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La normalisation de la scène pornographique

Publié le 14 juin 2012 par Plugingeneration @Plug_Generation

« Porno », le mot est lâché ! Cachez votre écran, supprimez l’historique, allez aux toilettes, enlevez le PQ de votre bureau, évitez tout contact pendant au moins 20 minutes ou vous allez vous faire prendre ! Par qui ? C’est pas la question, faites le bon sang ! Quant à moi, grâce aux petits robots Google mon article va être référencé dans les 25% du net occupé par la pornographie…Héhéhé. Malin non ? Pas tant que ca en fait.Depuis quelques temps la pornographie se normalise, un peu comme notre président, et ca c’est pas bon pour le tag « porno »… Mais ca veut dire quoi « se normaliser » ? N’importe quel sociologue ou psychiatre vous dira que « la normalité n’existe pas ». Et c’est bien là le départ de notre propos. Expliquons-nous un peu. Avec le porno chic, les films comme Girlfriend Experience, les séries comme Journal intime d’une Call Girl ouHard, les blogs comme celui de Katsuni, les pubs comme celle de Sasha Grey, on tend à faire du porno quelque chose de « normal ». On voit des gens qui s'amusent, parlent de leur métier "bon enfant", ne se prennent pas la tête, font des doubles péné sans soucis (cf l'interview pitoyable de Dark Planneur et Anna Polina ici). Or le porno n’est pas « normal ». De toute façon même pour un métier classé comme "normal" ça ne l'est pas... Vous vous amusez tous les jours vous à la Poste ou dans une banque ? Pas moi. Alors dans le porno...

Mais pourquoi le porno n'est-il pas un métier "normal" ? On accepte généralement deux définitions du terme en sociologie : 

- La première définition, "conformité au type le plus fréquent", renvoie plutôt à une notion quantitative et statistique. Ce qui est "normal" est ce qui est dénombré en plus grande quantité. 
- La seconde définition, "conformité à une norme, à une règle, à ce qui doit être", renvoie plutôt à une notion qualitative. Ce qui est "normal" est ce qui est en adéquation avec un référent d'ordre supérieur *. 
Et c’est assez intéressant de constater que si on se réfère à la première définition, le porno peut être dit « normal », vu les chiffres et son taux de pénétration sur Internet on peut dire qu’il est conforme au type le plus fréquent ! C’est paradoxal mais c’est pourtant vrai ! Mais cette définition est vite contrebalancée par la seconde, si on la suit en effet le porno ne peut plus être dit « normal » puisqu’il ne suit pas une norme ni de référent d’ordre supérieur. Paradoxe incurable de la pornographie ! Tout le monde regarde mais personne ne connaît ! Vous me suivez ? :)

Mais le problème avec le terme c'est qu'il renvoie tout de suite à quelque chose de péjoratif, « ce mec n’est pas normal », etc. Or en réalité personne n’est « normal », vous serez toujours le mec anormal de quelqu’un d'autre, qu'on se le dise, si vous croyiez le contraire c'est que vous avez de la peau de sauce dans les yeux (oui cette expression existe bien). Normaliser la pornographie, ça n’a aucun sens, quoiqu’on en pense, quoiqu’on en dise, un acteur porno n’a pas un métier « normal ». Et ce n’est pas dénigrer la pornographie que de le dire. Bien au contraire, la pornographie ne trouve son plaisir que dans sa déviance, sa perversion, son côté rebelle et anti-moralisateur. Voilà pourquoi ce phénomène de normalisation me paraît complétement idiot. 

Alors évidemment on comprend le sens derrière, il est d’ailleurs louable, il s’agit de revaloriser la profession et la faire connaître du plus grand nombre pour être ainsi acceptée et reconnue par tous comme une véritable profession, comme le combat des travailleurs du sexe. Mais en vérité ils sabotent leur propre navire… Une série comme Xanadu, beaucoup plus réaliste, nous donne plus envie de respecter le métier (même si c’est pessimiste). On n’a pas besoin de vouloir à tout prix normaliser les choses, les faire entrer dans des cases toutes faites pour les rendre accessible. Ca me paraît d’une idiotie remarquable. Bientôt on ne se tournera plus que vers les productions underground et alternatives type gonzo amateur. Plus d’acteurs mais de vrais gens avec de vrais relations misent en scène. Non mais sans blague ! Laissez au porno ce qui est au porno. Le plaisir de se cacher, de faire ça en douce, de fantasmer, c’est le dernier espoir d’un exutoire alternatif aux gros blockbusters qu’on nous sert comme de la soupe ! Si on commence à tout aseptiser, à tout rendre bon enfant, plus rien ne pourra plus nous intéresser, nous étonner, ni nous choquer ! C’est en partie le scandale d'Antichrist de Lars Von Trier ou du festival de métal Hellfest condamné par les cathos tradi de tout poils. On accepte de moins en moins l'étrange, on n’accepte plus la part dionysiaque qui sommeil en chacun de nous. Nietzsche, Sade, Pasolini, Rops, Brassens, revenaient s'il vous plait ! On se fait chier ici ! 
Et laissez le porno où il est, n'essayez pas de le normaliser à tout prix, et dévergondez un peu notre président au passage, regardez moi cette boubouille de mec "normal" de photo présidentielle ! Ils auraient dû prendre Richard Kern plutôt que Raymond Depardon comme photographe...
* http://psychobiologie.ouvaton.org/articles/txt-06.20-01-normalite.anormalite.htm
La normalisation de la scène pornographique
Plug' In Pussy.


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