Une étude vient de montrer la possible efficacité du vaccin -habituellement utilisé contre le cancer du col de l’utérus- en prévention des cancers du canal anal chez les gays. Mais le dépistage précoce des lésions reste essentiel.
Une étude américaine vient de montrer que le vaccin proposé aux jeunes filles est aussi efficace chez les jeunes garçons homos entre 16 et 26 ans contre les lésions pré-cancéreuses pouvant conduire au développement d'un cancer anal. L'étude sur 3 ans a montré une protection contre ces lésions de 77% chez les jeunes n'ayant pas été infectés jusqu'à la fin de la série de vaccination.
Un cancer plus fréquent chez les homos
Ce cancer, relativement rare, est cependant plus fréquent chez les gays. Il découle de lésions pré-cancéreuses, qui sont elles-mêmes le résultat d'une infection virale persistante au niveau de l'anus. Il faut bien noter qu'en général l'organisme parvient à éliminer via le système immunitaire les infections par des papillomavirus. Seules les infections persistantes peuvent éventuellement conduire après plusieurs années au développement d'un cancer.
«Les homosexuels sont plus exposés à de multiples infections par les virus HPV au niveau de l'anus que la population générale. Cela pourrait expliquer qu'ils développent plus d'infections persistantes et par là-même plus de cancers. Le risque est encore plus grand chez les homosexuels séropositifs pour le VIH, en raison du déficit immunitaire», explique Laurence Weiss, chef de service d'immunologie clinique à l'hôpital européen Georges Pompidou.
Un vaccin utilisé aux Etats-Unis
«Le vaccin anti-papillomavirus est efficace pour réduire la fréquence d'infections anales persistantes et de lésions pré-tumorales de l'anus dues aux HPV-6, 11, 16 ou 18», souligne le Dr Joel Palefsky, professeur à l'Université de Californie et principal auteur de l'étude. «Ce vaccin pourrait être la meilleure approche à long terme pour réduire le risque de cancer anal.»
Aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration a autorisé le 22 décembre 2010 l'utilisation du vaccin anti-papillomavirus chez les jeunes garçons de 9 à 26 ans, avant le début de leur vie sexuelle. Un comité consultatif des autorités sanitaires américaines a recommandé mardi l'extension de la vaccination généralisée aux garçons. Une étude économique de novembre 2010 avait pourtant montré que la vaccination de tous les ados, filles et garçons, ne serait pas efficace en terme de coût par rapport au nombre de cas. Par contre, une vaccination des jeunes garçons homos le serait.
Dépister d'abord
Cependant comment imaginer une vaccination ciblée sur les gays à l'adolescence, quand les préférences sexuelles n'osent pas toujours s'affirmer? Comment cibler une population par un vaccin sans stigmatiser? Le Dr Laurence Weiss préfère mettre l'accent sur le dépistage précoce des lésions. «Les Etats-Unis sont peut-être à la pointe sur l'idée de la vaccination, mais en France nous devons en priorité promouvoir le dépistage des lésions qui peuvent être traitées si elles sont prises tôt.» Il faut donc d'abord sensibiliser à l'importance des touchers rectaux et de l'anuscopie. Et en cas de séropositivité au VIH, le suivi est encore plus crucial.
SOURCE : http://www.tetu.com/actualites/sante/un-vaccin-efficace-contre-le-cancer-anal-chez-les-gays-20421