Marcela Iacub montre DSK comme le poète de la récitation, un cochon !?
Nulle part, dans les critiques je n’ai lu un texte qui rapportait ce fait : « le récitataire DSK ». Curieux non ? Je trouve personnellement que cela valait un point. DSK, sait réciter. QUOI ? Je ne sais pas, mais, « des mots », certainement, des mots qui accrochent, qui, à l’oreille (il n’est pas nécessaire de la manger), convainquent, séduisent, autorisent tous les actes (il n’est pas nécessaire d’agresser), pudiques ou non, pervers et sataniques, grandioses ou « cochons », c’est du pareil au même. DSK sait « dire » ; il sait aussi écrire, raconte Madame Iacub. « Écrire pour dire », encore et encore ; on a, depuis l’affaire du Sofitel, cru que DSK n’était qu’un violent du corps, peut-être est-il aussi un violent du « dire » ! Je répète, il n’est pas nécessaire pour cela d’entrer « dedans », de la « huiler », ni même d’arracher cette oreille « attentive », soumise, prête, disponible, « consentante » (puisqu’elle en demande, la truie, elle jouit). « Récitation et Oreille » sont, me semble-t-il, deux mots clés dans cette sublime histoire-rencontre-d’amour entre Iacub et DSK. Madame Iacub ne déclarait-elle pas au Nouvel Obs : « Je suis persuadée que la domination masculine se transmet surtout par des voies douces ». Voilà, je commence avec ça !
Marcela Iacub
« Belle et Bête »
Elle a raison : « L’homme politique DSK est mort, la Bête peinera à lui survivre », seule, égarée, divorcée, sans un sou.
Quelle effronterie de la part des Media ! Pour ne pas écrire quelle petitesse de leur part ! Oui, celle-là, cette effronterie, même pas audacieuse, ni loyale, mais impudente, insolente, criante, presque vengeresse, de tous ces Media pour ne pas avoir été choisis, mis dans le coup, (j’y vois beaucoup d’hypocrisie de la part de tous : critiques de livre au premier plan, mais surtout cette « presse » impudique, presque jaune, qui en d’autre temps – lors des événements du Sofitel et du Carlton - a été beaucoup plus grossière et vulgaire, à l’endroit de DSK) au sortir de cet « Une », une titre mal fagoté sans doute, du Nouvel Obs sur l’affaire intime DSK-Iacub. Cette « Une », fallait-il qu’elle parle d’histoire, d’aventure, d’affaire, de « lune de miel noire » ? Peu importe, l’affaire était lancée et elle a eu de l’écho.
On s’est gorgé de mots, et pas des moins orduriers pour démoniser le Nouvel Obs, et Madame Iacub, qui ont osé présenter une œuvre littéraire pour cacher une affaire de sexe.
Pour moi, ce livre est un texte prude, une métaphore osée, une présentation sobre, une histoire assez rigolote (oui, j’ai ri souvent), un propos littéraire correct (il n’atteint pas la virtuosité, ni n’est pas aussi bien amené que le texte de Marie Darrieussecq, ni non plus celui de Kafka, si je peux permettre la comparaison ; elle n’est pas Voltaire, non plus, mais elle peut rêver), une fiction qui montre bien, et ne dit pas tout, d’une aventure assez romanesque – elle n’est pas triviale, au contraire -, d’une aventure qui a aussi son côté sombre (qui sait vraiment ce qu’elle voulait ? qui sait vraiment ce que lui, voulait ? qui sait vraiment ce qu’ils, ensemble, ont cru, pensé, gerbé, lors de leur assez folle aventure ?).
Bref, voilà « mon idée de ce livre ». Alors je suis bien loin de lui jeter quelque pierre que ce soit, ni à elle, ni au Nouvel Obs. Ce livre est un bon livre, sans doute pas de la grande littérature... mais il n’y a pas que ça dans la vie littéraire. Il y a aussi des textes qui « doivent » dire quelque chose et celui-ci en fait partie. Il éclaire d’un angle peu ordinaire - le texte métaphorique tient bien la route - une affaire qui autrement serait restée caché, et sans doute, si le bruit avait couru que cette chose s’était passée, aurait été pastichée, dénigrée, noircie, vilipendée... ! Il valait donc mieux, pour l’auteur, qu’elle le raconte elle-même.
