J’ai tout juste réussi à m’intéresser pour un événement… qui n’en est même pas encore un, mais au potentiel déjà très prometteur. En effet, la Warner s’est décidée à booster la pré-production du projet The Imitation Game , qui a eu l’honneur de culminer au sommet de la « Black List 2011 » (liste des meilleurs scripts non produits à Hollywood). Après la défection de David Yates (Harry Potter), le studio s’est constitué une liste de suppléants potentiels, comptant parmi eux Ralph Fiennes (son premier long, Coriolanus , bénéficie de bons échos) ou encore Bryan Singer. The Imitation Game sera un biopic (…Oui! Je sais, encore un!) sur Alan Turing, mathématicien britannique célébré pour avoir déchiffré le code Enigma, utilisé par les nazis pendant la Seconde Guerre, avant d’avoir été persécuté pour son homosexualité, emprisonné et condamné à la castration chimique. S’il reste toujours impliqué dans le projet, Leonardo DiCaprio jouera le rôle principal et invoquera, après Hoover, le fantôme d’un autre homosexuel de l’Histoire du siècle précédent pour décrocher son Oscar Tant Mérité – peut-être devrait-il se rallier à un nouveau projet avec Meryl Streep, histoire de faire d’une pierre deux coups. D’un autre côté, j’avais commencé la semaine en visionnant la cérémonie de la Screen Actors Guild – dans la nuit, donc, bonjour le début de semaine – et agréablement surpris par des résultats moins consensuels qu’à l’habitude… avant de me rappeler m’être dit à la sortie du film que si cela s’avérait que ce soit bien elles, les femmes de The Help (meilleur ensemble, meilleurs actrices), puis, un mois après, le néanmoins très bon Jean Dujardin (meilleur acteur dans un rôle principal) dans The Artist, qui domineraient la course jusqu’à la ligne d’arrivée, ce serait que le cru « films à Oscars» ne serait pas folichon cette année 2011. De l’autre, j’ai trop hâte d’être dimanche, lors de la diffusion des BAFTA pour me prononcer et faire mes derniers paris, et surtout à la fin de ce mois, pour me dire que, peut-être, c’était trop bien en fait!
… Et oui, il n’y a rien de plus pathétique qu’une « midinette à tonton Oscar »!
Après une semaine (de trop, toujours) de hiatus, je réenchaînais sur The Good Wife (Julianna Margulies, qui s’est bien améliorée pour ses derniers grand « red carpets »). Habitué à tel un niveau d’excellence par la série que je ne prévois jamais l’éventualité d’un ventre mou ponctuel (pourtant relativement normal, à petites doses), l’épisode de dimanche dernier m’a assez déçu au niveau de la résolution trop rapide et clairement bâclé de la mise en examen de Will (Josh Charles), en consacrant, encore une fois, beaucoup trop de temps, comme toujours au détriment d’autres personnages (qu’ils engagent quelqu’un pour écrire pour Christine Baranski, vu qu’ils semblent avoir un peu de mal dernièrement!) à Eli Gold (Alan Cumming) dont l’intrigue n’en demandait pas tant, tout juste prétexte à quelques répliques bien senties (dont le savoureux « Alicia, you’re a gay icon! ») ou encore à réintroduire le personnage d’Amy Sedaris qui rivalise avec lui pour obtenir la représentation du GLAC (Gay and Lesbian Association of Chicago)… Preuve, certes, que le bilan n’est pas si triste!
