Le football français est-il homophobe ?

A l'heure où nous parlons, s'il y a bien un sujet qui domine l'espace public, c'est celui qui concerne l'homophobie, et les homosexuels. Adoption, mariage, PMA et GPA sont autant de sujets qui ne seront pas abordés dans cet article, mais il faut reconnaître que le débat, poussé par les revendications et les plaintes de tous contre tous, s'est vite propagé à l'ensemble de la société française. Je ne pensais pas que cette discussion déborderait sur le football, mais si, c'est ce qui s'est passé, avec une étude menée par le Paris Foot Gay évoquant le rapport à l'homosexualité chez les footballeurs, professionnels et aspirants. Les résultats de cette étude ont ensuite fait les choux gras de la presse, qui a trouvé là une nouvelle polémique à faire éclater, mais dans quel but précisément ?

Premièrement, il y a les faits, relatés par cette étude. Ces faits, les voilà : 50% des jeunes en centre de formation ont « exprimé des opinions hostiles à l’homosexualité », 55% de ces jeunes ont avoué qu’ils auraient « peur » de se doucher avec un coéquipier homosexuel, et 15% des professionnels préfèreraient qu’un coéquipier homosexuel quitte leur club, d’après les informations relayées par le journal 20 Minutes. La première chose qui est frappante, c’est que pour tout sondage, test ou enquête, les journaux prennent d’habitude des précautions, parlent au conditionnel, et précisent bien qu’ils parlent d’après l’étude. Et bien, là, cette enquête semble être parole d’Evangile puisque cette enquête n’a pas ou peu été contestée, ni précisée, personne ne sait où et quand cette enquête a été menée, on en connait juste le commanditaire, qui est le Paris Foot Gay, qui n’est évidemment pas un œil objectif dans cette affaire. De plus, on peut se poser des questions quant aux interrogations qui ont été posées. le choix du mot "peur" et "opinions hostiles" sont en même temps vagues, mais suffisamment précis pour faire passer un message. A partir de quand une opinion est-elle considérée comme hostile ?

Le problème des joueurs qui se disent gênés au sujet de prendre une douche avec un camarade homosexuel est compréhensible, si cela pose problème, il faut l'admettre, et tirer des conclusions hâtives sur les mentalités dans le football français est idiot. Quand un problème touche à l'intimité d'un individu, qui peut se permettre de dire: "Penser cela est interdit, ou doit être sanctionné !" ? Ou alors, on pousse l'idée jusqu'au bout, et on explique que séparer les hommes et les femmes dans les vestiaires, c'est du sexisme ? L'homophobie n'a rien à voir là dedans, cela semble pourtant évident.

En plus, quand on fait un point sur la situation actuelle, on constate qu'elle est la plus simple pour tout le monde: Si un joueur est homosexuel, dans l'état actuel des choses, il aura tendance à le garder pour lui. Dans ce contexte, il n'y aura donc aucun souci avec ses partenaires, il ne sera victime d'aucune discrimination... Si on fait un parallèle avec la religion, la laïcité est bénéfique pour les mêmes raisons. Avec la discrétion, et la vie privée, on vit mieux ensemble, et discrimination et violences sont le plus souvent évitées.

Dans les tribunes, le problème est différent. Je ne pense pas que l'homophobie y soit spécialement développée, pas plus que dans le reste de notre société, mais le principe est simple. Un mec est dans ton club de coeur, tu l'aime et l'encourages, il est en face, tu l'insultes. Exacerbée par le football, la passion a rendu ce mécanisme systématique, sans que l'on ne puisse en déduire que les supporters sont homophobes, ce serait faire un raccourci trop rapide. Oui, on peut alors se plaindre des insultes, qui sont à caractère homophobe. Mais cela fait partie d'un langage qui évoluera avec le temps. Si on pense que tous ceux qui ont traité un autre de "pédé" sont homophobes, on n'est pas prêt d'avancer, d'autant que pendant ce combat très peu utile, la vraie homophobie demeure présente.

Mais cette étude, qui profite de l'hypermédiatisation de la lutte entre pro et anti homos n'est qu'une des deux choses auxquelles je veux m'attaquer, et pas la plus grave. Certes, il peut y avoir des homosexuels qui souffrent dans le football, et ils ont raison de le dire. Ce qui me gène vraiment , c'est que l'on tape encore une fois sur le football, toujours avec la même vigueur et le même ressenti incompréhensible. Que vous ont fait les footballeurs messieurs les journalistes ? La réponse est qu'ils font vendre, et encore plus lors de ce genre de polémiques, idéales pour écouler quelques tirages. donc on envoie, on dit que les footballeurs sont homophobes, qu'ils devraient avoir honte, et on entame le traditionnel discours: "rien dans la cervelle ces footeux, en plus ils sont trop payés, en plus ils n'ont aucune éducation, ce sont des racailles, etc". Encore une occasion de dénigrer le sport le plus populaire du monde, qui fait vivre des moments uniques à ceux qui le chérissent, rendant peut-être un peu jaloux ceux qui le haïssent ou préfèrent d'autres disciplines.

La transition est trop belle, parlons des autres sports ! Je voudrais, si quelqu'un a déjà évoqué le football auprès de rugbymen sans entendre dire que c'était "un sport de tapettes !" que cette personne me le dise immédiatement dans les commentaires en dessous de cet article. Pour autant, le rugby est il un milieu homophobe ? La question ne se pose même pas, Evidemment on en parle moins, taper sur le foot c'est mieux, quand on a trouvé un bon filon, c'est bien idiot de creuser à côté...

Je vais me répéter, car j'ai tenu les mêmes propos quand on disait que le foot était un milieu raciste. C'est un reflet de la société. Mettez 30.000 personnes en tribunes, forcément il y a de tout. Des racistes, des homophobes, mais aussi des homosexuels...On ne peut pas généraliser, et cracher sur autant de personnes à cause d'actes isolés et d'une seule enquête assez critiquable dans l'interprétatoin des résultats. Et ce que beaucoup ne voient pas, c'est qu'au contraire, par le football, ces gens se rassemblent derrière un même objectif, rient ensemble, pleurent ensemble... quand lors d'un but, pris dans une joie indescriptible, vous sautez dans les bras d'un parfait inconnu, il n'y a ni homos, ni hétéros, ni noirs ,ni blancs, ni quoi que ce soit. Il y a des gens unis pour un même but. On peut penser que le foot a le pouvoir de rassembler, et en avoir fait l'expérience, ou bien penser que le football serait une sorte de concentré de ce qu'il y a de pire dans une société, faites comme vous voulez, moi j'ai choisi mon camp.

T.P.

Cet article ne se veut absolument pas politique, je cherchais juste par ces quelques lignes à défendre le football, qui est systématiquement attaqué de toutes parts. le débat reste ouvert, n'hésitez pas à commenter ce billet pour me faire part de vos critiques, que je lirai avec beaucoup d'intérêt.