Jérome Béglé a écrit à propos de ce livre: « La lecture est rendue parfois insoutenable par la crudité des faits et par la crudité du verbe ». Mais il est dans les patates, je me répète, le texte est sobre.
Récemment, sur France 2, Madame Iacub a déclaré : « On a l’impression que pour parler de sexualité, il faut décrire des scènes très précises », avait-t-elle confié, déplorant que beaucoup parlent de ce livre sans l’avoir lu ». C’est mon avis. Au lendemain de la parution du Nouvel Obs, que j’ai lu par hasard (je l’achète très rarement) « personne », non, « personne » n’avait lu le livre, que des extraits dans la revue, et une entrevue que Madame Iacub accordait par la même occasion. Dans un tout petit compte-rendu d’une émission de France 2 que j’ai lu par la suite, je trouve Madame Iacub un peu simple, même plutôt naïve, candide, ingénue (peut-être franche, sincère, je ne sais pas). Elle cherche sans doute des mots qui vont apaiser, ou rencontrer mieux, le public. Elle avait déclaré, je crois, qu’elle ne répondrait plus aux journalistes ; elle le fait sans doute pour promouvoir son livre. Je ne sais pas. Je n’ai même aucune idée si ce livre se vend bien ou pas. Mais quelle importance ! Hors, j’apprends qu’il se vend bien, je viens de lire ceci :
Il se vend comme des petits pains. « Belle et bête », l’ouvrage dans lequel la philosophe et journaliste Marcela Iacub raconte sa liaison de neuf mois avec Dominique Strauss-Kahn au lendemain de l’affaire du Sofitel, s’est vendu à plus de 20 000 exemplaires en cinq jours selon les chiffres d'Edistat, l’institut de statistiques des ventes de livres en France. Paru le 27 février, et certainement boosté par la polémique, il a par ailleurs fait son entrée, à la septième position, du top 20 Ipsos/Livres Hebdos, tous genres confondus, note le site littéraire My BOOX.
C’est ce qui me surprend le plus au début de cette affaire (lors de la sortie de la « Une » du Nouvel Obs), c’est que l’on tombe à bras raccourcis sur le livre, et sur Madame Iacub, et sur Le Nouvel Obs (ses lecteurs tout d’abord ; « pas mon Nouvel Obs ! non, pas lui ! », comme l’a écrit un lecteur). Alors, je me suis dit autant acheter le livre et me faire une idée.
Et voilà, mon idée est faite : « je crois – j’assume, parce que je n’ai rien lu, vu, ou entendu de toutes ces choses sordides véhiculées ; les petits journaux jaunes, britanniques et américains, ou français car il y en a ici aussi, ne sont pas ma tasse de thé - que les journaux, et tous les media du Monde entier se sont montrés beaucoup plus « cruels, durs, orduriers » à propos de DSK, y allant du vocabulaire pornographique habituel (avec ses pipes, ses bittes, ses éjaculations, ses violences, ses phantasmes bestiaux, ses entrées remarquées à des congrès quand il déclare « Y a-t-il des femmes baisables ici » ?...) lors de son « affaire » au Sofitel – sans oublier cette autre affaire du Carlton de Lille -, que ne peut l’être ce livre de Madame Iacub. En effet ce livre ne tombe pas, mais pas du tout, dans la pornographie effrontée et vulgaire.
Je trouve aussi étrange cette prétendue « énorme jalousie » que Madame Iacub éprouverait à l’endroit de la femme de DSK. Où va-t-on chercher ça dans le texte « Belle et Bête » ? C’est Anne Sinclair qui l’appelle en premier, c’est elle qui lui offre de collaborer à sa revue, c’est elle qui la félicite d’avoir pris partie pour son mari, dans un premier livre. Alors !