Or, je ne saurais l’expliquer, peut-être que la polémique, qui brasse un peu trop de vent à mon goût, autour des propos de Cynthia Nixon, a accentué mon agacement, mais cette semaine, j’ai été particulièrement agacé par le développement autour de la sexualité de Kalinda (Archie Panjabi), et, à vrai dire, cela fait plusieurs semaines déjà qu’il me laisse un goût amer. Peut-être est-ce juste une interprétation, ou une impression somme toute juste personnelle, mais j’ai l’impression que les scénaristes ont peur de consacrer au personnage un développement digne de ce nom, de lui donner quelque chose de relativement «banal» à faire, comme on le ferait pour n’importe quel régulier d’une série. Evidemment, je ne pourrais reprocher la même chose au traitement d’Owen (Dallas Roberts), le frère gay d’Alicia, puisque, n’évoluant que dans le cadre de la sphère privée de l’héroïne, on ne peut pas souhaiter que sa présence se justifie autrement qu’en tant que miroir espiègle et gentiment inquisiteur de celle-ci – même si l’acteur est trop cool. En fait, c’est toute la dimension «ambigüe» du personnage de Kalinda qui commence à me fatiguer, tablant sur un postulat genre «bisexualité = mystère = élégance = pertinence». Certes, la série fait déjà pas mal, surtout sur une chaîne aux relents aussi conservateurs que CBS, en matière de représentation des sexualités différentes, mais dernièrement, le jeu du chat et de la souris qui s’est instauré entre elle et Dana Lodge (Monica Raymund) tendait à manifester toujours un peu plus l’appréhension des scénaristes à s’émanciper des outils de la suggestion, de l’allusion et de l’évocation de ces deux personnages «ambigus» (lire: le cul entre deux chaises). Après avoir fortement laissé que l’attirance de Kalinda pour Dana était quelque part son talon d’Achille, ce dont cette dernière semblait avoir remarqué, instrumentalisant ainsi leur relation. Or, cet épisode nous offre un twist où Kalinda révèle au spectateur sa maîtrise implicite de toute ces manigances, et invite Dana à la gifler pour se soulager, comme pour suggérer que leur relation a bien été « consommée », mais celle qui pensait détenir le pouvoir s’était au final fait bernée. Après, tout ça n’est peut-être qu’une impression, visiblement voisine de celles déjà évoquées ici , mais j’attends toujours définitivement mieux de la série. Le mieux ne passerait pas forcément par un coming-out franc du personnage, ça, je m’en tape un peu, mais j’aimerais plus qu’il se distingue comme un personnage à part entière, quitte à devoir se taper quelques intrigues pas foncièrement excitantes (comme Kalinda et Dana justement, mais pas « ça »).
En fait, j’ai surtout passé le plus clair de mon temps à m’exciter à l’écoute d’un disque, le dernier Xiu Xiu, Always, le huitième album en dix ans du groupe, et le meilleur à mes yeux depuis La Forêt (2005). Je me souviens qu’à l’issue d’un de ces rituels religieux que sont devenus pour moi ses performances live, une amie m’avait demandé si je ne pensais pas qu’il «fusse des nôtres». La question n’avait pas un intérêt particulier pour moi au premier abord, mais avait immanquablement imprimé sa marque dans mon subconscient. Ce n’est que bien plus tard que j’ai appris de la bisexualité du leader et tête pensante du groupe, Jamie Stewart, qui pourtant me terrassait à chacune de nos nouvelles rencontres – oui… avec des centaines d’autres gens! Laissez-moi rêver! Toujours! – par ce magma, ce bouillonnement extatique où ses chansons, qui déjà dans leur forme originelle mettent bien à l’épreuve la Belle Harmonie et l’art de la «jolie» mélodie, se trouvaient vouées à un régime de «maltraitance bienveillante» communes à toutes, revisitées par la psyché d’un chanteur qui, à leur contact, semblait se réapproprier toute note, toute parole, toute émotion qu’au contact de la sueur perlant en torrents sur sa peau, que par des déformations buccales et autres grimaces qui donne tribune à sa voix … OK, bref, cet homme me fait de l’eff-et. J’admire au plus haut point chez lui l’art de puiser naturellement dans sa part de vulgarité, qui fait aussi son énergie, pour déclamer son amour de la pop tordu par un héritage punk, industriel… Je crois d’ailleurs que je ferais mieux que ne pas parler musique, ça va être trop moche, surtout à propos de quelqu’un qui me fait toujours autant tripper, sur le fond et la forme. Au lieu de çà, comme je l’ai fait ici, je répèterais avec insistance et aléatoirement l’adverbe «toujours», jusqu’à ce que ce sorti de mon système quand je le reverrais le mois prochain.
Ou alors, il fera tout aussi beau et largement moins froid la semaine prochaine et tout sera source d’inspiration. Et ce sera bien. On y croit!