Magazine Erotisme

Rabelaiseries: Couillon, jeux de cocu et torche-cul

Publié le 26 juillet 2011 par Lamusegalante

Ah ce coquin de Rabelais!

Avec truculence et virtuosité, il nous invite à jouir de la langue et des plaisirs de la vie!

Le voilà qui dans le Tiers Livre fait un délicieux inventaire de « couillons »…

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On peut aussi suivre la liste des 215 Jeux de Gargantua que l’on peut lire dans son intégralité ici.

Parmi mes préférés:

au flux (au flux),
à la vole (à la vole),
à la pille (à la pille),
à la triumphe (à la triomphe),
à la malheureuse (à la malheureuse),
au cocu (au cocu),
à qui si parle (à qui en a parlé),
à pille, nade, jocque, fore (à pille, nade, jocque, fore),
à mariaige (au mariage),
à qui faict l’ung faict l’aultre (à qui fait l’un fait l’autre),
au torment (au tourment),
à la nicnoque (à la nique-noque),
au trictrac (au trictrac),
à toutes tables (à toutes tables),
au tables rabatues (à tables rabattues),
au dames (aux dames),
à cochonnet va devant (à cochonnet va devant),
au beuf violé (au boeuf violé),
à je te pinse sans rire (à je te pince sans rire),
à picoter (à picoter),
à la bousquine (à la bousquine),

à compere prestez moy vostre sac (à compèrere prêtez-moi votre sac)

Pieter-brueghel

à a couille de belier (à la couille de bélier),
à ventre contre ventre (à ventre contre ventre),
à la vergette (à la vergette),
au j’en suis (à j’en suis),
à cline muzete (à cligne-musette),
à la foussete (à la foussette),
à fessart (au fessard),
à sainct Cosme je te viens adorer (à Saint Côme je viens t’ adorer),
à je vous prens sans verd (à je vous prends sans vert),
à bien et beau s’en va quaresme (à bel et beau s’en va Carême),
au chesne forchu (au chêne fourchu),
au chevau fondu (à cheval fondu),
à la queue au loup (à la queue du loup),
à pet en gueulle (à pet-en-gueule),
à Guillemin baille my ma lance (à Guillemin baille-moi ma lance),
à la migne migne beuf (à la migne-migne-boeuf),
à neuf mains (à neuf mains),
à Colin maillard (à colin-maillard),
à la virevouste (à la virevolte),
à cul sallé (à cul salé),
à la maille bourse en cul (à la maille bourse en cul),
à taillecoup (à taille coup)…

***

Gargantua

Chap. 13
Comment Grandgousier congneut l’esperit merveilleux de Gargantua à l’invention d’un torchecul.

Sus la fin de la quinte année, Grandgousier, retournant de la defaicte des Ganarriens, visita son filz Gargantua. Là fut resjouy comme un tel pere povoit estre voyant un sien tel enfant, et, le baisant et accollant, l’interrogeoyt de petitz propos pueriles en diverses sortes. Et beut d’autant avecques luy et ses gouvernantes, esquelles par grand soing demandoit, entre aultres cas, si elles l’avoyent tenu blanc et nect. A ce Gargantua fEist response qu’il y avoit donné tel ordre qu’en tout le pays n’estoit guarson plus nect que luy.
« Comment cela ? dist Grandgousier.
- J’ay (respondit Gargantua) par longue et curieuse experience inventé un moyen de me torcher le cul, le plus seigneurial, le plus excellent, le plus expedient que jamais feut veu.
- Quel ? dict Grandgousier.
Comme vous le raconteray (dist Gargantua) presentement.

« Je me torchay une foys d’un cachelet de velours de une damoiselle, et le trouvay bon, car la mollice de sa soye me causoit au fondement une volupté bien grande ;
« une aultre foys d’un chapron d’ycelles, et feut de mesmes ;
« une aultre foys d’un cache coul ;
« une aultre foys des aureillettes de satin cramoysi, mais la dorure d’un tas de spheres de merde qui y estoient m’escorcherent tout le derriere ; que le feu sainct Antoine arde le boyau cullier de l’orfebvre qui les feist et de la damoiselle qui les portoit !
« Ce mal passa me torchant d’un bonnet de paige, bien emplumé à la Souice.
« Puis, fiantant derriere un buisson, trouvay un chat de Mars ; d’icelluy me torchay, mais ses gryphes me exulcererent tout le perinée.
« De ce me gueryz au lendemain, me torchant des guands de ma mere, bien parfumez de maujoin.
« Puis me torchay de saulge, de fenoil, de aneth, de marjolaine, de roses, de fucilles de courles, de choulx, de bettes, de pampre, de guymaulves, de verbasce (qui est escarlatte de cul), de lactues et de fueilles de espinards, – le tout me feist grand bien à ma jambe, – de mercuriale, de persiguire, de orties, de consolde ; mais j’en eu la cacquesangue de Lombard, dont feu gary me torchant de ma braguette.
« Puis me torchay aux linceux, à la couverture, aux rideaulx, d’un coissin, d’un tapiz, d’un verd, d’une mappe, d’une serviette, d’un mouschenez, d’un peignouoir. En tout je trouvay de plaisir plus que ne ont les roigneux quand on les estrine.