Alors, mon autre surprise n’est pas tant la poursuite en justice de DSK contre Madame Iacub, qu’il accuse d’atteinte à sa vie privée, il y a belle lurette que sa vie n’est plus privée, on meurt quand on lit ça (il n’arrête pas de poursuivre à droite et à gauche tous ceux-là qui ne font que révéler ses frasques sexuelles), ni non plus dans la condamnation du Nouvel Obs, mais dans la réaction de cette revue : triste, molle, et qui renonce à « défendre sa thèse jusqu’au bout ». Que la revue renonce à aller en cours, bien lui en fasse. Mais qu’elle n’endosse plus son point de vue, (ce livre, une œuvre littéraire de qualité, une fiction bien amenée, un texte prudent...) ou, si mollement, cela me met mal à l’aise. Je suis surpris qu’elle se soit même soustrait à défendre sa position – et celle de Madame Iacub par la même occasion, pour moi il y avait un engagement moral vis à vis celle-ci qu’elle n’a pas respecté – et surtout, qu’elle ait déclaré l’avoir fait (son texte d’excuses auprès de son public) pour hausser ses ventes – ce serait donc pardonnable puisque le marché réagit ainsi devant les scandales mis à la « Une » -, et s’être trompée !
Avec ce trop mou, là, il y a un pas que je ne franchis pas, je suis peiné, voire choqué que le journal se soit soustrait à ses obligations d’une revue de « combat » (au sens large : combat social, combat politique, et ici, combat culturel). En fait je ne donne aucun tort – au départ - à la revue, je soutiens que le Nouvel Obs ne s’est pas trompé. C’est tout simple. Que le vieux se soit montré choqué passe encore, il est d’un autre temps – même si j’admire toujours ses éditoriaux – mais qu’il ait écrit un petit bas de page étonné, et étonnant dans ce cas - lors de la parution suivante de « sa » revue -, m’a attristé ; il se dit étonné, que l’on revienne sur le cas DSK, il le déclare comme une vieille dame offusquée de ne pas l’avoir vu avant, la « Une », et de ne pas avoir été consulté sans doute.
On dirait que la revue fait tout un plat de sa condamnation par la grande Instance de Paris (elle est sans doute encore aux abois des critiques « cruelles » de ses lecteurs, elle veut leur faire plaisir, et sans doute, rattraper ses ventes d’abonnés qu’elle risquait de perdre) ; mais voilà, c’est une bien triste histoire que tout cela, et à mon avis, le Nouvel Obs ne sort pas grandi. Cette rétractation est une « molle » affaire, une démission. Ses dirigeants, dans leurs excuses, ont été faibles, ils ont eu peur. Et quand je vois de plus que toute cette affaire, dans la « grande opinion publique », les media le rapportent ainsi, a fait de DSK une victime ! et l’a donc fait rebondir ! c’est un bien triste retournement.
L’œuvre littéraire ?
Quoi dire ?
J’aime bien l’incipit, nous entrons dans l’aventure avec un angle que nous n’attendions pas. DSK est direct, avec des mots qui claquent, qui surprennent. Iacub, un moment interloquée, sera séduite.
J’aime bien la métaphore du cochon, même si parfois on est un peu trop amené à se demander si vraiment... un cochon agirait ainsi. Le mot cochon revient sans doute « trop » à profusion, mais peu importe, ça avance... Alors qu’on ne se le demande pas dans le texte « La ferme des animaux », de Orwell, quand les cochons se déclarent « plus égaux que d’autres » dans la grande révolution sociale des animaux de la ferme qui se révoltent contre les hommes.
J’aime bien sa retenue, celle de l’auteur, qui, à travers les envies et agissements de son cochon, va laisser percer subtilement les côtés sombres du cochon dans la satisfaction de ses fantasmes sexuels, et dont elle présente, à travers de bien présupposées récitations, ses envolées donjuanesques.
J’aime bien ses descriptions de ce qui se passe dans « l’alcôve ». La bête, combien de fois ? se cabre, elle éructe, elle est en rut, et, finalement, elle tombe à la renverse (cela me faisait plutôt penser aux « lapins », pour rester dans la métaphore zoologique ; j’en ai eu et je les ai bien observés, faire l’amour à leurs lapines), elle est épuisée, elle est satisfaite... puis elle quitte sa proie (jamais plus de trois heures au total, ce qui laisse la « truie », sa truie, sa chose, comme elle l’écrit, en panne, en manque... amoureuse et toujours avide de recommencer... la bête sait y faire).
