Le médicament avait été initialement approuvé par la FDA en août 2004 pour être utilisé avec d'autres antirétroviraux pour traiter des adultes contaminés par le VIH et des enfants de 12 ans et plus. Son efficacité préventive a été mise en évidence par les résultats d'un essai clinique mené de juillet 2007 à décembre 2009 dans six pays, dont le Brésil, l'Afrique du Sud et les Etats-Unis, et financé en grande partie par les instituts nationaux américains de la santé (NIH).
Il avait alors réduit de 44 % le risque d'infection chez les hommes homosexuels qui utilisaient aussi un préservatif. Une autre étude clinique a montré que le Truvada a diminué le risque d'infection jusqu'à 75 % chez les couples hétérosexuels dont l'un des deux partenaires était séropositif.
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Dans un communiqué mis en ligne mardi 17 juillet, Act Up-Paris a jugé "précipitée" la décision de l'Agence américaine du médicament d'autoriser la mise sur le marché du Truvada, premier traitement de prévention contre le sida destiné aux personnes à risques. Pour l'association, "la FDA montre son mépris de la recherche, qui n'a jamais donné de preuves suffisantes d'une efficacité du Truvada en prévention", alors même que cette décision intervient "à quelques jours du lancement de la conférence de Washington (du 22 au 27 juillet), moment-clé de la lutte contre le sida, où les grandes orientations de la recherche sont décidées".Act Up-Paris se dit "en colère contre cette décision, car la précipitation mal informée, en matière de prévention, se compte en contaminations". Selon l'association, "les chiffres d'efficacité aujourd'hui disponibles montrent une réduction du risque de transmission chez des homosexuels masculins et trans de 44 % avec un intervalle de confiance allant de 15 % à 63 %, indiquant une reproductibilité très incertaine de ces résultats".
"Laisserons-nous encore longtemps les lobbys du médicament dicter leurs règles à notre communauté, au mépris de notre santé ?", interroge l'association, qui souligne que l'annonce de la FDA "avait été reportée à septembre par les autorités américaines, qui disaient manquer de garanties de la part du laboratoire Gilead". Ce dernier "bénéficiera d'une rente considérable sur ce médicament, dès qu'il sera mis à disposition des gays américains", insiste Act Up.
Via Le Monde
Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) rappelait qu'en France, Truvada était testé dans l'essai Ipergay. L'autorisation de Truvada en traitement préventif devrait faire évoluer cet essai en cours, dans lequel des gays séronégatifs testent l'efficacité de Truvada pris à la demande contre un placebo. Le comité associatif de l'essai s'interroge sur l'opportunité de maintenir le bras placebo. L'association Warning demande d'ailleurs dans un communiqué de presse que le bras placebo soit supprimé et qu'on autorise Truvada en France, avec un remboursement par la Sécurité sociale.
Via Yagg