Dans ce grand flou politico-economico-social qui est dépeint actuellement dans les médias, on – citoyen marqué par le saut d’une souveraineté franchouillarde – peut douter de la viabilité de cette communauté si loin… et si proche. L’Europe c’est déjà des petites choses pratiques et parfois amusantes. Comme par exemple, la carte européenne d’assurance maladie. Si je dis « amusantes », vous allez comprendre en regardant cette pub (dont on se demande si le subtext ne vise pas les gays, à vous de me dire messieurs) :
Mais surtout, l’union européenne qui me parle est cinématographique. J’adore le cinéma américain (dernier crush : Winter’s Bone) mais les films qui m’ont le plus touché cette année sont européens (Melancholia, La Piel que habito). Fatiguée d’entendre parler du verre à moitié vide, je voudrais mettre l’accent donc sur le verre à moitié plein. Cela fait un bail que, les pays européens, pour lutter contre la machine américaine ont uni leurs forces de production. La commission européenne, dès 2001, s’interrogeait sur l’avenir de l’industrie cinématographique et audiovisuelle en Europe. Dans un long mais intéressant rapport sur l’identification et l’évaluation des flux économiques et financiers du cinéma en Europe en comparaison avec le modèle américain (ouf!), la commission européenne précise : Ce travail de réflexion [...] trace en premier lieu un cadre politique et institutionnel, qui donne au cinéma toute son importance dans le développement de la démocratie, de la diversité culturelle, du multilinguisme, mais également dans la formation de l’identité culturelle européenne.
Une décennie plus tard, après une transition parfois difficile, scandée par les affrontements entre positions industrielles et culturelles, on peut dire que le cinéma européen a su résister (1145 films produits en Europe en 2008 contre 870 films en 2004 – source Observatoire Européen de l’Audiovisuel) tout en maintenant sa diversité culturelle. La preuve qu’on peut s’unir sans perdre sa spécificité. Tout n’est pas rose (en 2009 et 2010, la part des films européens vus sur les écrans européens passe de 28.3 % à 25.3% – source The European Cinema Markets 2010 in Figures). Mais quelle qualité quand même! C’est ce que nous rappelle les EFA (European Film Awards créés en 1988) avec le cru 2011 :
- Meilleur film Européen : Melancholia de Lars Von Trier
- Meilleur acteur européen : Colin Firth (Le Discours d’un roi)
- Meilleure actrice européenne : Tilda Swinton (We Need To Talk About Kevin)
- Meilleur réalisateur européen : Susanne Bier pour Revenge
- Meilleur production design : Jette Lehmann (Melancholia)
- Meilleur montage : Tariq Anwar (Le Discours d’un roi)
- People Choice Award (Prix du public) : Le Discours d’un roi
- Meilleur scénariste : Jean-Pierre et Luc Dardenne (Le Gamin au vélo)
- Meilleur photographie : Manuel Alberto Claro (Melancholia)
- Meilleur compositeur : Ludovic Bource (The Artist)
- Meilleur documentaire : Pina de Wim Wenders
- Meilleur film d’animation : Chico & Rita de Fernando Trueba
- Meilleur court-métrage : The Wholly Family de Terry Gilliam
- Découverte européenne : Oxygen de Hans Van Nuffel
Pour conclure ce post un peu sérieux et longuet (des fois, ça me prend), je voulais mettre cette photo pour saluer une actrice européenne symbole de diversité (son genre unique et troublant, sa filmographie « auteuriste » ou grand public) identifiable à sa seule nuque, Tilda Swinton :
© Brigitte Lacombe