J’aime bien le « tu » qu’elle introduit en deuxième partie et qu’elle différencie du « cochon », ces deux êtres qui s’ignorent, - une image de cette double personnalité de DSK – mais pas totalement (DSK hait son homonyme, ou plutôt son alter ego, non, son autre « je », un « soi » plus vrai... ?). L’un est mou, prétendant vouloir donner son sang pour sa patrie (le discours sonne faux, plat, fade, ça, je l’avais déjà remarqué, qu’il était sans éclat, insipide, battu d’avance – pas de couilles, pas de « gots ») lors de la campagne contre Ségolène Royal : il ne veut pas se battre... ça ne l’intéresse tout simplement pas. Ce « tu », « l’homme DSK », oui, il est couilles molles en ce cas (paradoxal de parler de ses couilles pour dire son fait, alors qu’il en fait un usage immesuré dans la réalité) –, et l’autre bestialement aguerri, agressif, (il a des couilles de cochon, celui-là) vainqueur dynamique, entrepreneur actif, sûr de lui, ostensiblement sûr de lui, vainqueur à l’avance (« Y a-t-il des femmes baisables ici », quand DSK arrive à des congrès).
J’aime bien qu’elle ait pensé pouvoir raccorder ces deux personnalités, ou, ce qui est sans doute plus vrai, vouloir faire gagner le cochon DSK contre l’homme DSK, afin qu’il devienne vraiment l’homme qu’il aurait aimé être, un vrai homme de haut rang, de grande stature, celui attendu par tout un peuple ; et ce serait à travers la « littérature » qu’il pourrait accéder à ce statut, car DSK écrit bien, écrit-elle. Drôle quand même ! on n’imagine pas ce cochon écrire des textes littéraires ? Dommage en effet, mais comme le déclare DSK, « Ma vie a été une terrible erreur »
J’aime bien la métaphore du caniche DSK (drôle de bestiaire : cochon, truie caniche...). Entre les mains de celle qui aurait aimé être femme de président, il a été le jouet d’un jeu qu’il avait bien compris, mais qu’il ne pouvait pas éviter et surtout, qu’il ne pouvait quitter, qu’il ne maîtrisait pas. Le jeu en valait la chandelle. Les honneurs pour elle, les frasques sexuelles, ses amantes et ses putes, ses esclaves rabatteurs, pour lui.
J’aime bien que l’auteur se découvre aussi, - un des résultats de cette aventure – qu’elle se mette en scène, elle est sa « truie », ose-t-elle dire, parlant de ses envies à elle, de ses phantasmes, de son désir de rejoindre le cochon, sur le plancher (j’allais écrire des vaches), et se mettre à son niveau. Elle n’y était pas obligée, de se découvrir ainsi, elle se met en position de faiblesse, - elle est comme lui, aussi « bête » que lui, rien de moins, rien de plus - j’entends, au plan de sa vie qui s’étale devant le public, avide de découvrir cette autre bête, celle qu’elle a vue être repoussée dans ses derniers retranchements (plus personne ne voulait le voir, elle est seule à prendre sa défense, « la sainte » se croit-elle, il n’avait plus de public qui l’adore, il est fini). Dans ses derniers retranchements ? Oui, où est-il maintenant ? Je ne vois rien dans son regard qui laisse percevoir ce qu’il adviendra de lui ; l’homme DSK est fini politiquement, il ne lui reste que sa peau et ses os, encore gros – il n’a plus de femme, donc d’argent, il ne lui reste que ses conférences ; mais qui voudra encore l’entendre ? Il n’a même plus de crédibilité, lui, l’homme si puissant du Fonds Monétaire International, l’homme aux 500,000 $ de salaire annuel. Que vois-je dans cette photo ?
J’aime bien qu’elle se prenne pour la défenseure des cochons, pour une « sainte », pour « Voltaire » ; oui, elle est un peu tout cela. Se voulant une « truie », pour une aventure – elle est tombée dans le panneau de sa propre initiative, sans qu’elle l’ait vraiment voulu – elle se retrouve prise au piège de son phantasme, au piège d’un livre à écrire, au piège des exigences du public, au piège de DSK, sa chose. Femme écrivaine, mais aussi femme « truie », elle est aujourd’hui femme publique, on se désintéressera d’elle quand la flamme sera tombée. Pour moi, lecteur, elle a été un bon moment. Je n’aurais pas cru devoir, ou pouvoir en écrire autant, je me suis piégé. Fin !
Témoignages :
1/ Gérome Garcin, critique littéraire : « Dans l’Express, on dit que le Nouvel Obs est « prêt à tout pour vendre ». « Quand on traite d'un livre pareil, c'est évident qu'il y aura des réactions, dit Jérôme Garcin. Mais je ne pensais pas à tant d'excès. J'espérais que le débat resterait uniquement sur le terrain littéraire. » Dans Télérama...
