Addiction sexuelle: 3 réponses précises aux questions que vous vous posez

Publié le 06 avril 2012 par Frédéric Duval-Levesque

Motif de consultation de plus en plus fréquent à mon cabinet, l’addiction sexuelle sort de l’ombre.

Mais que sait-on exactement de ce trouble ?

Comment distinguer une réelle dépendance et hédonisme exacerbé ?

Qui sont ces accros du sexe ?

Quelques réponses sur ce phénomène tabou.

“Tout le monde le fait” chantait récemment Ophélie Winter dans une chanson sur les plaisirs solitaires. Après Michel Berger pour qui il n’y avait pas de honte à aimer ça (le sexe), on peut se demander quelle est la frontière entre l’addiction sexuelle et une sexualité épanouie et sans tabou.

Addict ou hédoniste ?
La réponse ne réside pas dans une distinction basée sur la morale mais bien sur des critères de dépendance, assez similaires à ceux d’autres addictions : syndrome de manque avec douleurs thoraciques et insomnie, impossibilité de réfréner une “boulimie d’orgasme” malgré un impact négatif sur la vie sociale (perte d’emploi, rupture amoureuse, désocialisation.). Typique d’une addiction sexuelle : la recherche systématique de multiples partenaires, associés à la masturbation, peut faire perdre plusieurs emplois et entraîner le départ du partenaire.

Outre ces situations ultimes, à partir de quand peut-on parler d’excès ? C’est difficile mais chez les addicts, la “consommation” pluriquotidienne (qui peut atteindre 12 à 15 orgasmes) est associée à un syndrome de manque. De plus, cette consommation d’orgasme est généralement associée à un syndrome anxio-dépressif. L’orgasme jouant alors le rôle d’anxiolytique naturel.

Portrait robot de l’accro
L’addiction sexuelle semble concerner plus souvent les hommes, mais certains auteurs pensent que le tabou reste important chez la gent féminine. Malgré la libération sexuelle, un homme pourra être valorisé pour avoir de nombreuses relations sexuelles qui témoignent de sa virilité alors qu’une femme dans la même situation sera perçue négativement : femme facile, voire des qualificatifs moins flatteurs…

Toutes les tranches d’âge, toutes les catégories sociales et professionnelles semblent être concernées dans les mêmes proportions. Ce trouble pourrait trouver son origine dans l’adolescence où des masturbations excessives perdurent à l’âge adulte. Enfin, l’addict sexuel est plus généralement un “polyaddict”, qui cumule ainsi plusieurs dépendances : drogues, tabac, workahooliste, boulimie. Mais le trait le plus caractéristique est sans doute la présence sous-jacente d’un syndrome anxiodépressif.

La fin d’un tabou
Alors que l’addiction sexuelle sort de l’ombre, on a tendance à croire qu’elle est en augmentation. Est-ce réellement le cas ou simplement une distorsion médiatique d’un phénomène très singulier ? Bien qu’il n’existe pas de chiffres sur ce phénomène, les sexologues semblent s’accorder sur une recrudescence des consultations pour addiction sexuelle.

Néanmoins, ils n’y voient pas là une sollicitation croissante des stimuli sexuels via la pub, la télé ou le cinéma mais plutôt une levée du tabou et une meilleure connaissance des troubles addictifs. Malgré cela, tous les interdits ne se sont pas envolés, ainsi les demandes de consultation interviennent généralement après plusieurs années. Le diagnostic est très tardif, après une atteinte de la vie sociale (insomnie persistante, amaigrissement, désocialisation, perte de travail, problèmes financiers…) ou après la survenue de problèmes d’érection ou d’autres troubles sexuels ne leur permettant plus d’atteindre leur consommation habituelle d’orgasme.

Pourtant une fois le diagnostic porté, des prises en charge spécifiques peuvent être engagées. Comme il y a généralement la conjugaison de polyaddictions et d’un syndrome anxiodépressif, il convient de classer l’importance des différentes dépendances et de les traiter hiérarchiquement.

La prise en charge des addictions sexuelles peut reposer sur la prise d’antidépresseurs ou d’anxiolytiques qui permettront, peut-être, de résoudre le problème pour des addictions récentes (3 à 6 mois), soit de diminuer la consommation avant d’engager une prise en charge psychologique (thérapie cognitive et comportementale) indispensable, avec une psychothérapie.

Les thérapies de groupe sur le modèle des alcooliques anonymes ne semblent pas très répandues en France contrairement aux Etats-Unis, ni très efficaces.

Parler de sa sexualité reste encore plus difficile que d’autres problèmes addictifs…

Références: mon expérience profesionnelle,  doctissimo.fr

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