CENSURE
On se souvient de la provocation de The Human Centipede premier du nom. Le réalisateur Tom Six s'était inspiré d'une mauvaise blague potache et se demandait comment il était possible de représenter cette abjection au cinéma. Rapidement, lui viennent le concept du «mille-pattes humain» et le créateur de cette expérimentation punitive (un chirurgien dégénéré). Fasciné par les premiers longs métrages de David Cronenberg et Salo ou les 120 journées de Sodome, de Pier Paolo Pasolini, Tom 6 voulait avec ce premier Human Centipede se moquer des torture-porn comme Saw : «Les deux filles s'enfermaient presque sciemment dans le piège du prédateur. N'importe qui se serait déjà enfui rien qu'en voyant la tête de l'acteur Dieter Laser, à qui j'ai d'ailleurs demandé de forcer le trait pour paraître encore plus effroyable. Ce n'est qu'après, une fois que l'opération a eu lieu, que le récit change de ton et devient un cauchemar plus sauvage». Pour le second, le réalisateur avait envie de surenchère. The Human Centipede II (Full Sequence) se focalise sur un cinéphage obsédé par le premier volet qui met en pratique les expériences du chirurgien fou sur plusieurs victimes et confond douloureusement la réalité et la fiction.
Coup de théâtre : le BBFC (British Board of Film Censors) a récemment refusé de donner un visa d'exploitation à The Human Centipede II (Full Sequence), au nom de l'Obscene Publication act, une loi permettant de poursuivre toute œuvre incitant à dépraver et à corrompre la jeunesse. Le principal motif vient de la volonté manifeste de brutaliser, de dégrader et de mutiler des hommes et des femmes dans l'unique but d'exciter le personnage principal et, par extension, les spectateurs en créant une association explicite entre douleur, perversité et plaisir sexuel. Dans cette mise en abyme, une scène précise serait incriminée: le disciple du chirurgien entoure son pénis de fil barbelé pour violer la femme qui compose le dernier maillon de son mille-pattes, après avoir obligé les autres membres à déféquer dans la bouche de leur siamois. On a connu plus glam. Conséquence : The Human Centipede II (Full Sequence) ne peut être diffusé en salle, exploité en DVD ou téléchargé en Grande-Bretagne. C'est une démonstration supplémentaire que cette commission de censure reste l'une des plus sévères en termes de répression artistique. Peu de temps après l'annonce, Tom Six s'est fendu d'une réponse sur Internet : "J'ai fait un film d'horreur ; est-ce que pour être de bonne qualité, il ne doit pas faire peur ? (…) C'est une fiction. Tout est inventé. C'est de l'art. Les gens devraient avoir le choix de le voir ou non. S'ils ne peuvent pas supporter mes films, alors qu'ils ne les regardent pas. Mais s'ils les aiment, ils devraient avoir l'opportunité de les voir partout, même au Royaume-Uni."
The Human Centipede 2 : peut-on encore interdire un film ? is a post from: Charmes Actus Hebdo