2/ Eric Aeschimann, critique littéraire : « Quand les éditions Stock ont proposé à Jérôme Garcin ce texte de Marcela Iacub, on a découvert un grand livre, répond Eric Aeschimann. C'est une histoire qui aurait pu être légère, vulgaire, mais pas du tout. C'est un très grand livre, c'est un récit intimiste et une expérience intellectuelle."
"En montrant qu'il y a en Dominique Strauss-Kahn, et en somme en nous tous, une part de cochon, Marcela Iacub s'inscrit dans une tradition littéraire de métaphore animalière, ajoute Eric Aeschimann, qui va de Kafka, avec "la Métamorphose", à "Truisme" de Marie Darrieussecq, auquel on ne peut pas ne pas penser quand on lit ce livre. » Dans l’Obs
« J’étais amoureuse de l’être le plus méprisé du pays, le plus méprisé de la planète", écrit Iacub dans "Belle et Bête". L’histoire d’amour qu’elle a vécue pendant sept mois ne regarde qu’elle et l’homme qu’elle a aimé. Mais le récit qu’elle en fait possède une stupéfiante puissance littéraire ». Dans le Nouvel Obs.
3/ Dans un entretien avec Blanche Cerquiglini, spécialiste de l'autofiction, sur les rapports entre littérature et vie privée : « Si ce livre est encore lu dans dix ans ou à l’étranger, par des lecteurs qui ignoreront tout de DSK, Marcela Iacub aura gagné le pari de la littérature: ce sera un roman, et c’est tout; il n’y aura plus lieu d’en faire une analyse extra-littéraire ». Dans BibliObs.
4/ Dans un article de Eric Aeschimann... rapportant un extrait de son entrevue avec Madame Iacub : « La conversation avec Anne Sinclair a été fondamentale. Elle a été très gentille, mais j’ai compris à quel point elle est convaincue qu’elle et son mari – car je rappelle qu’ils n’ont toujours pas divorcé – appartiennent à la caste des maîtres du monde.
"Il n’y a aucun mal à se faire sucer par une femme de ménage"
Elle m’a dit la phrase que je rapporte dans le livre : "Il n’y a aucun mal à se faire sucer par une femme de ménage." J’ai failli lui répondre que sucer, ce n’est pas le travail d’une femme de ménage comme passer l’aspirateur, qu’il faut demander ce genre de choses à une pute, etc.
Mais, pour elle, le monde est séparé entre les maîtres et les serviteurs, entre les dominants et les dominés et c’est normal. Cela m’a un peu effrayée. Comme si on vivait dans la société de l’Ancien Régime ».
5/ Dans une autre entrevue du Nouvel Obs avec Madame Yacub... « Les étapes de la liaison, les lieux, les propos rapportés, tout est vrai. Pour les scènes sexuelles, j’ai été obligée de faire appel au merveilleux (Tant pis pour ceux qui voulaient se repaitre des détails croustillants, dans le livre). Mais si elles sont fausses sur un plan factuel, elles sont vraies sur un plan psychique, émotif, intellectuel.[…]
Le personnage principal est un être double, mi-homme mi-cochon […]. Ce qu’il y a de créatif, d’artistique chez Dominique Strauss-Kahn, de beau, appartient au cochon et non pas à l’homme. L’homme est affreux, le cochon est merveilleux même s’il est un cochon. C’est un artiste des égouts, un poète de l’abjection et de la saleté ».
6/ On peut rappeler (Voir) tout ce qui a été écrit dans le Nouvel Obs...
