géographies ou religieuses, et représentant diverses identités sexuelles. On y croise entre autres un couple de lesbiennes mère d’un petit garçon, dont l’une des deux est envoyée combattre en Afghanistan en tant que militaire engagée. Mais il y a aussi Marcel, un handicapé qui drague par Internet en cachant son véritable physique, Ahmed l’algérien qui choisit de quitter son pays pour pouvoir concilier sa foi et son homosexualité, un comédien sur le déclin, un Malien séropositif qui revient à Montréal pour accomplir une mission délicate… Les cas de figure ne manquent pas. L’histoire se passe tout autour du monde : en Algérie, en France, au Québec et au Canada.
Dans ce roman dense et touffu, Denis-Martin Chabot aborde de nombreux thèmes reliés à l’actualité gay contemporaine comme l’homoparentalité, le couple gay, l’homophobie, le statut des handicapés… Plusieurs personnages sont confrontés à la violence, à la mort ou au viol. D’autres à la vieillesse et à la solitude. Selon Denis-Martin Chabot, le défi de ses protagonistes est de réussir à aimer dans les années 2000 malgré l’adversité d’un handicap, d’une religion ou de l’homophobie.
Une fois qu’on s’est habitué aux nombreuses imperfections qui parsèment le texte, pourtant publié chez un éditeur professionnel, "Accointance, connaissance et mouvances" s’avère tout à fait une bonne surprise. C’est un livre prenant auquel on revient avec plaisir. Denis-Martin Chabot réussit parfaitement à peindre cette fresque des années 2000, avec toutes ses particularités sociales, ses questionnements, ses changements, surtout en ce qui concerne les gays. Il adopte un discours universel, ses personnages sont internationaux, ils ont des religions différentes et vivent à l’heure de la mondialisation en passant d’un pays à l’autre. Il intègre même à son récit des événements de l’actualité récente comme les attentats du 11 septembre 2001 ou l’effondrement du viaduc de la Concorde au Québec en 2006.
Denis-Martin Chabot ne se montre pas spécialement optimiste dans sa vision de nos sociétés, le garçon aux mains menottées qui apparaît sur la couverture en est d’ailleurs une preuve parfaite, mais il atteint parfaitement son objectif de s’inscrire dans la lignée des Chroniques de San Francisco, en version française et adaptée aux années 2000. Une vraie réussite !