Ni échangistes ni libertins, ils revendiquent la possibilité d'être épris de plusieurs personnes, ouvertement et honnêtement. Comment aiment-ils ? Le polyamour est-il l'avenir du couple ?
CÉCILE GUÉRET
« Je viens d'avoir mon amoureuse Gabriela au téléphone. Quel plaisir ! » confie Fredrik, 47 ans. À ses côtés, sa compagne, Isabelle. Bretonne de 38 ans, le gratifie d'un sourire radieux… avant d'évoquer à son tour ses deux autres amours. Ils sont une trentaine, entre 20 et 60 ans, à se presser autour du buffet de ce « café poly » parisien. Après avoir expérimenté la monogamie, les séparations et, parfois, l'infidélité, ils ont choisi d'aimer sans exclusivité. Certains sont en couple avec un partenaire « primaire », d'autres gravitent entre plusieurs relations.
S'affranchir de la culpabilité Car ici, un amour ne chasse plus l'autre, il s'y ajoute. Rien de nouveau depuis l'idéal fouriériste du XIXe siècle ou l'union libre des années 1970 ? C'est toujours, en effet, « la même tentative de concilier l'amour qui s'adresse à un être unique, avec le désir, forcément changeant et fantasque, constate Pauline Prost, psychanalyste. Avec plusieurs partenaires, les polyamoureux tentent d'approcher cet idéal, inatteignable, du couple moderne. » Une petite différence avec les hippies, tout de même : ici, pas de revendication révolutionnaire contre l'aliénation conjugale. « Le cadre de base, c'est l'honnêteté et le consentement. On ne se cache rien et on reste attentifs à ce que ce soit bien vécu par tous », explique Guilain, 29 ans, fondateur du site Amours.pluriels. Le reste est fonction des envies et des limites de chacun. « Par exemple, lorsque je vais à une soirée avec mon amoureuse, je peux prendre le numéro d'une fille, mais je ne rentre pas avec elle. » Isabelle et Fredrik, qui s'étaient au départ fixé une consigne large (« ni dans notre ville ni avec des fumeurs ») ont, depuis cinq ans, précisé les choses : « Nous avons décidé tous les quatre que Fredrik et moi ne mettions pas de préservatif, mais qu'avec Gabriela, il se protégeait. Son mari, qui n'est pas polyamoureux, y tient. Nous nous conformons donc au souhait le plus restrictif. » Car passer d'un corps à l'autre fait partie de contrat.
Sans faute, plus de culpabilité ? Pas vis-à-vis des partenaires qui valident ce choix. Mais reste la culpabilité inconsciente liée à la sexualité. Celle-ci, née de l'oedipe, est en effet la réalisation symbolique d'un désir incestueux. « En multipliant les partenaires, les "polys" cherchent peut-être à s'en protéger, à éloigner la figure parentale ou fraternelle tant désirée », note le psychiatre et thérapeute de couple Éric Smadja.
Source et suite ….
Clipped from: www.nordeclair.fr (share this clip)Heureux, les polyamoureux ? is a post from: Charmes Actus Hebdo