7/ Aucun regret pour Jean-Marc Roberts, patron des éditions Stock :
L’encart judiciaire accompagnant le livre, qui mentionne qu’il porte atteinte à la vie privée, n’a donc pas arrêté les lecteurs, pour la plus grande joie de Jean-Marc Roberts, le patron de la maison d’édition Stock. Sur les ondes de la radio RTL, il a affirmé n’avoir aucun regret. « À un moment donné, on s'est posé la question : peut-être qu'il ne faut pas le faire ce livre ? Elle (Marcela Iacub, ndlr.) ne voulait plus le faire non plus. Et puis tout à coup, la version quatre, je crois, est arrivée, un texte qui ne ressemblait pas aux autres ; et c'est là-dessus que l'on a encore travaillé, qu'elle a travaillé », explique-t-il. En revanche, il rejette l’accusation d’amoralité suscitée par l’ouvrage : « Je trouve que la morale aujourd'hui veut être imposée par les médias. Et c'est ça qui est complètement, mais complètement amoral ! »
8/ Delphine Perez, dans le Parisien : « Qu'y-a-t-il réellement dans « ce brûlot » ? En tant que lecteur, l'expérience est étonnante. On est frappé par la pugnacité du style, bousculé par les métaphores délirantes que la juriste-philosophe utilise. Mais on rit beaucoup aussi de tant d'audace et d'originalité. En clair, on s'en paye une bonne tranche. De cochon »?
9/ Témoignage précurseur... (Tristane Banon), lors de la parution de son livre Le Bal des hypocrites, récit de "l'autre affaire DSK", sorti au Diable Vauvert. Témoignage publié dans L’Express : « Dans cette histoire, tout se mélange, les bons et les mauvais, les anciens et les nouveaux, les présents et les absents..." Cette phrase du livre n'est pas en exergue mais aurait pu y figurer.
Quant à la dernière, elle résume l'intention de l'auteur, comme la boucle sans fin d'un CD détraqué: "Et puisque je ne peux pas parler, je vais écrire."
Cet objet volant captivant est à la fois un journal et un récit. Celui d'une femme jetée dans la tourmente médiatique. Victime d'une agression - désormais reconnue - et d'une notoriété trop coûteuse. D'une injustice permanente. D'une société déshumanisée. Et bien sûr des hypocrites - qui mènent toujours le bal. "Seule l'élite savait tenir sa langue."
Dans ce livre, les inconnus déballent leur pédigrée, les stratèges évitent les mots justes, les journalistes veulent "savoir sans jamais faire savoir" et mettent "la vérité entre parenthèses ».
Certains seront déçus: DSK n'est pas le héros de ce roman vécu. Tristane Banon invente un nouveau genre de personnage, à la fois secondaire et omniprésent - quelque part entre les lignes. Elle l'appelle "L'homme du 15 mai." Plus souvent "l'homme-babouin". Parfois, on a l'impression de lire La ferme des animaux, de George Orwell: "Il est 9 h et on parle du babouin à la télévision. (...) C'est lui qui redressera le pays. (...) Merveilleux babouin."
C'est l'une des bonnes surprises du Bal des hypocrites. La victime a de l'humour: "Même quand la vie s'arrête, il faut sortir le chien."
10/ Dans le Monde des Livres, de Julie Clarini : « L'enfant de Buenos Aires, fille d'un avocat et d'une femme d'affaires, arrière-petite-fille de rabbin, a connu la dictature des généraux et vu ses parents brûler leurs livres pour échapper aux contrôles de l'armée. Elle a étudié le droit, est devenue avocate dans la capitale argentine, puis s'est installée en France en 1989, à 25 ans. La vieille démocratie l'oblige : au pays des Lumières, elle se donne pour mission d'assumer la liberté de ce qu'elle pense et, mieux encore, de penser a contrario des autres. Une jouissance du paradoxe aiguisée par ce curieux mélange qu'elle porte en elle.
La liberté est son obsession. Elle dénonce les formes de la bêtise humaine que sont l'autoritarisme, le paternalisme, le moralisme. » Mais...
11/ ...dans le Monde des Livres, de Jean Birnbaum : « Hélas, aujourd'hui, la pudeur semble loin. Cette chercheuse de grand talent, esprit corrosif et audacieux, paraît s'être égarée : chez elle, désormais, le goût de la transgression autorise le pire, et la quête de liberté tourne à la manipulation. Le Monde des livres consacrait alors un dossier de deux pages à l'affaire Iacub-DSK. « Nous ne le faisons pas à la légère », écrivait le Journal, car pour lui, la machine médiatique, mise en marche suite à la parution du livre (et la concurrence effrontée entre les Media pour discuter –mettre à mal, ou mettre à bien – de ce livre) « met en cause la promesse attachée au nom de littérature. Or, nous ne pouvons nous résoudre à ce que ce nom devienne synonyme de pure trahison ».
12/ Une critique acerbe de LIRE... : « Très original: dans La Ferme des animaux, publié voilà soixante-dix ans, George Orwell décrivait déjà le régime soviétique sous les traits d'une bande de cochons sans foi ni loi...
