Pédophilie : France 2 brise le tabou

Publié le 10 avril 2013 par Beaguillart

France 2 diffuse ce soir Le Silence des églises sur le thème difficile de la pédophilie dans le milieu religieux. Une fiction coup-de-poing dont l'écriture a nécessité un an d'enquête, réalisée par Edwin Baily et magistralement interprétée par Robin Renucci et Robinson Stévenin.

« J'ai rencontré beaucoup de gens. J'ai lu aussiGolias, une revue de croyants progressistes. Le film est notamment basé sur les témoignages de Franck et Marc, deux victimes qui m'ont aidé à comprendre la difficulté à se reconstruire après ce type d'agression. Même si c'est une fiction, je ne me sentais pas le droit d'inventer. Tout ce qui est raconté a donc été vécu. La seule chose qui relève du fantasme, c'est la rencontre de la victime avec son prédateur », explique Thierry Debroux, le scénariste.


Le sujet de la pédophilie au sein de l'Église, traité seulement pour la deuxième fois à la télévision - la série Louis Page avait diffusé un épisode sur ce thème en 2004 - a nécessité beaucoup de subtilité de la part du scénariste. « Nous voulions être dans la suggestion, ne jamais rien montrer de sordide. Par contre, j'ai voulu tout évoquer, même ce qui pouvait paraître troublant, comme le mélange de plaisir et de dégoût que peuvent ressentir les victimes », poursuit Thierry Debroux. 
Le travail des comédiens pendant le tournage n'a pas été évident non plus, comme l'explique Robin Renucci : « J'étais très préoccupé par l'enfant qui joue avec moi. Je voulais être sûr qu'il comprenne bien la fiction et que l'on ne lui vole rien de sa vérité d'enfant. Concernant mon personnage, la facilité aurait été d'en faire un monstre, mais sa réalité m'intéressait davantage. C'est un séducteur, un manipulateur subtil ». Pour chacun, cette fiction a eu valeur d'engagement. 
« J'essaie de faire des films qui permettent de donner une conscience sur des sujets souvent érodés par des visions parcellaires. Celui-ci m'a offert une vraie responsabilité artistique et citoyenne », poursuit le comédien. Un avis partagé par le scénariste : « C'était plus qu'un film : une mission, un acte politique. Cette fiction peut aider les gens à parler ou à se protéger ». Pour que la parole se libère effectivement, le téléfilm sera suivi par un débat animé par Benoît Duquesne.
À savoir
Le Silence des églises a reçu trois prix au Festival des créations télévisuelles de Luchon en septembre dernier : le prix du public de la meilleure fiction unitaire, le prix du meilleur scénario (Thierry Debroux) et le prix de la meilleure musique originale (Stéphane Moucha).

Source : tvmag.lefigaro