Fiche technique :
Avec Radha Mitchell, Gabriel Mann, Charis Michaelson, David Thornton, Anh Duong, Ally Sheedy, Patricia Clarkson, William Sage et Helen Mendes. Réalisé par Lisa Cholodenko. Scénario : Lisa
Cholodenko. Directeur de la photographie : Tami Reiker.
Durée : 95 mn. Disponible en VO, VOST et VF.
Résumé :
Malgré la récente promotion qu'elle vient d'obtenir dans le prestigieux magazine de photo Frame, où elle travaille, Syd reste préposée
aux cafés. Elle vit confortablement et depuis longtemps avec son ami James. Une fuite au plafond de la salle de bains va l'amener à rencontrer sa voisine du dessus, l'insaisissable Lucy Berliner,
célèbre photographe qui a décroché depuis dix ans et qui va lui faire découvrir un monde étrange et captivant.
L’avis de Yann Gonzalez :
High Art est le récit touchant d'un amour désespéré. Syd (Radha Mitchell), jeune et charmante intellectuelle, travaille pour Frame, un magazine de photos important, mais est quelque peu frustrée par sa place dans la hiérarchie de l'entreprise. Elle fait un jour connaissance avec sa voisine, Lucy (Ally Sheedy), ex-photographe à succès dont le travail fascine Syd d'emblée. Celle-ci n'a alors plus qu'une idée en tête : remettre Lucy sur le devant de la scène par le biais de Frame. Parallèlement, les deux femmes vont vivre une liaison tourmentée, Lucy ayant de graves problèmes liés à la fois à sa maîtresse allemande, Greta (Patricia Clarkson), et à la drogue...
Lisa Cholodenko a un talent évident pour filmer la passion : que ce soit celle du couple Syd et Lucy ou celle, plus ancienne, existant entre Lucy et Greta, mais qui ne reste effective que par le lien mortifère de l'héroïne. La jeune cinéaste, dont c'est le premier film, sait mettre en valeur ses actrices (toutes épatantes) et leurs corps confrontés à un désir gangrené par la mélancolie (on lit dans les yeux d'Ally Sheedy l'impossibilité du bonheur). Elle possède également un don particulier pour installer une atmosphère aux tonalités sombres (renforcée par l'envoûtante musique de Shudder To Think), filmer des visages, laisser du temps aux personnages qu'elle aime et qu'elle sait aimer. On regrette alors que le film ne se focalise pas davantage sur son trio principal et nous impose sa vision pas très originale du milieu superficiel de la photographie contemporaine, insistant également sur l'arrivisme inconscient de Syd dans ses rapports avec Lucy. Le film était déjà assez amer et l'on n'avait pas besoin de cette mesquinerie inhérente aux rapports professionnels dont on a la désagréable impression qu'elle intervient comme un surplus dramaturgique.
L'avis de Pierre Guillemot :
L'histoire : Syd, jeune Américaine blanche en bonne santé, commence sa carrière à New York comme rédactrice-stagiaire et porte-café dans un magazine de photo d'art branché. Elle a un appart, un jules gentil, tout va bien sauf qu'elle aimerait monter en grade. Elle tombe par hasard sur Lucy, vieille New-Yorkaise, héroïnomane, qui vit avec Greta, Allemande non moins ravagée, dans le petit monde de l'art pénible. Et Lucy photographie ça, et c'est très bon; Syd voit sa chance, révéler à ses chefs un nouveau talent; pas de veine, c'est une vieille gloire, qui a arrêté de publier; mais si Syd arrive à la refaire travailler, on en fera la prochaine couverture du magazine d'art branché.
La suite est à l'horizon : Syd fera ce qu'il faut : se défoncer, dévouer son corps, pour que ça marche pour elle. Ça finit mal.
Bon, ça se veut subtil, l'initiation à la vraie vie de la jeune arriviste, la vieille qui se croyait le cœur tanné et qui fond à nouveau, les dégâts de l'amour et de l'abandon. Avec une image en couleur très joliment travaillée, les décors; des bureaux trop nets où les meubles ont l'air d'être coupants, des appartements citadins déglingués et étouffants, on a l'impression qu'il n'y a jamais de fenêtres (il y en a mais on ne voit rien à travers) et brusquement le dimanche à la campagne, un autre monde, d'autres couleurs. Petit plaisir de voir mises en scène les images des images, ce qui vient de se passer est devenu une photo et celle qui est dessus en discute (Lelouch avait fait plus et mieux; Hasards et coïncidences et la caméra vidéo).
Et puis quand même, le film montre ce que les filles se font entre elles. Pour une fois autrement que M6 le dimanche soir, et pas comme les militantes de Go fish. C'est beau et ça émeut (très, très voilé, n'y allez pas pour ça, on en voit moins que sur la photo de l'affiche).
Mais avec tout ça, la réalisatrice ne nous sort pas du petit monde de l'art parisien (new-yorkais mondialisé cette fois, c'est pareil). Sauf quand Lucy va chez sa très vieille maman Juive, qui n'oublie jamais de rappeler à sa fille qu'elle vit, à son âge, avec les sous que son papa avait sortis d'Allemagne quand il était encore temps. Drôles de scènes qui n'ont rien à voir avec le reste. Un morceau de l'histoire personnelle de l'auteur ?
Un film qu'on peut voir.
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