A dire vrai, plutôt qu'à La Ferme des animaux, c'est à La Ferme Célébrités que fait songer cette autofiction ».
13/ Le Monde des Livres critique sévèrement Madame Iacub : « « Belle et Bête », texte zoophile. Le petit livre de Marcela Iacub est un texte pornographique à tendance zoophile. S'il fallait ranger Belle et Bête dans un genre littéraire, ce serait celui du conte ou de la fable, genre qu'affectionnent les zoophiles. Et s'il fallait être plus précis, on pourrait dire que les 120 pages du livre évoquent ces réécritures contemporaines des Contes de Perrault auxquelles s'étaient livrées Catherine Millet, Christine Angot ou encore Marie Darrieussecq.
Cette chercheuse de grand talent, esprit corrosif et audacieux, paraît s'être égarée : chez elle, désormais, le goût de la transgression autorise le pire, et la quête de liberté tourne à la manipulation. Nous autres, ses lecteurs, ignorons les raisons d'un tel fourvoiement. Mais nous savons parfaitement ce que nous avons perdu ».
Jean Birnbaum
14/ Je termine avec cet article (extrait) de Jérome Garcin, le premier qui a fait une critique de ce livre. Paru dans le Nouvel Obs : « Certains, choqués, se demanderont si c'est de l'art ou du cochon. Il faudra bien qu'ils se rendent à l'évidence: c'est de l'art et du cochon.
Son livre, qui fera date et scandale, n'est donc pas une pièce supplémentaire versée au procès dont le visiteur du Sofitel et du Carlton est l'accusé ad vitam aeternam, c'est une fable noire ajoutée à la littérature de l'effroi, du cauchemar et de la bestialité - de «la Métamorphose», de Kafka, à «Truismes», le roman de Marie Darrieussecq où, dans un monde répressif régi par l'Ordre nouveau, une parfumeuse se transformait en truie, en énorme crépinette.
Ici, une femme, qui est la cible des féministes, et une végétarienne, qui a fait de la protection des porcs sa vocation, a une aventure avec un cochon, grand consommateur de laiderons et, à l'en croire, même pas violeur. Si l'homme la dégoûte, parce qu'il est machiste, vulgaire, hypocrite, mesquin et enchaîné servilement à son épouse, au contraire le verrat l'attire. Elle aime en lui le réprouvé, le méprisé, le détesté. Elle aime que cet animal répugnant lui permette de ne plus être une «humaine véritable», qu'il lui révèle «à quel point c'est beau d'être une truie dans le rêve interminable d'un porc».
Rien que pour ça, Marcela Iacub va se faire lyncher. Mais elle s'en fout, son livre seul parle pour elle. C'est la preuve que la théoricienne est vraiment devenue écrivain ».
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Je réécris mon introduction...
Marcela Iacub montre DSK comme le poète de la récitation, un cochon !?
Nulle part, dans les critiques je n’ai lu un texte qui rapportait ce fait : « le récitataire DSK ». Curieux non ? Je trouve personnellement que cela valait un point. DSK, sait réciter. QUOI ? Je ne sais pas, mais, « des mots », certainement, des mots qui accrochent, qui, à l’oreille (il n’est pas nécessaire de la manger), convainquent, séduisent, autorisent tous les actes (il n’est pas nécessaire d’agresser), pudiques ou non, pervers et sataniques, grandioses ou « cochons », c’est du pareil au même. DSK sait « dire » ; il sait aussi écrire, raconte Madame Iacub. « Écrire pour dire », encore et encore ; on a, depuis l’affaire du Sofitel, cru que DSK n’était qu’un violent du corps, peut-être est-il aussi un violent du « dire » ! Je répète, il n’est pas nécessaire pour cela d’entrer « dedans », de la « huiler », ni même d’arracher cette oreille « attentive », soumise, prête, disponible, « consentante » (puisqu’elle en demande, la truie, elle jouit). « Récitation et Oreille » sont, me semble-t-il, deux mots clés dans cette sublime histoire-rencontre-d’amour entre Iacub et DSK. Madame Iacub ne déclarait-elle pas au Nouvel Obs : « Je suis persuadée que la domination masculine se transmet surtout par des voies douces ». Voilà, je termine avec ça !