J’ai enfin vu Elena Undone qui est sorti en DVD en février dernier. Je m’interrogeais déjà sur la qualité du film au regard des échos et de l’angle de la promo. Le film part sur un ton plutôt humoristique, une sorte de gourou de l’amour nous explique en voix off que rencontrer sa ou son « soulmate » peut arriver n’importe quand, pour n’importe qui et qu’il faut y croire. On voit d’ailleurs quelques interviews de couples inattendus qu’il a rencontrés (à mon sens les morceaux les plus intéressants du film). Cette structure qui évoque – de loin – un Quand Harry Rencontre Sally, nous invite donc à suivre la rencontre deux deux femmes : Payton (Traci Dinwiddie) lesbienne qui vient de perdre sa mère et Elena (Necar Zadegan) femme de pasteur éteinte qui attend que les années passent.
La réalisation pesante, l’air de piano lancinant, les ralentis ennuyeux, autant le dire tout de suite : ce film ne présente aucune nuance. Les deux femmes, comme le martèlent les cinq premières minutes du film, sont donc des soulmates. Et vu la façon dont elles se bouffent des yeux à peine leurs regards se croisent, c’est impossible d’en douter. Elles deviennent amies – Elena, tremblante, à chaque effleurement. Payton finit par lui faire comprendre que leur relation ne peut se poursuivre parce qu’elle est lesbienne et que bon, elle a quand même des envies. Elena refuse de la laisser sortir de sa vie. Payton essaie de tenir la barre et Elena finit par céder à son désir. Ce qui nous amène à la scène du baiser le plus long du cinéma. Mais bon, Elena ne couche pas tout de suite. Les deux femmes préfèrent attendre, parce qu’après un passage horizontal, Payton fait bien comprendre à Elena que ce ne sera jamais plus comme avant (perso, j’ai pensé bonjour la prétention : si tu couches avec moi, ta vie ne sera plus jamais la même). Elena finit par ne plus en pouvoir et lance à Payton un « make love to me » sans équivoque (voir la bande-annonce ci-après qui est d’ailleurs nettement mieux et plus rythmée que le film). On en arrive donc à la scène charnelle.
Et là, je perds mon sang froid, mais pas du tout, du tout pour les raisons espérées. Comment peut-on en 2011 faire un film LGBT aussi peu crédible? Un longuissime baiser bouche fermée ou presque, en tout cas, sans langue (excusez-moi d’entrer dans les détails, mais ça compte), une scène de sexe digne d’un mauvais David Hamilton, avec musique dégoulinante de romantisme, deux femmes qui se regardent - émues – les seins (je caricature à peine), une main qui frôle une cuisse et en gros basta. J’ai l’impression de revenir dix ans en arrière, lorsque on criait « waou, quelle audace » parce que deux héroïnes échangeaient un baiser plus ou moins chaste. Non mais sérieusement? A croire que The L Word n’a jamais existé. Mon agacement est d’autant plus grand que, lorsqu’il s’agit dans la première partie de se dévorer des yeux pour marquer l’attirance, les deux actrices sont à fond. La façon dont est filmée la concrétisation physique de cet amour n’en est que plus décevante. C’est quand même pas compliqué, si on choisit de montrer une scène de sexe dans un film LGBT essentiellement destiné aux LGBT, d’apporter un peu de véracité à la dite scène, non? Ou alors on ne filme pas de scène de sexe. Imagine me & You fonctionne très bien sans ça.
Pour moi, ce film est une régression, un retour à un traitement aseptisé d’une romance lesbienne. Franchement, je serais vous, je ne perdrais pas mon temps à le regarder.