Amis lecteurs, une grave question a agité ces derniers temps le landerneau atramentien :
à choisir vous préférez un livre très bien écrit mais dont l’histoire est inintéressante ou lire un livre dont le style est pas terrible mais l’histoire passionnante ?
To be or not to be, that’s the question comme dirait l’omelette.
note : le vocable « Atramentien » vient du site de littérature libre « Atramenta« , où je publie mes textes. (Lecture gratuite)
Voici ce que j’écrivais en réaction à des auteurs qui prônent la prééminence du style sur le fond :
« Je pense qu’il est plus facile de reproduire un style, personnel, reconnaissable entre tous quand on écrit des histoires proche de ses ruminations, de ses états d’esprit. La narration par le « je » induit aussi ce genre de phénomène.
Or je vise à écrire des histoires distrayantes, qui font évader le lecteur de son monde pas pour le plonger dans le mien mais bien dans d’autres mondes que j’ai plaisir à conter.
Dans la plupart de mes textes, je m’inscris plus dans la veine des Stevenson, Arturo Perez Reverte, Tolkien, Dumas, Verne, Barjavel, etc, toutes proportions gardées (je suis loin d’atteindre leurs doigts de pied). Des auteurs qui m’ont fait rêver et dont on ne perçoit pas particulièrement en tant que lecteur l’univers, on va dire, egotique (sans que ce soit péjoratif). Leur style n’est pas à proprement parler renversant non plus, enfin il me semble, dites moi si je me trompe. A la rigueur, on ne le remarque pas, et c’est très bien comme ça pour moi.
Dans mes histoires (la plupart), je ne cherche pas la vibration Celine, Dostoievski, Djian… Une vibration plus centrée sur les tripes de l’écrivain. Ce qui ne veut pas dire que je n’apprécie pas Dosto mais disons que voilà, c’est mon choix.
Je ne conçois pas d’écrire un texte, surtout un roman, sur une histoire qui ne soit pas un brin originale et surtout qui n’a pas pour but de distraire le lecteur, le divertir, le faire vibrer, le surprendre, le choquer, etc.
Parce que c’est ce que j’aime lire ! Et que je pense que le lecteur s’en fout des mes obsessions comme je me fiche de connaître les obsessions d’Arthur C. Clark qui a écrit « 2001 Odyssée de l’espace ».
A la rigueur, le style, du moment que c’est écrit correctement, ça me va et pour prolonger, je dirais qu’à la lecture, plus le style est simple, sans fioritures, plus ça me va.
Bon, Vinci disait un truc du genre : « La simplicité est la sophistication suprême » (oh purée ça fait pompeux)
Je dirais pour paraphraser : « la transparence est la sophistication suprême. »
Je dois dire à part ça que j’adore Houellebecq, mais j’entends souvent qu’on lui fait des reproches sur son style soi-disant « plat ». Personnellement, je ne le trouve pas plat. et de toute manière, il est original. En fait, je l’aime parce qu’aussi bien sur le fond comme sur la forme, il peut prétendre à l’excellence.
Toutefois, je dois dire qu’il y a un genre de texte où je soigne particulièrement la forme et les « formes », ce sont (paradoxalement pour certains) les textes érotiques.
Les textes érotiques doivent faire vibrer, stimuler la lectrice, le lecteur, les enchanter, les enivrer. L’histoire par contre en devient secondaire, même si une bonne histoire avec suspense psychologique peut engendrer une tension sexuelle certaine. Il est donc clair que mes histoires érotiques, je ne les bâcle pas, au contraire, j’essaie d’être vigilant sur le choix des mots, le rythme, les sonorités suggestives parfois aussi .
Je pense que les nouvelles où mon style est le plus aboutis sont : Un train d’enfer, Bouche cousue. XXX-files n’est pas mal non plus. Bref. Et Le couvent des envie, damned. Et… )
Toutefois, on remarquera qu’il est plus facile de soigner la forme sur des textes courts. Pour un roman, la tâche s’avérerait herculéenne et même pas forcément intéressante pour le lecteur. Car l’écriture doit être naturelle, avancer sans complexe dans l’histoire, sans doute plus relâchée, c’est mon avis.
Et c’est là que se pose une question intéressante (bon là vous pouvez décrocher ^^), quand j’écris mon roman de Science-Fiction « 3066 Lamia » avec des passages fortement érotiques, il y a un difficile équilibre à trouver.
Car l’histoire de SF tient le lecteur en haleine (du moins je me l’imagine comme tel) et se suffit presque à elle-même. Et les passages érotiques entraîne au niveau de la perception du temps, une sorte de focalisation sur le moindre des gestes, des détails, une dilatation du temps, ce n’est pas du tout le même rythme de narration. Et le soin accordé aux mots, n’est pas le même non plus, mais c’est passionnant à écrire et j’espère à lire ^^ :
3066 Lamia
Ce débat (assez virulent, hé oui on aime s’écharper pour des fadaises si on y songe bien) a rejoint à un certain moment, une interrogation sur l’acte d’écrire : Ecrit-on pour soi avant tout dans un élan narcissique ou pense-t-on au plaisir du lecteur ?
Voici ma réponse :
« »Quand vous faites la cuisine, c’est pour vos invités ou pour vous ? Le plaisir qu’on en tire vient du plaisir des invités… aussi… pareil quand on fait un massage ou quand on fait l’amour… bien sûr on a du plaisir à écrire (heureusement !) mais penser au plaisir du lecteur, c’est une intention dans l’écriture, une intention vers l’autre, une connexion imaginaire peut-être.
Est ce que Tolkien quand il écrit « Le seigneur des anneaux » a une écriture centrée sur la forme, le « je » ?
Bref à chacun sa recherche.
Personnellement je préfère lire une histoire avec de l’imagination style Bernard Werber qu’un bel exercice de style qui ne m’apporte rien en terme d’histoire. »
Et vous chères lectrices, chers lecteurs, que pensez-vous de tout ça ? Qu’aimez-vous lire en fait ?
Et j’allais oublier : Bonne année 2013, une bonne santé et de bonnes lectures, car elles peuvent soigner de bien des « maux ».
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