Quelques jours de vacances et un ouragan clitoridien se répand sur nos têtes.
En préambule (suite à quelques mésentendus sur twitter). Je ne reproche à personne d’être contre Osez le féminisme ou cette campagne. Je ne me suis jamais cachée de ma méfiance envers cette assoc comme celles et ceux qui me pratiquent depuis un moment connaissent mes engueulades homériques avec les chiennes de garde.
En revanche, je déplore que les journaux, selon leurs habitudes bistrotières, persistent à ne s’intéresser au féminisme qu’en cas de discussions – je n’ose parler d’engueulades – et jamais lorsqu’il y a actu plus consensuelle.
Il y a quelques années, la tendance était de n’inviter sur les plateaux télés que des féministes de courants opposés en espérant les voir s’écharper ; pensez donc c’est qu’on se marre avec les bonnes femmes ! Je me méfie donc de ce phénomène là en plein backlash ; car je persiste et signe nous sommes en plein retour de bâton tant au niveau du féminisme que de la lutte contre les autres inégalités (racisme, antisémitisme, homophobie etc). Je ne parle même pas du fait que le féminisme sert surtout aujourd’hui à mener et tenir des combats racistes, je l’ai assez exprimé.
Le féminisme – comme le combat anti raciste – est en train de perdre du terrain et il conviendrait de s’en rendre compte.
Bref.
Revenons en à cette fameuse campagne autour du clitoris.
Je trouve l’affiche graphiquement maladroite comme le souligne Sophie. D’un autre côté je suis assez surprise des adjectifs que j’ai vus employer comme « sanguinolent« . Je suis désolée de vous l’apprendre mais un sexe féminin est rouge (ou noir). Pas blanc, pas rose, rouge. Et un organe aussi innervé que le clitoris est forcément très rouge. Personnellement cela m’interroge davantage sur vos représentations mentales du corps féminin que sur le clitoris.
Des personnes m’ont clairement dit avoir découvert commment était vraiment un clitoris et sa taille après s’être interrogées sur l’affiche. Rien que pour cela, l’affiche était donc nécessaire.
Beaucoup ont été géné-e-s de voir exposé un sexe en ces temps où on en voit partout.
On n’a JAMAIS vu un clitoris entier, nulle part. Jamais. (de toutes façons ca fait à peine dix ans qu’on sait la tête que ca a donc…).
Ensuite il ne me semble pas y avoir de problème à montrer l’anatomie féminine ; ce qui gêne c’est le contexte. Balancer des seins pour vendre des yaourts. Ici on nous conseille de tester le clito ; il est donc logique de le montrer. Je reste quand même surprise qu’il n’y est jamais eu ce foin quand des femmes ont montré leurs seins – des vrais pas un dessin – pour une campagne du cancer du sein. Et là la banale représentation d’un clitoris devrait nous émouvoir ?
Certaines ont parlé d’un féminisme victimaire au sujet de certaines phrases du site.
Je ne vous cache pas que le jour où Badinter a décidé de faire son buzz perso à coup de « féminisme victimaire » elle aurait mieux fait de continuer à compter ses actions Publicis (oui c’est gratuit). Tout le passage de son livre sur le sujet est fait de citations tronquées, de propos mal traduits et infondés.
On a des chiffres, des faits sur le viol, la violence conjugale, le harcelèment, les inégalités salariales. Je ne parle pas de ressenti, d’impressions, d’idées. Etre victime de discriminations ne veut pas dire que vous êtes et serez victime à vie juste que vous l’êtes à un moment donné.
Aucune féministe – et si vous pensez le contraire je vous invite à me sortir le nom, la citation et le livre dont elle est extraite – n’a jamais dit ou pensé que tout homme est individuellement un prédateur. On parle de système patriarcal , de système où un sexe est assujetti à l’autre. Encore une fois cela ne veut pas dire que toto a la main sur le clito de madame et l’empêche de s’en servir.
En revanche que constate-t-on ?
Le nouveau rapport Hite publié en 2002 témoignait d’une sexualité féminine guère réjouissante (95% des femmes jouissent en se masturbant contre 44% avec leur partenaire). Il ne s’agit pas – encore une fois – de culpabiliser les hommes. Il s’agit de comprendre ce qui bloque pour que si peu de femmes disent éprouver du plaisir dans leur couple.
Combien a t on entendu dire « ah je suis trop longue, je vais l’ennuyer, alors je simule ».
« dans les films elle jouit à peine pénétrée, je ne dois pas être normale »
et bien sûr de l’autre côté les mêmes remarques surgiront du côté masculin.
Pensons qu’il a fallu attendre les années 2000 pour étudier médicalement un clitoris. Rappelons que Freud a parlé de sexualité infantile au sujet des « orgames clitoridiens ». Souvenons nous que tout film X se termine par une jouissance magistrale dés qu’on est pénétrée par un pénis.
S’il est considéré comme parfaitement normal -et heureusement – qu’un garçon se masturbe, cela ne va pas encore de soi pour une fille. Certes, il y a un marché du stimulant sexuel.. très souvent ludique, des « jouets » comme si la sexualité féminine ne s’accommodait que de « toys » en forme de canards et autres bistouquettes violettes et roses.
Evidemment cette campagne n’est pas parfaite. Il était compliqué de ne pas parler d’excision en parlant clitoris mais l’angle est mal amené. Certaines phrases sont trop rapides, peu précises. Pour autant, parler de clitoris et pas de « la bite de 20 cm que si tu jouis pas avec tu es rien qu’une anormale » me semblait plus que nécessaire.
ps : avant de me parler des « féministes extrémistes qui font rien qu’à » pense que je vais te demander leur nom et ce qu’elles ont dit. Donc évite. Tu perdrais.