Poser nue pour son président : est-ce l’unique moyen de devenir journaliste ?

Publié le 02 septembre 2010 par Vigo

 Le fameux calendrier des journalistes russes posant à la gloire de Vladimir Poutine fait actuellement le tour de la toile(1). Aussi affligeantes soient-elles, ces photos nous rappellent ce que le monde des médias est en train de devenir un peu partout dans le monde. La transformation s’est opérée lentement mais avec une réelle maitrise des nouveaux modes de communication. Il va sans dire que la politique a toujours été intrinsèquement liée au journalisme, mais la capacité à réduire l’univers médiatique à de simples playmates est une donnée récente à laquelle des Berlusconi ou autres magnas de la presse industrielle s’adonnent désormais sans complexe. Tout est communication, alors la politique se réduit à un show affligeant auquel des jeunes filles se prêtent sans état d’âme.



Pour une journaliste télé se déshabiller ne pose plus aucun problème dans la mesure où son rôle se réduit à n’être qu’une beauté plastique. La photo d’Audrey Pulvar en petite paysanne, en guise d’intronisation sur Itélé, est venue nous renvoyer en pleine figure que la France n’était pas exemplaire à la matière.
Il suffit d’ailleursd’allumer les chaînes d’infos pour constater à quel point les profils des jeunes filles se ressemblent, ce sont autant de barbies qui se confondent les unes aux autres : même regard, même ton, même absence d’éthique et de sens de l’investigation. On imagine aisément que les travaux d’Albert Londres n’habitent pas leur univers, ou du moins on l’espère pour leur conscience, car leur travail ne se résume qu’à des faits divers, des annonces politiques vagues et sans contenue.La playmate de l’information a de beaux déshabillés devant-elle, surtout quand on voit à quel point les titres de la presse passent progressivement aux mains de marchands d’armes et d’industriels pour qui les médias ne servent qu’à défendre leurs intérêts financiers(2).Pour contrecarrer cette initiative idiote et vulgaire, d’autres étudiantes ont posé elles aussi pour un calendrier, mais la bouche bandée pour rappeler à Poutine que le meurtre d’Anna Politkovkaïa (3) n’a toujours pas trouvé son coupable de même que les arrestations de dissidents n’ont toujours pas cessées. Nul doute que ces jeunes femmes ne trouveront aucune place dans le monde des médias dirigés par les amis de Poutine. Leur courage en est d’autant plus remarquable que la voie du journalisme se réduit de plus en plus à de simples places de présentatrices adoubées par les hommes politiques.
  1. «Vladimir Vladimirovitch, nous vous aimons. Joyeux anniversaire M. Poutine», le calendrier est composé de douze clichés évocateurs d’étudiantes de la faculté de journalisme de l’Université de Moscou, accompagnés de slogans dont la portée sexuelle est sans équivoque. «Vous avez maîtrisé les feux de forêt, mais moi je brûle encore», déclare la miss du mois de mars.
  2. Le rachat possible du Parisien par le député et chef d’entreprise Dassault constitue une menace pour le pluralisme de la presse, selon le PS.
  3. Anna Politkovkaïa