- Voyre, mais (dis Grandgousier) lequel torchecul trouvas tu meilleur ?
- Je y estois (dist Gargantua), et bien toust en sçaurez le tu autem. Je me torchay de foin, de paille, de bauduffe, de bourre, de laine, de papier. Mais
Tousjours laisse aux couillons esmorche
Qui son hord cul de papier torche.
- Quoy ! (dist Grandgousier) mon petit couillon as tu prins au pot, veu que tu rimes desjà ?
- Ouy dea (respondit Gargantua), mon roy, je rime tant et plus, et en rimant souvent m’enrime.

Escoutez que dict nostre retraict aux fianteurs :
Chiart,
Foirart,
Petart,
Brenous,
Ton lard
Chappart
S’espart
Sus nous.
Hordous,
Merdous,
Esgous,
Le feu de sainct Antoine te ard !
Sy tous
Tes trous
Esclous
Tu ne torche avant ton depart !
« En voulez-vous dadventaige ?
Ouy dea, respondit Grandgousier.

Adoncq dist Gargantua :

RONDEAU
En chiant l’aultre hyer senty
La guabelle que à mon cul doibs ;
L’odeur feut aultre que cuydois :
J’en feuz du tout empuanty.
O ! si quelc’un eust consenty
M’amener une que attendoys
En chiant !
Car je luy eusse assimenty
Son trou d’urine à mon lourdoys ;
Cependant eust avec ses doigtz
Mon trou de merde guarenty
En chiant.

« Or dictes maintenant que je n’y sçay rien ! Par la mer Dé, je ne les ay faict mie, mais les oyant reciter à dame grand que voyez cy, les ay retenu en la gibbesiere de ma memoire.
- Retournons (dist Grandgousier) à nostre propos.
- Quel ? (dist Gargantua) chier ?
- Non (dist Grandgousier), mais torcher le cul.
- Mais (dist Gargantua) voulez vous payer un bussart de vin Breton si je vous fays quinault en ce propos ?
- Ouy vrayement, dist Grandgousier.
- Il n’est (dist Gargantua) poinct besoing torcher cul sinon qu’il y ayt ordure ; ordure n’y peut estre si on n’a chié ; chier doncques nous fault davant que le cul torcher.
- O (dist Grandgousier) que tu as bon sens, petit guarsonnet ! Ces premiers jours je te feray passer docteur en gaie science, par Dieu ! car tu as de raison plus que d’aage. Or poursuiz ce propos torcheculatif, je t’en prie. Et, par ma barbe ! pour un bussart tu auras soixante pippes, j’entends de ce bon vin Breton, lequel poinct ne croist en Bretaigne, mais en ce bon pays de Verron.
- Je me torchay après (dist Gargantua) d’un couvre chief, d’un aureiller, d’ugne pantophle, d’ugne gibbessiere, d’un panier – mais ô le mal plaisant torchecul ! – puis d’un chappeau. Et notez que des chappeaulx, les uns sont ras, les aultres à poil, les aultres veloutez, les aultres taffetassez, les aultres satinizez. Le meilleur de tous est celluy de poil, car il faict très bonne abstersion de la matiere fecale.
« Puis me torchay d’une poulle, d’un coq, d’un poulet, de la peau d’un veau, d’un lievre, d’un pigeon, d’un cormoran, d’un sac d’advocat, d’une barbute, d’une coyphe, d’un leurre.
« Mais, concluent, je dys et mantiens qu’il n’y a tel torchecul que d’un oyzon bien duveté, pourveu qu’on luy tienne la teste entre les jambes. Et m’en croyez sus mon honneur.

Car vous sentez au trou du cul une volupté mirificque, tant par la doulceur d’icelluy dumet que par la chaleur temperée de l’oizon laquelle facilement est communicquée au boyau culier et aultres intestines, jusques à venir à la region du cueur et du cerveau. Et ne pensez que la beatitude des heroes et semi dieux, qui sont par les Champs Elysiens, soit en leur asphodele, ou ambrosie, ou nectar, comme disent ces vieilles ycy. Elle est (scelon mon opinion) en ce qu’ilz se torchent le cul d’un oyzon, et telle est l’opinion de Maistre Jehan d’Escosse. « 


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