Corée du Nord : Esthétisme de l'impuissance

Cette parade est censée commémorer le 65e anniversaire de la création du parti des Travailleurs et annoncer au monde, à grands renforts de démonstrations militaires, la prise de pouvoir de Kim Jong-Un(1).
Angoissante vision d’un pays qui se réduit à un simple bataillon militaire, l’unidimensionnalité est évidente au cœur de cette simple perspective où la nature de l’être humain doit se transformer en un seul agrégat, une seule et même matière censée marcher au pas cadencé.La Corée du Nord, pays qui souffre d’une dictature militaire dans lequel le PIB sert les intérêts belliqueux du régime alors que la population crève misère (2) et n’a pour seul espoir la fuite vers la Chine ou la Corée du Sud, n’a de cesse de mettre en scène sa propre puissance(3), ou plus exactement sa propre impuissance à nourrir et à faire vivre dignement sa population. Faute de nourriture, on abreuve le monde d’images à visée propagandiste afin de convaincre les pays frontaliers que la vérité politique se vérifie par la démesure militaire.
Dans cet esthétisme digne des cérémonies staliniennes, on perçoit toute la force communicationnelle d’un régime désireux d’afficher, d’exposer sa propre iconographie dans la guerre des images entre les différentes nations.

1. Kim Jon-Un, article sur Wikipedia
2. En 2008, le déficit a presque doublé, pour atteindre de 1,6 à 1,8 million de tonnes sur les cinq à six millions nécessaires pour nourrir la population. Source, La famine rôde en Corée du Nord, Le Devoir.com. A voir aussi, Corée du Nord -Famine, documentaire sur l’INA.
3. La Corée du Nord, entre nucléaire et famine, Le Monde diplomatique

• Photographie : KCNA/Reuters



Statue de de Kim Il Sung, fondateur et premier dirigeant de la Corée du Nord de 1948 jusqu'à sa mort. AP/Elizabeth Dalziel